• Chapitre 35

    Point de vue de Mathilda:

    Tout le temps du trajet, dans la voiture d'Ethan, je ne lui adresse pas la parole. Je regarde par la fenêtre, les bras croisés. Je lui montre clairement que je suis en train de bouder. Il doit, d'ailleurs, se sentir un peu mal à l'aise pour monter le son de la radio aussi fort... Ou alors, il est juste un peu sourd. 

    Quand enfin nous  arrivons u cinéma, et quand enfin, Ethan éteignit la radio, j'ai eu l'impression que je n'avais, tout simplement, plus d'oreilles. Nous sortons de la voiture.

    "Je te laisse le choix du film, m'indique Ethan.

    -Je m'en fiche... quoique non, celui qui dure le moins longtemps."

    En disant cela, je m'avance vers le programme et compare les durées des films. Ethan soupire d'exaspération mais cela m'est bien égal. Je n'ai pas à me monter agréable avec lui. 

    Une fois que j'ai enfin choisi le film, Ethan part nous acheter nos places tandis que je vais prendre du pop corn. Je ne sais pas s'il préfère le salé ou bien le sucré, du coup j'hésite entre les deux. Je grince des dents car je devrais n'en avoir rien à faire de son avis. Et voilà! Je me montre encore très cruelle avec lui alors qu'il me paye, ne l'oublions pas, une place au ciné. De ce fait, au final, je prend deux pots de pop corn de petites tailles, un sucré et un salé. 

    Alors que je cherche Ethan -mais où est-il passé cet abruti?- deux gars m'abordent. L'un deux est habillés d'un survêtement et l'autre sent la rose à, au moins un kilomètre à la ronde. Déjà, je ne supporte pas ce genre de gars. Les survêtements, c'est pour le sport et simplement pour le sport! Pourquoi les garçons s'entêtent-ils a en mettre en toute occasion? Je trouve que, non seulement, ça donne une impression de saleté mais cela fait surtout négligé... Et l'autre là... son stupide parfum va finir par me donner mal à la tête. 

    "Hé, t'es mimi, toi, me sourit le singe embaumant à des kilomètres à la ronde. 

    -Sûrement, je lui répond d'un ton sec. 

    -Oh! Sois pas timide, renchérit l'autre. T'es toute seule, on peut aller regarder un film avec toi, si tu veux? 

    -Non merci. Et je ne suis pas seule. 

    J'aperçois enfin Ethan qui tombe à point nommé! Je vais vers lui, en poussant un peu les deux macaques sans savoir vivre pour, ensuite, aller tenir la main d'Ethan, qui, n'ayant rien suivi, ne comprend pas mon geste. Je l'embrasse sur la joue et lui tend un pot de pop corn.

    -On y va mon chou? je lui demande avec une voix mielleuse. 

    Ethan reste bouche bée. Il ne me reconnaît pas. Les deux imbéciles jaugent Ethan pour voir s'ils ont leur chance ou non avec moi. Visiblement, Ethan est trop un beau gosse pour eux puisqu'ils laissent tomber et partent. Ethan, qui n'a toujours rien comprit, me regarde et me sourit si niaisement que j'en ai presque envie de rire. 

    -Tu sais, Mathilda, je trouve ça mignon ton côté un peu lunatique à l'instant. Je t'apprécie vraiment beaucoup.

    Là, c'est moi qui reste sans voix. Il me semble même que je rougis un peu.

    -Ethan... tu es vraiment con."

    Il écarquille les yeux devant le fait que je redevienne agressive. Je lui lâche la main et lui explique ma soudaine gentillesse à son égard. Il perd son sourire et prend un air assez blasé. Je lui lance également que je ne suis pas une cruche qui va tomber dans ses bras pour un simple cinéma. Il ne me répond rien et change de sujet pendant que nous nous installons dans la salle.

    "Au fait, pourquoi as-tu pris deux pots de pop corn? 

