• Chapitre 10

    Point de vue d'Ethan:

    Je n'en reviens pas. Anna a bu et maintenant elle tient à peine debout. Je suis assez agacé par son comportement. Je la croyais responsable mais je l'ai bien surestimée. Voilà! Il suffit que je la quitte des yeux quelques instants pour parler à sa copine Mathilda pour qu'elle fasse n'importe quoi! Anna finira par me rendre fou même si je crois que c'est déjà le cas ce soir. 

    Inconsciemment, je remercie cette dinde de Beverley de me l'avoir amenée. Elle s'attendait à ce que je me montre sévère avec Anna mais j'en suis incapable. J'ai beau avoir le même âge qu'Anna, je n'arrive pas à la voir autrement que comme une petite soeur. 

    Je vous laisse imaginer combien j'étais furieux quand j'ai appris que Léo l'avait choisie comme pion. Il pouvait se permettre de choisir n'importe qui. N'importe qui sauf elle! Anna n'a pas les épaules pour faire partie du jeu. Elle est trop innocente et fragile et je ne le sais que trop bien. J'ai longtemps cherché un moyen de la protéger au maximum et je pense que j'ai finalement trouvé une solution. Je suis loin d'être un mec qui réfléchi beaucoup mais là, ce problème m'avait plusieurs fois empêché de trouver le sommeil. J'avais établi un plan de surveillance d'Anna et j'espérais qu'il marcherait.

    Elle s'appuie contre moi pour marcher. Je crois qu'il est raisonnable qu'elle dorme. Je n'en reviens toujours pas. Elle n'a pas dû boire beaucoup mais ce trouve déjà dans cet état. J'ai dû boire au moins cinq verres depuis mon arrivée et je me porte très bien. Normalement, trouver une chambre de libre ne devrait pas être trop compliqué car les invités ont interdiction de monter dans les chambres de la maison de Nathan. Voyons... Pas la chambre de ses parents... ni la sienne... Je vais jusqu'à une chambre d'amis.

    Je l'ouvre, toujours en tenant Anna. J'ai l'impression que si je la lâche elle va tomber. Je m'arrête, pétrifié de surprise. La chambre n'est pas déserte comme je le pensais. 

    "Robin!!!"

    Qu'est-ce qu'il fiche ici?! Il sait très bien qu'il n'a pas le droit le venir ici. Il sait aussi parfaitement qu'il est censé surveiller les pions de son cousin. D'ailleurs... Il était censé surveiller Anna! Je lui hurle dessus, l'insultant un peu de n'importe quoi. Je ne sais même pas si les insultes que je lui aboie dessus existe. Oh et puis après tout je m'en fiche ! Mais ce qui m'énerve le plus c'est que ce sale gamin n'est pas seul mais en charmante compagnie. Nus comme des vers, juste avec la couverture sur eux, je continue d'hurler à la fois sur Robin mais aussi sur la demoiselle qui l'accompagne. Demoiselle qui est un pion. Demoiselle qui est un de mes pions! Elle n'aura pas fait une grande aventure, cette Nolwenn. A peine les jeux commencé, elle perd et, en plus, elle a eu la bien mauvaise idée de se laisser dans les bras d'un mec qui n'est pas un joueur. Bien essayé pour échapper au jeu mais les règles ne le permettent pas. J'en informerais les autres joueurs plus tard. Cette fille peut dire adieu à toute marque de respect au lycée. Sa vie, tant qu'elle restera dans le secteur est fichue.

    "Rhabillez-vous et sortez!"

    Mon ton ne laisse aucune place à la discussion.  Je referme la porte pour les laisser se vêtir.  Pendant ce temps, je regarde Anna. Elle n'a pas l'air si mal que cela en fin de compte. Elle aussi est surprise par ce qu'on vient de voir. Oh, ça arrive peu souvent mais il est vrai que c'est gênant de surprendre deux personnes dans cette situation. Personne n'a donc appris à Robin à fermer une porte? Je devrais lui en vouloir d'avoir coucher avec un de mes pions mais je m'en fiche. Cette année, je n'ai pas désigné mes pions par intérêt. Enfin si, un peu pour Mathilda mais, elle, je l'ai choisie dans l'unique but qu'elle puisse rester proche d'Anna et qu'elle la surveille quand, moi, je ne le pourrais pas. Quant à Nolwenn, je l'ai choisie juste parce qu'il me fallait un pion. Je ne savais pas qui prendre alors j'ai laissé le hasard décidé. Qu'elle ne fasse plus partie du jeu me laisse indifférent. Je pourrais toujours prendre le bracelet de mon autre pion et tenter également de séduire ceux des autres. Ce n'est pas un problème. 

