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Chapitre 38
Je tiens à préciser, avant que ce chapitre ne commence que cette fiction touche bientôt à sa fin. Cela fait bientôt un an que je l'ai commencée et je pense qu'elle sera clôturée dans deux voir trois chapitres.
Point de vue d'Anna:
Nous sommes un samedi aujourd'hui. Les premières chaleurs annonçant l'arrivée proche de l'été sont arrivées depuis quelques jours déjà. Je suis actuellement dans mon lit, il est huit heures du matin et je n'ai aucune envie de me lever. Il le faut bien, pourtant..
Si je trouvais, il y a deux semaines, que le temps passait vite, maintenant, il passe, à mes yeux bien plus que trop vite. Des journées entières ne me semblent être que des poignées de secondes. Et c'est une situation réellement épuisante. Vos avez l'impression que vous ne maîtrisez plus entièrement votre vie.. Lorsque vous voulez faire quelque chose, le temps vous échappe et, au final, vous ne faites rien. Vous avez, en tout cas, l'impression de ne rien faire.
Depuis que je me suis évanouie en classe, je me suis calmée dans mon rythme de révision. D'une part parce que je peux me le permettre car j'avais déjà bien avancé. Et d'autre part, mon état de santé passe avant. Je ne vais pas me ruiner pour un examen.
Si cela fait un moment que je considère que je n'ai plus de vie sociale en dehors du lycée, et bien maintenant, ce n'est pas juste une considération: c'est un fait entièrement avéré.
Cependant, aujourd'hui est un jour un peu particulier. Les jumeaux viennent d'avoir leur 18 ans dans la semaine et ils fêtent leur anniversaire, ce soir. J'ai été doublement invité, une fois par Byron, car je suis un pion, et une fois par Jenny. Mathilda sera là, Ethan et Léo également. Mais ce qui me fait plaisir c'est le fait que Byron ait aussi invité Ross et Nathan. Je n'ai plus de leurs nouvelles depuis un moment et je suis extrêmement ravie de pouvoir les revoir. Aux dernières nouvelles, il me semble qu'ils sont toujours ensemble et j'en suis contente pour eux.
Point de vue de Mathilda:
L'année touche à sa fin. Et ce stupide jeu va se finir avec! Un deux en un, je trouve que ce n'est pas si mal. L'an prochain, nous prendrons tous des directions différentes et je ne serais plus avec Anna et Jenny. Cette dernière souhaite faire un BTS dans le tourisme, Anna, elle, m'a dit qu'elle voulait continuer ses études dans les mathématiques. Quant à moi, je vais m'orienter vers la fac de médecine. La première année va être une étape importante et je ne compte la louper. Je vais devoir travailler dur mais je suis motivée et je ne compte pas me laisser distraire ou démoraliser. C'est mon rêve que je poursuis. Et je suis obligée de passer par médecine pour l'atteindre. Je veux devenir psychiatre, ce qui signifie que j'en ai pour une dizaine d'années d'études. C'est long. Plus jeune, je ne me rendais pas bien compte de ce que cela représentait. Le collège ce n'était que quatre ans, le lycée : trois... En tout sept ans... Ce n'est même pas ce que je vais passer comme temps pour mes études supérieures. Mais il est hors de question que je renonce pour ce détail. Je me donnerais les moyens d'atteindre mon but.
C'est ce genre de réflexions qui agitent mon esprit quand je ne fais rien. Ou, en l’occurrence, en ce moment, je me prépare pour l'anniversaire des jumeau, tout à l'heure. Avec Anna, nous avons fait deux cadeaux communs: un pour Byron, et évidemment, l'autre est pour Jenny.
Je jette un coup d'oeil vers ma montre. Il va être l'heure d'y aller. Je souris. J'ai fait un napolitain pour Jenny car je sais qu'elle adore ce gâteau, surtout que c'est moi qui le prépare.
Point de vue d'Anna:
C'est Ethan qui m'emmène chez les jumeaux. Nous resterons dormir là-bas et nous repartirons demain matin. J'ai eu du mal à convaincre mes parents de me laisser venir. En effet, ils ne voulaient pas, au début, car c'était une date bien trop proche du bac, à leur goût. Bon, ok, à mon goût aussi. Mais après tout, on ne décide pas de notre jour de naissance. C'est vrai! Byron et Jenny n'ont pas choisi de naître durant ce mois-ci. A la limite, si on devait reprocher à quelqu'un le jour de sa naissance, ce serait sûrement aux parents. Et bien oui, car un enfant est censé naître environ neuf mois après la procréation. Ce sont donc les parents qui n'ont pas fait les choses au bon moment.