    -Je ne savais pas si tu préférais les sucrés ou les salés. 

    Il esquisse un sourire. Je ne le vois pas car je ne le regarde pas mais je l'imagine parfaitement. 

    -Les sucrés, me dit-il.

    -Comme moi."

    Ethan goûte ceux qui sont dans son pots et me signale que se sont les salés. J'hésite à lui proposer le prendre le pot que j'ai mais il me devance en me disant que ce n'est pas grave et qu'il aime quand même les pop corn salés. Puis, le film commence. 

    Quand il se termine, nous sortons de la salle et je plisse les yeux, me sentant un peu éblouie par la lumière du jour. Ethan me propose d'aller boire un verre dans un café à côté avant de me ramener. Ayant soif, je ne refuse pas. 

    Une fois que nous avons passé commande, Ethan décide de revenir sur ce qu'il s'est passé avant le film.

    "Tu pourrais t'excuser, me sourit-il.

    -Et de quoi? je m'informe en haussant un sourcils. 

    -Peut-être de m'avoir légèrement utilisé pour te sortir d'une situation? 

    -Hum... Pardon", je marmonne. 

     Il est vrai que présenté comme cela... je l'ai clairement utilisé. Et je n'en suis pas fière. 

    "Mais tu ne pensais tout de même pas que j'étais sincère? je lui demande.

    Il me regarde, d'un air gêné, en se grattant derrière la nuque. 

    -Bah... Honnêtement? Si un peu. J'ai pensais avoir une ouverture. 

    J'ai envie de lui frapper la tête avec un livre vraiment lourd... Quoique, ce serait affreux pour le livre. Je n'ai jamais été assez clair avec lui?

    -Ethan, écoute-moi bien et imprime bien mes paroles dans ton crâne: Jamais tu n'auras la moindre "ouverture" avec moi.

    Je lui souris.

    -Je n'ai aucune envie d'être ton plan B puisqu'Anna ne veut pas de toi. Et je n'ai aucune envie de m'attacher à toi en sachant parfaitement, qu'au final, la seule chose qui t'intéresse, c'est ça."

    Je lui mets mon bracelet sous le nez. Ethan ne répond rien puisqu'il n'a rien à répondre. Je n'énonce que la vérité et il le sait parfaitement. 

    Une fois nos boissons consommés, chacun paye sa part et nous partons. L'atmosphère entre nous semble s'être détendu et nous parlons, enfin, je lui parle, de manière déjà plus cordiale sur des sujets anodins. 

    Ethan me raccompagne chez moi avant de partir. Je lui adresse un signe de la main lorsqu'il s'en va. 

    Le week-end passe et il est déjà temps de revenir au lycée. J'ai passé le reste de mon week-end à bosser car nos profs s'amusent à nous mettre plein de contrôles en ce moment. J'ai des cernes pas possible sous mes yeux et je n'ai qu'une envie, alors que nous sommes juste le lundi matin: que le vendredi soir arrive à grands pas. 

    Anna a toujours autant l'esprit ailleurs ce qui me fait soupirer dès que je le remarque. 

    Le jeudi, je vais trouver Ethan. Il a dû interrogé Anna sur son étrange comportement. J'espère sincèrement qu'elle s'est confiée à lui. 

    "Alors? Tu as parlé à Anna? je l'interroge.

    -Ouais, me répond-t-il avec un sourire, les mains dans les poches. 

    -Et alors? 

    Il a décidé de me faire patienter le plus possible? Je suis certaine qu'il prend un malin plaisir à le faire. Je le lis dans son sale sourire narquois.  

    Point de vue d'Ethan:

    J'espérais que Mathilda oublie ce qu'elle m'avait demandé. Bien sûr que j'avais parlé avec Anna puisque je l'avais ramenée tous les soirs chez elle, après les cours. Et bien sûr que je savais la raison qui poussait Mathilda à s'inquiéter pour elle. 