    Je frappe à la porte et demande si je peux entrer. Je ne tiens pas à voir l'un des deux nu. Robin vient m'ouvrir la porte.

    "M'en veux pas, mec. Elle m'a chauffé et j'ai pas résisté.

    -Oui, oui. Sortez. 

    Robin obéit suivi de mon ancien pion. Je prend la clef que je garde toujours sur moi et qui me sert à ouvrir les bracelets des pions. Sans ménagement, j'attrape le poignet de Nolwenn et lui enlève mon bracelet que je passe à Robin.

    -Tu me feras le plaisir de jeter ça quand tu verras une poubelle. 

    Il sourit pensant que je vais le laisser s'en tirer aussi facilement. 

    -Oh et je suis certain que ton cousin sera ravi d'apprendre la manière dont tu surveilles avec attention ses pions. "

    Le temps qui je m'adresse à lui, Nolwenn s'est éclipsée. Elle a sans doute raison car je suis plutôt d'une humeur massacrante. Robin semble inquiet un court instant mais se reprend. Il me défit du regard. Que croit-il? Qu'il peut sans doute se mesurer à moi? Ce gamin n'est rien. Si je veux lui péter la gueule, je le fais sans problème et il le sait alors il préfère se montrer prudent. Il pourra se permettre toute les excentricité et pourra jouer les durs l'an prochain, quand il sera joueur. 

    Robin pose son regard sur Anna. Il grimace un peu sans doute car il se rend compte de son erreur. 

    "Elle a bu combien de verre pour vaciller comme ça? 

    -Un ou deux au maximum."

    La tête qu'il fait m'apprend qu'il ne me croit pas . Et pourtant c'est la vérité. 

    "Sers à quelque chose d'utile, va changer les draps."

    Je ne vais tout de même pas faire dormir Anna, qui somnole déjà près de moi, dormir dans un lit que cet imbécile à souillé un peu plus tôt avec une fille. Robin obéit bien sagement à mon ordre. Il a compris qu'il ne valait mieux pas pour lui me contredire. 

    Anna est lourde! Tout à l'heure, elle était plus légère mais elle se laisse de plus en plus tomber sur moi. Autant la porter sur mon dos ou dans mes bras, parce que là, elle va finir par me défoncer l'épaule à s'appuyer comme elle le fait. 

    Je presse Robin de se dépêcher de changer les draps. On dirait une poule qui a trouver un cure-dents. Dans un autre contexte, j'aurais sans doute ri de la voir s'agiter avec le drap propre sans pour autant réussir à le mettre. Ce n'était pourtant pas si compliqué. 

    Quand enfin le malheureux en finit avec le drap, je le vire de la chambre sans ménagement tandis qu'il proteste. J'oblige Anna à se coucher tandis qu'elle proteste. 

    "Tu dois te reposer. Dors un peu.

    -Mais je n'ai pas envie, moi! 

    Elle se lève et je soupire. Avez-vous déjà essayer de raisonner une personne qui a bu? C'est rarement simple. 

    -Bon écoute, tu ne veux pas dormir, ok. Mais tu vas te reposer là. Tu tiens à peine debout et je ne veux pas prendre le risque qu'il t'arrive quelque chose. "

    Sans un mot de plus et sans écouter ses protestations, je sors de la chambre que je ferme à clef derrière moi. C'est radical mais au moins, elle ne sortira pas et personne ne risque de venir l'embêter. Je reviendrais la chercher quand je partirais. Il faut que je la ramène avant que ses parents ne se réveillent. J'ai encore pas mal de temps devant moi pour m'amuser.

    Les jeux sont lancés mais je n'ai pas spécialement envie de tenter de me rapprocher d'un des pions ce soir. Les premiers jours, ce sont toujours des teignes qui font la sourde oreille. On ne peut rien en tirer. Elles n'ont pas confiance et le montre bien. C'est agaçant. Si Byron et Léo se jettent chaque année dans le bain dès le premier soir, moi, je préfère attendre quelques jours. Ils obtiennent d'ailleurs rarement le fruit d'un quelconque résultat alors que,moi, comme je leur parais plus distant, moins intéressé, elle se méfient moins. Et c'est là que je frappe. Sans vouloir me venter, ma méthode marche plutôt bien. Voir même très bien.