J'ai vraiment des pensées étranges en ce moment. Un rien me distrait. En fait, tout me parait plus intéressant qu'étudier. Je pense que lorsqu'on est confiné et qu'on s'obstine à trop travailler, l'esprit cesse, à un moment, de pouvoir accumuler et a besoin de relâcher cette constante pression.
Et c'est justement ce qui me convient parfaitement ce soir avec l’anniversaire des jumeaux. Je vais pouvoir reposer ma tête qui me donne, en ce moment, bien trop l'impression, d'être une éponge trop imbibé. Ce soir n'est qu'une parenthèse avant de se replonger dans mes révisions. Mais il s'agit d'une parenthèse nécessaire à l'organisme. Un besoin incontrôlable de se sentir entourée, de rire avec les personnes que j'apprécie, de passer du temps avec elles. Après tout, je suis réaliste, après le bac, ces moments seront rares puisque chacun partira de son côté, continuer et progresser vers de nouveaux objectifs, de nouveaux horizons. Je n'aurais plus Mathilda. Je n'aurais plus Jenny. Je n'aurais plus Ethan. Tout ce que j'ai construit cette année me semble sur le point de s'envoler. Ce n'est qu'une impression car, je sais, au fond de moi, que j'ai grandement évolué cette année que cela me restera. Et je le dois en grande partie à ces personnes qui me sont chères.Une partie de moi sait, également, que malgré la distances, nous resterons en contact. La véritable question est: pour combien de temps? Le temps ne dégradera-t-il pas tout? Les nouvelles rencontres laisseront-elles toujours une place pour les anciennes? Le stress fait monter en moi des interrogations qui m'inquiètent. Et paradoxalement, je ne veux pas que les choses restent éternellement figées dans le temps. D'une part, cela serait cruellement égoïste de le vouloir, et d'autre part, j'ai appris à aller de l'avant. Certes, un peu toujours à reculons mais j'avance tout de même. Et je veux continuer d'avancer.
Jenny vient m'ouvrir lorsque j'appuie sur la sonnette. Elle a un immense sourire affiché sur son visage. Ses cheveux entre le mauve et le violet dansent autour de son visage radieux. C'est sa soirée, après tout. En voyant le paquet que je tiens dans mes bras, elle s'exclame:
"Oh! Anna, ce n'était pas la peine! "
Elle soupire ensuite tandis que j'argumente qu'il me paraissait, hors de question, que je vienne les mains vides. Elle me laisse entrer avec Ethan, sur mes talons, ayant lui aussi un paquet destiné aux jumeaux. La vue de ce nouveau cadeau déclenche chez Jenny un nouveau soupir. Elle m'apprend que Mathilda est déjà arrivée.
Je viens saluer les quelques personnes que je connais ainsi que Byron... qui discute avec Léo. Ce dernier, je ne lui dis pas bonjour et l'ignore autant que je peux. Je sens son regard sur moi et je me sens mal à l'aise. Du coup, je m'empresse de sortir de son champ de vision, le plus rapidement et naturellement possible.
J'aperçois ensuite Mathilda, en grande discussion avec Ethan. Quand elle me remarque, elle m'adresse un grand sourire et coupe net sa conversation pour venir me prendre dans ses bras. Elle laisse Ethan en plan et nous rejoignons toutes les deux Jenny. Cette dernière était occupée à surveiller une pizza qui cuisait.
Nous ne sommes que toutes les trois dans la cuisine. Jenny a fermé la porte derrière notre passage. La musique atteint nos oreilles mais elle n'est plus aussi forte que dans la pièce d'à côté.
"Contente de fêter ton anniversaire? lui demanda Mathilda en lui donnant une petite accolade.
-Bien sûr! Surtout que vous êtes là", lui répondit Jenny, tout sourire.
Elle sortit la pizza du four pour y clisser une nouvelle. Elle nous proposa de retourner nous amuser avec les autres mais nous refusons. C'est sa soirée, nous n'allons pas la laisser seule, dans la cuisine.
