• Point de vue d'Anna:

    Nous sommes le jour le de la fête organisée par Léo. Je dois bien avouer que je stresse à l'idée de le revoir. J'espère qu'il ne va pas essayer de m'approcher de trop près. Je regarde le petit sac que j'ai posé sur mon lit. Mes parents pensent que je vais passer l'après-midi chez Mathilda puis que je vais rester dormir chez elle. Mon mensonge est tout de même à moitié vrai. 

    Je me rends chez elle en bus. La trajet est plutôt pénible puisque je dois changer de bus à deux reprises. De plus, je n'utilise pas souvent ce genre de transport. Je suis donc très attentive aux arrêts. Il serait bête que je loupe celui auquel je dois descendre. Quelques personnes me regardent de manière étrange. Je les comprend. Il faut dire que je dois avait l'air d'une poule ayant trouver un cure-dent à guetter chaque arrêt. 

    Enfin, j'arrive devant chez Mathilda. Je sonne et elle vient m'ouvrir quelques instants plus tard. 

    "Je ne pensais pas que tu arriverais si tôt, Anna, dit-elle à la place de me saluer comme une personne normale. 

    -Tu m'avais donné une heure.. J'ai fait juste en sorte de n'être pas en retard."

    En effet, moi à sa place, je le prendrais mal si j'invitais quelqu'un et que cette personne avait beaucoup de retard. Surtout que je ne suis pas en avance non plus. C'est une question de principe quand on fixe une heure. Je souris en remarquant que mon amie est encore en pyjama avec les cheveux à moitié coiffer. 

    "Tu la trouves comment ma coupe? me demande-t-elle.

    -Très... euh... clairement, on dirait que tu viens de te lever.

    -Je ressemble à une sorcière? 

    -Si tu comptes te déguiser en sorcière, la réponse, pour tes cheveux en tout cas, est oui."

    Mathilda lâche un "yes" de triomphe. Elle m'explique, en me faisant entrée, qu'elle a mis du temps pour obtenir ce résultat. Moi, je pense plutôt qu'elle ne s'est tout simplement pas coiffée ce matin. Tout joyeuse, elle me montre son déguisement de sorcière. Cependant, je ne trouve pas que ce soit vraiment un déguisement à proprement parler. En fait, les habits qu'elle me montre me font plus penser à des vêtements du style gothique lolita comme on peut en voir en Asie dans le pays du Soleil levant par exemple.

    "C'est plus classe que de prendre une de ces horribles robes de déguisement qu'on trouve en magasin et dans lesquelles on ne ressemble à rien."

    Peu importe mon point de vue, il est évident qu'elle a raison. Et puis, elle me parle du maquillage qu'elle compte faire. Au final, elle ressemblera vraiment à une sorcière plus vraie que nature. Pas dans le sens où elle sera affreuse, même si elle le sera d'une certaine façon. Elle me confie qu'elle veut être affreuse pour repousser ces imbéciles de joueurs. Personnellement, je pense que ça n'aura probablement aucun effet sur leur comportement mais si cela peut la mettre de bonne humeur de se dire qu'elle va les effrayer. 

    Et puis, Mathilda veut savoir quel costume je compte porter ce soir. Avec un sourire malicieux, je lui répond que c'est une surprise. Bon... c'est Halloween mais je sais que, ce que je compte mettre, n'est pas bien effrayant. Je risque d'ailleurs d'avoir le costume le moins dans l'esprit d'Halloween de toute la soirée. 

    L'après-midi passe à une vitesse folle et, de ce fait, le soir arrive très vite. Il est à présent temps de nous préparer pour la fête. 

    "Je vais enfin découvrir ton costume, ma petite Anna, se réjouit mon amie en me faisant un clin d’œil.

    -Oui... Si tu savais comme ça me pèse d'y aller. 

    -Évite de boire cette fois. Ne danse pas avec n'importe qui. Il n'est pas certain qu'on reconnaisse ces idiots avec des déguisements alors fait attention. De toute façon, si tu vois un mec un peu trop collant et dragueur, tu peux, non, tu dois te douter que c'est peut-être un joueur. 

    -Je n'ai plus cinq ans. Et puis, ils n'ont pas changer d'apparence non plus. 

    -Je préfère quand même te prévenir. "

    Inutile de discuter. J'ai bien l'impression que Mathilda me considère comme une petite fille à qui il faut sans cesse rappeler des choses pourtant évidentes. Nous nous changeons pour nous  maquiller ensuite. Je dois bien avouer qu'au final, Mathilda ressemble effectivement à une sorcière. Ce n'est d'ailleurs pas le genre de personne que j'aimerais croiser dans la rue une fois la nuit tombée. 

    Mathilda m'observe des pieds à la tête puis se met à rire. 

    "Un lapin? Tu t'es déguisée en lapin, Anna?! "

    Je sens une chaleur me faisant rougir inonder mes joues. J'avais dénichée une grenouillère représentant un lapin et je n'avais pas hésité un seul instant. Sur le coup, cela m'avait semblé être une bonne idée. Mais maintenant, je me demande si cette idée était aussi excellente que je le pensais. Ce genre de déguisement n'est pas à proprement dit dans l'esprit de la d'Halloween... Au moins, pour Pâques, je serais parfaitement dans le thème. 

