• Chapitre 23

    Point de vue d'Ethan:

    Je joue tranquillement aux cartes avec des gens de ma classe car j'ai un prof absent. On est censé travailler dans ce cas là mais, franchement, quand on a prof absent, on a absolument pas envie de travailler! C'est drôlement mieux quand même de se marrer devant un bon jeu de cartes. 

    Il est 17 heures et pas mal de classe ont fini. Personnellement, je suis assez dégoûtée de les voir partir en sachant que j'ai encore cours dans une heure. Rester pendant une heure de plus pour ensuite avoir cours. C'est de l'arnaque. 

    Soudain, je vois un Léo, sortant de nul part, et semblant plutôt énervé venir vers nous. Je sais que c'est pour moi. Je souris car je ne vois pas vraiment ce que je pourrais faire d'autre. En fait, je suis amusé par la situation. Je fais mine de ne pas savoir ce qu'il me veut. 

    "Un soucis, Léo?

    -Enlève ce sale sourire de ton visage, Ethan! Tu sais parfaitement le problème!

    Ou là... Il est vraiment furax. Je ne devrais peut-être pas faire trop le malin. 

    -Arrête un peu. 

    -Tu parles du collier? je lui demande sur un ton innocent. 

    -Oui!"

    Il grince des dents et je souris. Voilà où cela l'a mené d'écouter mes conseils. Il y a quelques jours, Léo m'a montré le collier qu'il avait trouvé chez lui. Je l'ai reconnu aussitôt. Il ne me faisait aucun doute qu'il appartenait à Anna. D'autant plus que je savais qu'elle avait perdu le sien. Il ne m'avait fallu que quelques secondes pour imaginer un plan qui ferait encore plus baisser Léo dans l'estime d'Anna. C'est moi qui lui ai conseillé d'offrir ce collier à l'un de ses pions en ajoutant de manière subtile qu'il était plus judicieux qu'il l'offre à Anna plutôt qu'à Amandine. Et cet idiot m'a écouté. S'il n'avait pas l'air aussi en colère contre moi, je pense que je me serais bien amusé à le narguer. Cependant, ce n'est pas dans mon intérêt de le faire pour le moment.... Je me moquerais plus amplement de lui quand il sera peut-être un peu plus calme. 

    "Vu la façon dont tu me parles, elle n'a pas aimé. 

    -Tu le savais ! Sale rat d'égout! Tu le savais que c'était le sien.

    -Hum... Peut-être."

    Je recule un peu car je sens qu'il n'est pas loin d'être près à me sauter dessus. Et je n'ai pas spécialement envie d'avoir un œil au beurre noir. 

    Je me félicite tout de même sur ce coup là. Je ne pensais pas que Léo serait autant en colère. 

    "Allons, allons, calme toi. De toute façon, Anna ne t'intéresse pas du tout. Alors peu importe ce qu'elle pense de toi.

    -Mais je veux quand même son bracelet et tu viens de me mettre des bâtons dans les roues! 

    Je hausse un sourcil. Il ne pensait tout de même pas que j'allais l'aider pour qu'Anna lui tombe comme une idiote dans les bras? Si c'est ce qu'il pensait, Léo me déçoit. Je le croyais plus malin. 

    -De toute façon, tu n'as pas besoin de moi pour qu'elle te déteste. Tu te débrouilles très bien pour cela tout seul. J'ai juste rajouté un peu plus d'huile sur le feu. Franchement, qu'est-ce que cela change pour toi? Absolument rien.

    -Attends qu'elle sache que c'était ton idée et on verra si tu souriras toujours autant. Tu l'apprécies mais si elle se met à te faire la tête, tu seras bien moins content de son petit coup.

    -Elle me pardonnera.

    Léo affiche alors un rictus moqueur sur son visage. 

    -Et tu crois qu'elle va te pardonner combien de temps encore toutes tes erreurs? Moi, elle ne peut peut-être pas m'encadrer mais toi, tu la déçois, Ethan. De plus en plus. Et un jour, il y aura une erreur de trop et tu la perdras.