Plus tard, à une heure plutôt avancée dans la nuit, une heure à laquelle je suis censée dormir depuis longtemps quand je suis chez moi, je suis à côté de Jenny, dans sa salle de bain. Mathilda, nous l'avons perdu de vue à un moment de la soirée... Et c'est juste à ce moment que Jenny s'est sentie mal. Il faut dire que nous l'avons vu boire les verres d'alcool un à un... Bien sûr, avec Mathilda, nous l'avons mise en garde, en lui conseillant d'arrêter mais Jenny avait déjà trop bu pour que sa tête lui permette de faire un raisonnement juste et elle avait continué... Me voilà donc à ses côtés, pendant qu'elle vomit. J'ai ma main posé sur son dos, lui tient les cheveux et lui tend un mouchoir pour qu'elle s'essuie la bouche lorsqu'elle semble avoir terminé de vomir tout ce qui pouvait se trouver dans son tube digestif.
Avec une certaine inquiétude, je lui demande comment elle se sent. Elle me répond que tout roule pour elle, bien que j'en doute fort. Je n'ai toujours pas croiser ni Nathan ni Ross alors que j'aurais aimé les voir. Jenny s'appuie sur moi pour bien se tenir debout. Je lui propose de l'emmener jusqu'à sa chambre. Elle refuse premièrement mais elle finit par céder devant mon insistance.
Dès que nous sortons de la salle de bain, nous nous retrouvons face à Ross. Il nous regarde, un verre à la main et semble content.
"Tu veux que je t'aide, Anna?"
J'accepte car, Jenny est un peu lourde pour moi toute seule. Ross se place de l'autre côté de Jenny et la soutient par l'épaule. Ensemble, nous l'amenons jusqu'à son lit. Elle proteste une nouvelle fois. Enfin, elle finit par céder et nous la laissons s'endormir... En espérant qu'elle s'endorme et qu'elle ne décide pas d'en faire qu'à sa tête... Elle aura, au moins, profiter de son anniversaire, avant de se sentir mal.
Une fois seule avec Ross, il me demande comment je vais afin d'entamer la conversation. Je lui explique que je me porte très bien malgré l'approche du bac, sujet que je voudrais bien oublier ce soir. Ross m'explique que tout roule pour lui et qu'il ne comprend pas vraiment encore notre stress... je dis "notre" car il m'apprend qu'il voit assez peu Nathan en ce moment avec une moue qui me fait rire. Il comptait le rejoindre quand il était tomber sur moi et Jenny. Alors, nous allons voir Nathan ensemble.
Celui-ci, en nous voyant sourit. Il a un verre à la main et discute avec un garçon que je ne connais pas. Il est un peu éméché et me fait la bise tandis que son copain le gronde un peu en lui disant de se calmer sur l'alcool car il n'a pas envie de supporter un Nathan bourré ensuite. Ce dernier fait son grognon en traitant Ross de rabat-joie. Les deux commencent à s'embrouiller un peu mais sans entrer dans des proportions dramatiques. Au final, celui qui obtient le dernier mot est Ross. Je les laisse se disputer, Nathan rigolant et Ross, visiblement, plus sérieux.
Puis, je croise, à mon grand malheur, Léo. Lui aussi semble avoir profité de l'alcool. Il me paraît autant éméché que Nathan. Je pensais pouvoir lui échapper, espérant qu'il ne m'aurait pas vu. Je suis, après tout, passer maîtresse dans l'art de l'esquive de Léo.... Il faut croire que ce soir, je n'ai pas mon talent me faut défaut. Finalement, plus Léo se rapproche de moi, plus, en voyant son visage, je me dis que, finalement, il a bien plus bu que Nathan.
Il me sourit, comme si nous étions des potes depuis de longues année:
"Hé ! Anna, tu veux ? me demande-t-il en me tendant son verre encore à moitié plein.
Déjà que je suis pas très alcools mais, alors, ce soir, en voyant Jenny vomir, puis Nathan avoir un comportement totalement différent de d'habitude et maintenant Léo, qui devient un mec très sociable... Et bien, tout cela ne me donne pas du tout envie de terminer comme eux.
-Hum.. non, ça va aller.
Il perd son sourire et boit d'un cul sec le reste du verre qu'il tenait à la main.
-C'est une fête, faut savoir s'amuser.
-Si s'amuser veut dire finir ivre alors, non merci.
J'essaye de ne pas prendre un ton trop sec car, je n'ai pas spécialement envie de le mettre en colère. Je ne le regarde pas mais je l'entend très bien soupirer.
-Parce que tu me crois bourré? Il en faut bien plus pour que je le sois!"
Il pose le verre qu'il tient à la main sur le meuble le plus proche de lui. Léo attrape me bras et m'entraîne vers le jardin de la maison des jumeaux. Sous le coup de la surprise, je me laisse entraîner.