    "Il n'y avait aucune consigne, je me défend. 

    -Pas faux... mais quand même! Tu aurais pu choisir quelque chose de plus effrayant qu'un costume de lapin."

    Elle soupire en souriant. Pas la peine qu'elle me dise que je suis un peu désespérante sur les bords, je l'ai bien compris. Je hausse les épaules. Moi, je l'aime bien mon costume. Mathilda me maquille le visage pour que je ressemble encore plus à un lapin. Me voilà donc avec une petite truffe noire dessinée sur mon nez et de petites moustaches. 

    Un peu plus tard, il est temps pour nous de partir. Les parents de Mathilda travaillant, notre chauffeur est Ethan. Ce n'est pas moi que cela dérange mais je ne peux pas en dire autant de mon amie. Quand je lui ai appris qu'Ethan s'était gentiment proposé de nous emmener, elle s'était mise à faire la tête. 

    "Salut l'abominable Mathi la sorcière, dit-il lorsqu'il nous voit. 

    Cette dernière lui répond par un grognement accompagné d'un regard assassin. 

    -Au moins, je ne suis pas un rouleau de papier de toilette géant. 

    -Et si on y allait. Ce serait bête qu'on arrive après tout le monde",dis-je pour éviter que c'est deux-là ne finisse par s'insulter.

    Nous montons donc toutes les deux à l'arrière du véhicule d'Ethan. Ce dernier se plaint de se sentir seul à l'avant. En guide de simple réponse, Mathilda donne un coup de pied dans le siège d'Ethan. Le trajet se fait dans le silence le plus complet. Un silence pesant. Je n'ai qu'une hâte, qu'on arrive, afin de sortir de cette voiture et de m'éloigner de ce duo infernal. Franchement, j'ai toujours du mal à comprendre la folie qui a saisi Ethan de choisir Mathilda comme pion.

    Chez Léo, ce n'est pas très grand. Enfin si! C'est grand mais avec toutes les personnes qu'il a invité, l'espace de chacun est très vite réduit. 

    Point de vue de Léo:

    Je suis un perfectionniste dans l'âme. De ce fait, j'ai préparé cette soirée avec minutie grâce à l'aide des autres joueurs et de nos apprentis. Ils n'aiment pas quand les soirées se passent chez moi pour la simple et bonne raison que je ne suis jamais satisfait du résultat et que je leur fais toujours presque tout recommencer plusieurs fois pour les décorations ou le choix des musiques. 

    Finalement, tout est toujours prêt lorsque les premiers invités arrivent. Et ce soir ne fait pas exception à la règle. D'ailleurs, pour le moment, je n'ai reçu que des retours positifs. Sans me vanter, mes soirées sont les meilleures.

    "Cesse de faire ton malin. T'as juste commandé et c'est nous qui avons fait tout le sale boulot, grogne Byron.

    -Mec, en tant que joueur, tu devrais savoir mieux que quiconque que la fin justifie les moyens.

    Byron, en vampire, hausse les épaules d'un air totalement détaché.

    -Sinon, tu sais sur quel pion tu vas te concentrer ce soir? je lui demande.

    -Carolina, je suppose. J'ai un bon feeling avec elle. Et puis, ça fait un moment que je me plis en quatre pour lui plaire alors, ce soir, je passe à la vitesse supérieure. 

    -La bracelet? 

    Je bois une gorgée du punch qu'on a préparé plus tôt dans la journée tandis que Byron me répond, tout sourire, en hochant la tête. 

    -Et toi? Tu comptes te faire un pion?

    -C'est top secret, Byron", je lui répond avec un clin d’œil.

    Il hausse une fois de plus les épaules avec une sorte de désinvolture montrant son désintéressement. Ce qui m'agace parfois le plus chez Byron, c'est ce détachement de tout, qu'il affiche constamment. Je m'éloigne de lui avant qu'il ne m'agace trop. Je l'adore, c'est mon pote, mais des fois, il m'énerve, et dans ces cas-là, je me casse loin de lui avant de devenir désagréable.

    Et puis, je dois me concentrer. Ce soir, j'ai deux options qui me paraissent aussi intéressantes l'une que l'autre. Soit je me débrouille pour prendre le bracelet de mon pion, Amandine, ou alors, je peux aussi tenter de me rapprocher d'un pion qui n'est pas l'un des miens afin de mettre des bâtons dans les roues à mes adversaires. Cette deuxième option me parait la plus alléchante pour ce soir.

    En bon apprenti bien formé par moi qu'il est, Robin me prévient de l'arrivée de chaque pion. Je ne suis pas étonné que les deux derniers à arriver soient Mathilda et Anna. Ethan pense vraiment les protéger en les faisant arriver après toutes les autres? Il est un peu naïf, lui, par moment! De toute façon, Anna, coincée comme elle est, n'est pas l'une des cibles potentiels de ce soir. J'exclue aussi Mathilda. Cette fille pourrait être capable de me faire croire que c'est gagné pour moi, avant de de mettre un coup de genoux là où un gars aurait bien mal, pour ensuite partir en se foutant de toi... Ouais, je l'imagine parfaitement faire cela, la féroce Mathilda. 