    Je sens de la colère monter en moi. De quel droit me dit-il cela? Il pense qu'Anna me laissera tomber un jour? Jamais. Je sais que même si je fais des erreurs et que je ne corresponds plus à l'image qu'elle se faisait de moi, je serais toujours important pour elle. Elle ne me renieras pas. Simplement, est-ce que j'en suis bien sûr? Est-ce que la colère que je ressens n'est pas dû au fait que je sais, au fond, qu'il a raison? Il est possible qu'un jour, Anna en ait assez de mes erreurs et qu'elle ne me pardonne plus. Je me rend compte que l'amitié qui nous lie , en réalité, vacillante depuis qu'elle est dans le même lycée que moi. 

    Je ne vois Anna que le lendemain matin, pour l'emmener au lycée. Enfin, c'est ce que je pensais. Elle a pris le bus. Il est évident que Léo a mis sa menace à exécution, il s'est débrouillé pour qu'Anna sache que l'histoire du collier était mon idée. Lorsque, enfin, j'ai l'occasion de la voir, il est hors de question que je la laisse filer. Je regarde vers son cou pour apercevoir le collier. Elle l'a remis. 

    "J'ai trouvé un mot dans mon casier hier, Ethan. Est-ce que c'est vrai que tu as dit à Léo de m'offrir mon collier?

    Elle est en colère, je l'entends au son de sa voix.

    - Qu'est-ce que cela peut faire?

    Je tente d'esquiver de répondre à sa question car je suis inquiet de sa réaction. 

    -Tu savais qu'il m’appartenait.

    -J'ai fait cela pour te montrer que ce mec est une ordure.

    Elle garde le silence plusieurs secondes et me regarde d'une façon à ce que je culpabilise de mon acte. Effectivement, je regrette. J'ai un peu plus fissuré notre amitié. Combien de temps encore allons-nous nous considérer comme des amis? 

    -En le manipulant de la sorte tu ne vaux pas mieux que lui. Si tu le vois comme une ordure... Je te rassure, tu en es une aussi sur ce coup là."

    Anna aurait voulu me blesser, elle n'aurait pas pu mieux faire. Ses paroles me font l'effet d'une claque. Je suis une ordure à ses yeux... Je regrette vraiment ce que j'ai fait. Si je pouvais retourner en arrière, je gommerais cette erreur ainsi que toutes celles que j'ai pu faire avec elle. Cependant, j'ai encore l'intuition qu'elle me pardonnera pour cette fois-ci.

    Point de vue de Carolina:

    Vivre chez les Soltine n'est pas quelque chose de tout repos. Leurs parents ont accepté que je vienne chez eux tant que les sanglier n'ont pas été chassé de mon jardin. Afin que leurs parents acceptent, Byron m'a fait passer pour une amie de sa soeur. Jenny Soltine est une personne que je considérais comme calme. Il faut croire qu'elle l'est mais pas avec son frère. Je n'avais jamais vu avant hier soir, deux personnes autant se crier dessus pour n'importe quel prétexte. C'est deux-là m'ont épuisée. 

    Je savais Byron assez collant mais je n'aurais pas pu dire à quel point jusqu'à ce que je vienne chez lui. Il ne voulait pas me lâcher ne serait-ce qu'une seconde. J'ai bien cru qu'il allait me suivre dans la salle de bain que je voulais prendre une douche. Heureusement que sa sœur était là. Jenny a passé son temps à lui lancer des pics. Dès qu'elle le faisait, je m'éclipsais en douce pour profiter d'un peu de solitude.

    Combien de temps je vais rester chez eux? Très peu j'espère car je ne tiendrais pas bien longtemps avec les jumeaux. Ce sont deux bombes à retardement quand ils sont dans la même pièce. Ils n'ont presque aucune communication entre eux. Je pense que c'est ce qui cause le fait qu'ils s'entendent aussi mal.

    Alors que je suis seule, avec Jenny, celle-ci me demande de l'aider à jouer un sale tour à son frère. Je la regarde, un peu surprise. 

    "Je croyais que tu voulais mieux t'entendre avec lui.

    -C'est le cas. Mais je n'arrive pas à être gentille avec Byron. 

    Je soupire.