    Je redescend au coeur de la fête. Je n'ai pas eu vraiment le temps de m'amuser depuis son début. Entre surveiller Anna, trouver cette hystérique de Mathilda pour lui mettre mon bracelet. 

    J'avais fait un coup de maître d'ailleurs. Elle n'avait rien vu venir. Heureusement pour moi. Je l'ai prise par surprise et cela m'a évité de me prendre une claque ou qu'elle ne m'échappe bêtement. 

    Puis, il y avait l'annonce des joueurs, de nos pions et de nos apprentis. Si vous saviez comme j'aime ce moment! Tout le monde a les yeux rivés sur vous et vous acclame. Vous vous sentez forcément fier et puissant. C'est un sentiment que j'adore. Me sentir supérieur aux autres. C'est peut-être pour cela  que j'adore Anna depuis tout petit. Vu qu'elle est assez fragile, quand je la protège, je me sens fort. C'est un drôle de constat mais je suppose que c'est aussi en parti pourquoi je tiens à elle. Il y a bien sûr d'autres arguments expliquant mon amitié si longue et si forte avec Anna.

    Ensuite, il fallait qu'on explique aux pions les règles du jeu. C'est important de bien leur expliquer. Il faut qu'elle comprenne bien qu'elles n'ont pas le choix et que c'est nous qui menons la danse et non elle. Les pions ne peuvent pas nous échapper éternellement et nous le savons. Je le sais en tout cas. Tôt ou tard, elles cèdent, une à une. C'est là que le jeu devient une compétition. On a l'adrénaline et l'esprit de concurrence qui s'éveillent. Oui mais cette année, il y avait Anna. 

    D'habitude, les pions, je n'y accordent aucune importance. Le résultat doit juste apparaître, il faut qu'elles tombent dans mes bras. Après, ce qu'elles deviennent, ce n'est pas mon soucis. Si elles sont tristes, ce n'est pas un sujet dont je me préoccupe. Mais cette année c'est différent. Je ne veux pas qu'Anna souffre. Et elle souffrira, c'est certain. Je le sais. Mon but n'est pas qu'elle ne souffre pas, mon but est de faire en sorte qu'elle souffre le moins possible de ce jeu.

    A l'heure qu'il est, je ne sais pas si elle pourrait succomber au charme d'un de nous et se laisser berner. Je pense que c'est possible si elle n'est pas bien surveillée et entourée. Des filles plus malignes qu'elle se sont laisser avoir avec la naïveté qu'on ressentait quelque chose pour elles. Je ne souhaite pas qu'il arrive la même chose à Anna. Je l'ai déjà mise en garde et je recommencerais pour être certain qu'elle reste sans cesse sur ses gardes. 

    Je devrais arrêter de me torturer l'esprit pour elle pour me concentrer un peu plus sur moi. Pour le moment, je laisse Anna de côté, elle ne risque rien alors je n'ai pas à m'en faire. 

    Je laisse mon corps être guidé par la musique électrique et dynamique sortant des enceinte du salon. Je me joint parfaitement à la foule de lycéen qui danse en criant et s'amusant. Je les imite. Je n'hésite pas à me rapprocher de certaines filles que je repère et que je trouve physiquement pas mal. 

    Alors que je danse avec une fille de manière assez proche, je sens un liquide glacé alcoolique se déversé sur moi. La fille rit, elle est un peu bourrée et se fiche de moi. Je me retourne pour découvrir l'auteur de cette mauvaise plaisanterie. Ou plutôt l'auteure.

    "Mathilda?! Qu'est-ce que tu fous?! Tu trouves ça amusant? 

    Je dois être assez peu crédible trempé comme je le suis. 

    -Je te trouve pathétique. Tu n'as pas assez de choix dans les pions? Tu dois aussi draguer tout ce qui porte une jupe?

    Je grince des dents. J'aimerais bien lui en coller une à cette fille. Je le ferais probablement un jour. 