Il n'y a personne à l’extérieur de la maison. Il n'y a même aucune lumière. C'est le noir le plus complet. A la limite, les seules lumières perceptibles dans l'obscurité nocturne sont celles de la Lune et celle des étoiles. Pourquoi est-ce qu'il m'a amené ici? Je tourne mon regard vers lui.
"Léo, qu'est-ce qu'on fait ici?
-C'est calme, non?
Ce serait si compliqué pour lui de répondre simplement à ma question?
-Et alors? je lui demande dans l'espoir de mieux voir là où il veut en venir.
-Ce n'est pas ce que tu aimes? Le calme?
Je hausse un sourcil.
-Hum... Si."
Le silence s'installe entre nous. Il se tient à au moins un mètre de moi. Tout d'un coup, Léo s'assois puis s'allonge dans l'herbe et me dit que je devrais en faire autant. Je le regarde puis je m'allonge dans l'herbe à mon tour. Comme il fait chaud, celle-ci n'est pas humide. L'herbe n'ayant pas encore été brûlée par les chaleurs d'été, elle n'est pas encore sèche. Je n'ai pas l'impression que quelques instants plus tôt nous étions dans la maison des jumeaux où une musique forte nous rendez sourd... bien que nous entendons encore la musique depuis le jardin. Mais ce n'est plus qu'un bruit de fond. Léo semble plutôt lucide, il n'a pas dû boire autant que je le pensais.
"On est bien là, non? me demande-t-il soudain.
-Oui, je lui répond en regardant les étoiles brillantes dans le ciel.
Il n'y a pas de nuages ce soir et elles sont parfaitement visibles. Elles étincellent d'un éclat flamboyant.
-Tu connais les constellations, Anna?
-Non, sauf la Grande et la Petite Ours. Tu les connais, toi?
-Absolument pas, me répond-t-il en riant légèrement. A vrai dire, je me disais que les filles aimaient juste regarder les étoiles. Je ne pensais pas devoir m'y connaître, également, en astronomie.
-Je t'ai dit que cela ne servirait à rien. Tes efforts sont vaincs. Même si tu t'y connaissais en astronomie et que tu pourrais me nommer toutes les constellations qu'on puisse repérer.
-Dit la fille qui reste pourtant à côté de moi à regarder les étoiles.
-Ce n'est pas pour toi que je reste.
-Ah oui? Et pour quoi restes-tu, alors? me demande-t-il d'un ton nonchalant.
-La vue sur les étoiles.
Je l'entends se racler la gorge et toussoter comme si je venais de dire quelque chose de complètement faux. J'ajoute:
-Serais-tu vexé par ma réponse?
Je l'imagine très bien sourire en fermant les yeux. Le problème est que je commence à savoir, même sans le voir, par coeur, ses réactions. Et je considère que ce n'est pas une bonne chose.
-Tu me fatigues. Avoues, au moins, que tu restes un peu pour moi, soupire-t-il.
-Et si ce n'est vraiment pas le cas? Ne crois pas que tu es le centre de mon attention."
J'espère sincèrement qu'il ne va pas encore insister. Étrangement, il me semble qu'il est parfaitement conscient de ses paroles alors, je me dis, qu'il en a rajouté, dans son comportement, peut-être un peu, à la fête.
Un nouveau silence s'installe entre nous. Il est loin d'être lourd et oppressant, il n'est pas non plus gênant. Mon regard se perd dans l'observation du ciel étoilé. Je pense que je pourrais, sans le moindre problème, passer des heures à contempler les étoiles. Je me sens comme minuscule quand je les vois. Elles sont à des milliards et des milliards de kilomètres de nous, dans un infini spatial qui nous dépasse. Et, dans un moment comme celui-ci, je me dis que l'Homme n'est rien comparé à l'univers. Ce n'est qu'un grain de poussière, et même un grain de poussière est encore un objet trop grand à titre de comparaison. L'homme serait plus comme un quark (ce qui compose un proton ou un neutron composant eux-même un noyau d'atome) par rapport à l'univers.
Tout à coup, Léo me demande ce à quoi je pense. Je lui explique et il reste plongé dans le silence le temps de m'écouter.
"Tu penses vraiment à tout ça en regardant le ciel? me demande-t-il dubitatif.
-Bien sûr, et toi? Tu penses à quoi?
-A rien.
Il se tait quelques secondes avant de reprendre:
-Je veux tout oublier. J'essaye de faire le vide complet dans ma tête. Quand je vois les étoiles, j'ai l'impression que la réalité n'a plus d'importance.
-Un échappatoire?