    "Ce n'est rien de grave."

    Mathilda me regarde avec perplexité. Je ne peux pas vraiment lui en dire plus car sinon je devrais lui parler de la situation familiale de Léo. Or, celui-ci ne veut pas que cela se sache. En fait, Byron et moi sommes les seuls au courant avec Anna, bien évidemment, suite à un certain concours de circonstances imprévues. 

    Malheureusement pour moi, Mathilda insiste pour que je lui en dise plus. Je soupire. 

    "Mathilda, je ne peux pas vraiment t'en dire plus mais ne t'en fait pas.

    -C'est lié à Léo? me demande-t-elle.

    J'hésite alors à lui répondre avant de finalement le faire.

    -Oui. Mais rassure-toi, Léo ne lui a rien fait.

    -Comment peux-tu en être sûr.

    -Bon écoute-moi. C'est lié à un soucis qu'à Léo. Anna en a su la cause par accident et il ne veut pas que cela s'ébruite. Alors je ne te dirais rien de plus. Tu peux comprendre?

    Elle semble réfléchir quelques instants, les bras croisés.  

    -Oui, c'est suffisant pour que j'arrête de m’inquiéter, me sourit-elle. Merci."

    Je crois que je vais marqué ce jour d'une pierre blanche. Non seulement, elle me sourit de manière sincère mais, dans la foulée, elle me remercie. Je lui ébouriffe les cheveux comme si nous étions proches tous les deux mais j'arrête car je me rend compte que ce n'est pas le cas. Mathilda ne m'apprécie pas. Elle me déteste et ne me parle que par obligation ou intérêt. 

    Tout cela me rappelle les paroles qu'elle a eu, dans le café, après le cinéma. Elle s'est vue comme un plan B, passant après Anna. A vrai dire, je ne serais pas vraiment dire si cela est vrai ou non. C'est un peu stupide de ma part. J'ai aimé et il me semble que j'aime toujours Anna, malgré qu'elle ne veuille pas sortir avec moi... Je veux dire que les sentiments que j'ai pu avoir ne vont pas partir d'un seul coup. Est-ce que, de manière plus ou moins inconsciente, j'ai essayé de me servir de Mathilda pour l'oublier? Ou plutôt, aurais-je aimé me servir de Mathilda pour l'oublier? Elle ou une autre d'ailleurs. Je m'embrouille tout seul en suivant le fil de ma pensée. Et j'en finis par arriver à la conclusion que oui; me servir de Mathilda pour oublier et même, si je pouvais annihiler, ce que je ressens pour Anna m'aurait été bien utile. Mais le choix de Mathilda a aussi une autre raison : il était évident qu'elle me mettrait un stop. De cette façon, j'étais certain de tenté de me convaincre qu'Anna n'était rien de plus qu'une amie, sans culpabiliser d'avoir fait espérer une autre. Je m'étonne moi-même des raisonnements tordus que je peux créer dans mes pensées. 

    Oh, revanche, j'ai pu remarquer que j'avais accepté mon rejet. C'est compliqué d'oublier, ou plutôt ne plus aimer, une personne à laquelle on parle toujours.. Et ce que je ne voulais pas se produit... Je culpabilise d'avoir voulu me servir de Mathilda. 

    Point de vue d'Anna:

    Je sais que Mathilda s'inquiète pour moi. Et je sais également qu'elle est allée demander  à Ethan de faire une petite enquête. C'est lui qui me l'a dit. Bien entendu, je lui ai expliqué... De toute manière, il était au courant pour Léo. Je me sens inutile. J'aimerais faire quelque chose pour lui.. Mais ... quoi? Il n'y a rien que je puisse faire. 

    D'après Jenny, cela fait une semaine que Léo dort chez elle et Byron. Le problème est qu'il ne fait que fuir ses soucis. Il ne les affronte pas. Je ne suis sûrement pas la mieux placée pour le lui reprocher car, si j'étais dans la même situation que lui, il me semble que j'aurais, moi aussi, choisis de préférence la fuite. C'était une solution tellement simple... 