    -Et tu crois qu'en lui faisant des farces, les choses vont s'arranger? 

    J'apprécie Jenny. C'est une fille bien. Elle ne se prend pas la tête. Mais elle se comporte n'importe comment avec son frère. J'ai bien vu qu'elle voulait renouer leur lien mais, pour le moment, c'est impossible. Dès que Byron lui parle, elle se ferme et utilise, pour lui répondre, un ton un peu agressif. 

    -Laisse-moi te donner un conseil: parle mieux à Byron. Ce sera déjà un bon début. 

    Je pense qu'elle ne s'attendait pas à ce que je lui réponde cela. Elle baisse le regard. Je suppose qu'elle est consciente de son comportement avec Byron mais qu'elle n'arrive, tout simplement, pas à le changer. 

    -Au lieu de vouloir le mettre encore plus en colère, tu devrais essayer d'avoir une conversation normal avec lui."

    Jenny est pleine de bonnes intentions. Je ne sais pas exactement ce qu'il s'est passé entre eux. Mais ce que j'ai pu observer, c'est que Jenny s'y prend mal pour renouer les liens. Elle me sourit en me promettant qu'elle essaierait. 

    Étrangement, la soirée se passe mieux que la précédente. Jenny fait des efforts pour mieux parler à Byron. Il faut croire que ce que je lui ai dit l'a décidé à bouger. 

    "Ronron, on regarde quoi ce soir  à la télé? demande Jenny.

    Ronron? Je ne tarde pas à comprendre que le fameux Ronron est Byron. Celui-ci semble un peu embarrassé par l’appellation que sa sœur a utilisé. 

    -Ne m'appelle pas comme ça! C'était quand on été des gamins. 

    Il soupire. Je suppose qu'il ne comprend pas pourquoi elle utilise ce surnom, plutôt affectueux, envers lui. 

    -Tu veux me mettre la honte devant mon pion? Trouve donc mieux.

    Aïe... Il n'a pas comprit ce que sa soeur venait de tenter de faire. Il enchaîne:

    -Et puis, je ne regarde pas la télé avec vous, Léo vient, ce soir."

    Il part s'isoler dans sa chambre en attendant que son pote arrive. Je fronce les sourcils. Que vient faire Léo à une telle heure chez eux? Devant mon air interrogatif, Jenny m'explique un peu la situation dans laquelle se trouve Léo. Je suis un peu étonnée. Je pensais que ce joueur était un mec pourri gâté qui faisait ce jeu juste par caprice. 

    Alors que nous sommes toutes les deux dans la chambre de Jenny, je remarque qu'elle n'a pas l'air bien. Je suppose que c'est à cause du fait que Byron ait mal pris qu'elle l'appelle "Ronron". 

    "Au moins, tu as essayé...

    -Tu parles. Il l'a mal pris. Il est stupide de ne pas comprendre! "

    Je la regarde d'une manière compatissante. J'aurais vraiment aimé que Byron comprenne l'effort qu'elle a voulu faire pour lui. Renouer un lien fissuré par le temps n'est pas une chose aisée. Les efforts fournis sont loin d'être tous récompensés. Byron est stupide de ne pas voir plus loin que son bout de nez. 

    C'est pour cette raison que je propose à Jenny d'aller parler à son frère. Je vois l'espoir dans son regard lorsque je lui propose cela. Bien évidemment, elle ne refuse pas mon aide. Je la laisse donc et je vais toquer à la porte de la chambre de son frère.

    "Dégage, Jenny! me répondent en coeur les voix de Léo et Byron. 

    -C'est Carolina, abrutis. 

    Plusieurs secondes s'écoulent avant que Byron ne vienne m'ouvrir. 

    -Désolé, on croyait que...

    Je le coupe:

    -Que  c'était Jenny, oui, j'ai entendu. Je peux te parler?

    -Oui. 

    Je jette un coup d’œil en direction de Léo avant d'ajouter:

    -En privé."

    Byron regarde l'autre joueur que hoche la tête et sort de la chambre en disant qu'il va se chercher des chips. Je me retrouve donc seule avec Byron qui ferme la porte derrière moi. Il ne doit pas s'attendre à ce que je lui parle de Jenny. 