-Exactement."
En l'entendant parler, je repense à ce qu'il s'est produit dans la salle de musique. Il me paraît une toute autre personne. C'est très étrange. Il y a le Léo détestable et blessant et celui qui est plus fragile, qui est perdu. En pleine réflexion, je sens la main de Léo enlacer la mienne. D'abord étonnée, je pense à la retirer, mais je ne le fais, finalement, pas. J'ai l'impression que par ce geste, il cherche un soutient. J’interprète tout, en bien ou en mal, j'interprète.
Je ne sais pas combien de temps s'écoule. Et, à vrai dire, je n'en ai rien à faire. Je me sens bien, là, dans l'herbe, allongée sous les étoiles. Je pourrais facilement encore rester ainsi des heures entières. Mes paupières me paraissent lourdes et je commence à lutter contre le sommeil. C'est une pressions sur ma main qui me réveille. Léo la tient toujours. Je tourne ma tête vers lui. Si je suis en train de m'endormir, lui, il dort. L'air s'est rafraîchit. Je me relève en m'asseyant dans l'herbe. Je lui tapote l'épaule pour le réveiller, enlevant, avant, ma main de la sienne. Il finit par ouvrir les yeux avec un air encore endormi.
"Rentrons. "
Je me lève tandis qu'il en fait de même quelques instants plus tard, en baillant. Je n'ai aucune idée de l'heure qu'il peut être, en tout cas, visiblement, très tard ou très tôt, dans la matinée, visiblement, puisqu'il n'y a plus de musique. Je suppose que tout le monde est parti dormir. Il n'y a d'ailleurs plus aucune lumière d'allumée.
Une fois à l'intérieur, nous cherchons une place pour dormir. Les canapés, les lits et les matelas gonflables sont pris. Il ne reste plus que le sol où certains sont installés. J'ai d'ailleurs failli marcher sur la tête d'un des invités qui dormait paisiblement en plein milieu d'un couloir.
Je m'installe sur un tapis, dans le salon. J'ai connu plus confortable mais je suis tellement fatiguée que je m'en fiche. Léo, toujours à côté de moi, m’imite. Il faut dire qu'il n'y avait pas vraiment de place autre part.
"Bonne nuit.. Anna..
Il a parlé si peu fort que je ne suis pas certaine qu'il ait vraiment dit ces mots.
-Bonne nuit, Léo."
Le lendemain, je suis réveillée par Mathilda. Elle me sourit et me dit que ce n'est pas le moment de faire la grasse matinée. Nous devons aider Jenny à ranger la maison. La plupart des invités font de même, d'ailleurs. Je me frotte les yeux avant de me lever. J'ai mal au dos. Le tapis n'était pas si confortable que cela.
Une fois que la maison est rangée, il est l'heure de partir. Je suis à la recherche d'Ethan qui doit me ramener. Si je ne le trouve pas, en revanche, Léo, lui, me retrouve. Parmi les personnes qui étaient présentes, l'une des seules que je n'ai pas cherché durant la soirée, c'est bien Léo, et pourtant, je tombe toujours sur lui. J'ai décidé d'appeler cela la malédiction Léo. Je trouve que cela sonne plutôt bien et que c'est représentatif.
"Anna! m'interpelle-t-il.
Je m'arrête et il vient jusqu'à moi.
-Oui?"
Il ne me parle pas une fois qu'il est juste en face de moi. Il m'attrape par les épaules et m'embrasse sans me laisser le temps de réagir. Ses lèvres ne rencontrent les miennes que quelques fractions de secondes. J'ai reculé ma tête avant de reculer mon corps tout entier à, au moins, un bon mètre de lui.
"Mais ça ne va pas?! Pourquoi tu viens..?
Plus j'avance dans ma phrase, plus ma voix devient inaudible et, d'ailleurs, il ne me laisse pas finir puisqu'il me coupe:
-J'en avais envie."
Il s'éloigne déjà. Il a très bien compris que j'ai été perturbée. Je ne m'y attendais pas et il en a profité! Quel... quel.... je n'ai pas les mots.
Le baiser a été très bref et pourtant... Il était totalement différent de celui que j'ai pu échanger, une fois, avec Ethan. Mon coeur refuse de se calmer. Il tambourine furieusement dans ma poitrine, martelant tellement fort, que je l'entend bourdonner par mes oreilles. J'ai l'impression que l'air qui m'entoure est devenu lourd, comme irrespirable. Et, sans nul doute, mes joues sont rouges d'après la façon dont elles mes brûlent.
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