    Alors que nous avons fini les cours pour la journée, je vais à mon casier pour ranger mes affaires. Je compte rester un peu au lycée pour faire mes devoirs dans le calme. Et puis, de cette façon, Ethan pourra me ramener puisqu'il termine plus tard que moi. Je salue Mathilda. Je sais qu'elle a eu une conversation avec Ethan et qu'elle est à présent rassurée. J'aurais pu lui dire les même choses qu'Ethan mais je ne trouvais pas les mots qui m'empêcherait de lui révéler la séparation des parents de Léo. 

    Il y a plusieurs clubs dans le lycée et, leurs adhérents y vont très souvent après les cours. Je pense que j'aurais aimé faire du théâtre, pour prendre confiance en moi plus vite.... Oui, si je n'étais pas en terminale, j'aurais fait parti à coup sûr du club de théâtre. Si je ne m'y suis pas inscrite au début de l'année, c'est parce que je voulais utiliser mon temps libre pour étudier. 

    Je passe près de la salle de musique quand j'entend du piano. Habituellement, le club de musique n'est pas là à cette heure-ci et il n'y a pas de cours dans cette salle. Je ne pourrais pas mettre un nom sur la mélodie jouée, tout simplement parce que je ne m'y connais absolument pas en musique. Intriguée, je m'approche de la salle. La mélodie jouée est triste. Ce n'est pas une musique qui semble compliquée à jouer quand on s'y connait.. Et pourtant, elle m'émeut.  Elle fait naître en moi une sensation de nostalgie. Je reste là ... à écouter. Pendant que la personne joue, j'entrouvre la porte de la salle pour voir qui se trouve au piano. Je suis surprise d'apercevoir Léo. 

    Quelqu'un me tapote l'épaule et je me redresse en sursaut, faisant volte-face pour voir son cousin, Robin.

    "Qu'est-ce que tu fabriques? grogne-t-il.

    Robin me pousse et regarde à son tour. 

    -Léo joue du piano? 

    J'ai le don de poser des questions stupides par moment... 

    -Tu le regardais jouer?"

    Je hoche la tête car il serait vraiment bête de ma part de mentir alors qu'il m'a surprise. Robin ouvre la porte attirant ainsi l'attention de Léo qui s'arrête de jouer pour nous regarder. 

    "Qu'est-ce que vous faites là? 

    -J'allais en cours quand je l'ai vu pencher vers la porte, l'informe Robin.  Bon, du coup, j'y vais, je suis déjà en retard. 

    Robin détale plus vite qu'un lapin. Et je me sens un peu bête de me retrouver là. Voilà où me mène mon imbécile de curiosité. 

    -Je ne savais pas que tu jouais du piano. 

    -J'aurais dû te le signaler? me demande-t-il en haussant un sourcil. 

    Je secoue la tête. Je peine à trouver quelque chose à lui dire. 

    -Euh... c'était une belle mélodie.

    Il garde le silence plusieurs secondes avant de me répondre:

    -Merci, c'est ma grand-mère qui me l'a appris.

    Voyant probablement que je ne suis pas spécialement à l'aise, Léo soupire et me propose que de rentrer dans la salle, au lieu de rester au niveau de la porte à attendre bêtement. 

    -Est-ce que j'ai le droit?

    Il soupire de nouveau et lève les yeux vers le plafond. 

    -Si je suis là, tu dois bien avoir le droit d'entrer, non? La salle n'est jamais fermée à clef. "

    J'entre et je pose mes affaires sur une table. Léo me dit de faire ce que je veux tandis qu'il se remet à jouer. Je m'assois à la table avec l'intention de faire mes devoirs ici mais j'en suis incapable. Je suis incapable de me concentrer parce que j'ai envie d'écouter le piano. 


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