    Il s'assoit sur son lit et me fait signe d'en faire autant. Je fais donc de même. Léo dort dans sa chambre ce soir. Il y a un matelas avec un sac de couchage par terre. 

    "Tu sais que tu fais du mal à Jenny?

    Il écarquille les yeux. 

    -Et... alors? En quoi cela te regarde?

    -En pas grand chose. On est... pote? Et ça me fait un peu de peine de voir à quel point toi et Jenny êtes malheureux.

    -Qu'est-ce que tu sais d'elle et moi?! 

    Il me semble assez énervé. Jenny n'est pas un sujet simple à aborder avec lui. Et j'en suis pleinement consciente. Je dois faire attention à chaque mot que j'emplois. 

    -Pas grand chose. Mais écoute-moi, Byron, Jenny souffre tellement.

    -C'est elle qui t’envoie? 

    -Non. J'ai pris moi-même la décision de venir t'en parler puisque tu ne l'écoutes pas. Quand elle t'a appelé par ton vieux surnom tout à l'heure, ce n'était pas pour te ridiculiser. Elle voulait juste te montrer un peu d'affection."

    Il ne répond pas. Son regard est dans le vide. Je suppose qu'il réfléchit. Est-ce que mes mots l'ont atteint? Je me lève. Je n'ai rien d'autre à lui dire. Cependant, Byron me retient par en m'attrapant le bras. Il se lève à son tour et m'enlace sans prononcer un mot. Je ne saisis pas bien d'où lui vient cet élan d'affection mais ce n'est qu'un enlacement... Alors, en sentant qu'il en a besoin, je l'enlace moi aussi. 

    Nous restons ainsi plusieurs secondes jusqu'à ce que Léo frappe à la porte pour nous demander si nous avons terminé de parler. Byron cesse de m'enlacer pour lui dire qu'il peut entrer. Je les laisse alors tous les deux et je retourne voir Jenny. Celle-ci s'empresse de m'interroger et je lui raconte exactement ce que j'ai dit à son frère jumeau. Elle me parait se détendre et être, peut-être, un peu plus optimiste. 

    Afin ne de pas remuer le couteau dans la plaie, elle me demande ce que j'ai prévu pour les vacances d'hiver. 

    "Juste de voir de la famille, et toi?

    -Manger, dormir, manger, et éviter de trop grossir avec tous les repas de fêtes."

    Elle a retrouvé le sourire. C'est le principal. 

    Point de vue d'Anna:

    Jenny est chaque jour de plus en plus joyeuse. Elle arrive enfin à avoir de vraies conversations avec son frère et cela semble la remplir de bonheur. Tant mieux pour elle. Je suis sincèrement ravie qu'elle s'entende mieux avec Byron. Et quelque chose me dit que le fait que Carolina ait cohabité avec eux y est pour quelque chose. D'ailleurs, elle ne vit plus chez eux. Les sangliers ont été chassé de son jardin et elle a pu retourner vivre chez elle. Jenny et elle sont devenues de bonnes copines. 

    Je n'aimerais pas être à la place de Byron. Carolina est toujours l'un de ses pions. Il est dans une situation délicate. D'un côté, il a sa place de joueur. Carolina est sa cible et il est évident qu'il continuera à vouloir gagner les virginity games. Et de l'autre côté, il y a Jenny. Il vient tout juste de renouer des liens avec sa soeur. S'il venait à continuer de vouloir prendre le bracelet de Carolina, il pourrait de nouveau perdre Jenny. Je ne sais pas s'il s'en rend compte.

    Les jours, les semaines s'écoulent bien vite. Et les vacances arrivent à grands pas. Je continue de parler à Ethan, malgré l'histoire du collier. Si Jenny et Byron sont de plus en plus proches, Ethan et moi, nous nous éloignons. J'ai du mal à accepter le fait qu'il ait manipulé Léo pour qu'il baisse dans mon estime. Je connais assez mal le côté fourbe d'Ethan et je trouve cela assez inquiétant. Quant à Léo, nous nous parlons simplement comme des camarades de classe. C'est-à-dire que nous nous saluons simplement de temps en temps. 


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