    -Ce que je fais ne te regarde pas. Ce que tu fais me regarde à présent. Alors sois gentille et réfléchi à ton intérêt. Je ne m'occupe pas assez de toi pour le moment ? Tu voudrais peut-être que je me charge de ton cas?

    Elle rit.

    -Je ne suis pas idiote. Je ne coucherais pas avec toi. Surtout pas avec ce genre de menace. 

    -Bien alors fiche moi la paix."

    Je fais ce que je veux. Je n'ai pas besoin que cette blonde ne vienne se mêler de ma vie. Je regrette presque de l'avoir choisie. Non, c'est mon meilleur atout pour protéger Anna. Avec son caractère, elle fera fuir les joueurs qui essayeront de l'importuner.

    Je ne peux pas rester trempé comme ça. Je cherche Nathan. Je ne le trouve pas. Je prononce un juron mais l'instant d'après, je ne le croise pas lui mais mon cher apprenti.  

    "Thomas! 

    Ce dernier qui ne m'avait pas vu sursaute. Aurais-je eu un ton agressif? De toute façon, peu m'importe.

    -Ouais? 

    Il me dévisage en remarquant que je suis mouillé de la tête aux pieds. 

    -T'aurais pas des fringues à me prêter?

    -Si, bien sûr."

    Allez! Me voilà repartie à l'étage où se trouve les chambres! Je ne vais faire que ça ce soir ! Et en plus, je ne viens même pas avec une charmante compagnie à mon bras... Cette soirée ne se passe pas du tout comme je l'aurais voulu. 

    Nous n'allons pas dans la chambre de Thomas mais dans celle de Nathan. Les habits de mon apprenti seraient trop petits pour moi. Il me passe de vieux vêtements de son frère et je me change en vitesse. 

    Assez mis de mauvaise humeur par la soirée que je suis en train de passer, je n'arrive pas à profiter de la fin. Je danse et je bois comme les autres mais je ne m'amuse pas autant que je le devrais. 

    Vers six heures du matin, je remonte à l'étage des chambres. Il faut que je ramène Anna et je dois la réveiller avant. J'ouvre la porte que j'avais fermé à clef et je la découvre sur le lit en train de dormir profondément. Je m'approche et lui secoue doucement l'épaule pour la réveiller. 

    "Allez, c'est l'heure de rentrer chez toi. 

    Elle me fixe avec des yeux à moitiés clos. Elle doit sûrement dormir encore à moitié mais je pense qu'elle a comprit ce que je lui ai dit. J'en ai la confirmation quelques secondes plus tard quand je la vois se lever. Elle baille.

    -J'ai mal au crâne..., se plaint-elle.

    -Fallait pas boit d'alcool. 

    Bien fait pour elle et que ça lui serve de leçon. 

    -T'as pas un médicament?

    -Tu me prends pour une pharmacie ambulante?"

    Je soupire et elle aussi. Nous sortons de chez Nathan. Je voulais dire au revoir à ce dernier par politesse mais je ne l'ai pas trouvé. J'ai juste vu au fond du jardin Mathilda qui tentait d'échapper à mon apprenti qui est censé la surveiller. Au moins, il tente de bien remplir son rôle celui-là. Nous croisons aussi un autre pion. Un de Byron, Carolina. Elle part également. En nous voyant, elle adresse un sourire à Anna. Elles se connaissent? Je suppose puisqu'elle lui rend son sourire.

    Nous allons à ma voiture et elle s'installe du côté passager tandis que je me mets au volant. Il n'y a personne sur la route et je décide de mettre la radio puisqu'Anna ne semble pas vraiment d'humeur à m'adresser la parole. Je suppose que c'est parce qu'elle m'en veut d'avoir nominé sa pote. Oh! Elle s'en remettra, ça lui passera. 

    Je la dépose devant chez elle. 

    "ça ira pour remonter à l'échelle?

    -Je n'ai pas le choix de toute façon."

    Elle descend sans même me dire au revoir ou merci. Quelle impolitesse venant d'elle! Je souris un peu. 

    Alors que j'allais repartir pour garer ma voiture puisque j'ai attendu qu'elle ait fini de remonter à l'échelle pour regagner sa chambre,  j'entend des cris venant de sa chambre. Oups. On a été discrets en partant mais pas assez apparemment car les voix des parents d'Anna que j'entends crier de ma voiture m'indique qu'ils attendaient leur fille de pied ferme.  


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