     "Salut, Léo.

    Je me tourne vers la douce voix féminine qui me parle. 

    -Bonsoir, Kim."

    Point de vue d'Anna:

    Mathilda est partie de son côté saluer des gens qu'elle connait depuis un bon moment. J'ai décidé de ne pas l'attendre bêtement toute seule. Par chance, je tombe sur Carolina, un verre d'alcool à la main.

    "Anna! Comment tu vas, ma belle? 

    Visiblement, elle n'est plus très sobre.

    -Bien et toi?

    -Super bien. Byron est parti me chercher un autre verre. 

    -Vous êtes proches tous les deux. 

    -Disons que j'aime bien le mener par le bout du nez et que, sot comme il est, il ne remarque rien."

    Et bien, apparemment, elle est encore bien lucide. Je la laisse en me faisant la réflexion que Byron est vraiment au petit soin pour elle. C'est amusant en un sens de voir un joueur "canard". J'imagine très mal Ethan ou Léo faire autant d'effort pour une fille. 

    Il fait chaud dans la maison. Trop de monde se trémousse sur une musique à vous percer les tympans. Je me sens un peu intrus avec mon déguisement de lapin. Je traverse les pièces à la recherche d'un peu d'air frais.  C'est ainsi que je tombe nez à nez, dans la cuisine, sur un Léo roulant une pelle à Kim. 

    "Ne soyez pas gênés surtout."

    C'est dégoûtant de les voir ainsi coller l'un à l'autre. C'est dégoûtant surtout parce que ce baiser n'a rien de sincère entre eux. Léo n'a qu'une idée en tête; le bracelet qu'elle porte à son poignet. Et Kim... Et bien, je ne saisis pas réellement ce qui la motive à faire ce qu'elle est en train de faire. On dirait qu'elle ne veut qu'une chose, se faire la même réputation de, navrée de le dire, "connasse" qu'Amandine et Beverley ont. 

    Les deux individus se détachent l'un de l'autre. Kim semble plus gênée que Léo. En un sens, ce n'est pas bien étonnant. Le dégoût que je ressens pour eux me pousse à sortir de la salle tandis que ces deux clowns recommencent à s'embrasser d'une manière assez peu agréable à regarder, qui vous donne envie de vomir. 

    Je traverse en sens inverse le salon rempli à  craquer de monde pour sortir dans le jardin. Ah ! Enfin de l'air frais et de l'espace ! Je lève le regard vers les étoiles.  Le besoin de me dégourdir un peu les jambes me prend tout à coup. Par conséquent, je décide de marcher un peu. 

    Si jamais une voiture vient à passer dans la rue, le conducteur serait probablement surpris de voir un lapin géant se balader en pleine rue. Alors que je passe près de buissons dans le fond du jardin, et que je n'entend presque plus l'assourdissante musique, le son de murmures vient jusqu'à mes oreilles. 

    Intriguée, je m'approche des buissons. Je doute fortement que ce soit les plantes qui parlent. Il est bien plus logique les murmures viennent de dernière. Plus je m'approche, plus je distingue les chuchotements... qui n'en sont pas. Je fronce les sourcils, assez perplexe. J'écarte le feuillage du buisson et un hoquet de surprise s'échappe de ma bouche tandis que je me cache les yeux. 

    Là, devant moi, je viens d’interrompre, en plein ébat, deux hommes. Dont un que je connais. Les deux, qui sont en face de moi, semblent eux aussi sous le choque puisqu'ils cachent maladroitement leurs engins avec leurs mains. Je les ai stoppé net. Précipitamment, je m'excuse avant de me dépêcher de partir. Je me dirige à grandes enjambées vers la maison de Léo, très gênée par la scène que je viens à peine de voir. Derrière moi, j'entend l'un des deux me crier:

    "Anna! Attends!"

    Je ne me retourne pas . Je replonge au coeur de la fête. 


    votre commentaire
  • Point de vue d'Anna:

    J'ai beau regarder autour de moi, je ne sais pas où aller. Je suis encore choquée par ce que je viens de voir. Perdue dans mes pensées, je percute une fille qui me regarde d'un air mauvais en me réprimandant de faire plus attention où je mets les pieds. Je lui adresse des excuses confuses. 

    Tout à coup, la musique s'arrête. Plus personne ne danse. Au centre du salon, je vois Robin monter sur la table. Il lève les bras en l'air pour réclamer le silence. Une fois le silence obtenu, Robin plonge sa main dans la poche de son pantalon et en ressort un petit objet circulaire. Un des bracelets.

    "Un point pour Léo!',annonce-t-il triomphalement. 

    Des exclamations de félicitations viennent saluer le premier joueur a prendre un bracelet. Je grimace et plisse les yeux. La couleur est différente de celle que j'ai au poignet. Ce bracelet n'est donc pas celui d'Amandine. La scène de Kim et Léo s'embrassant dans la cuisine me revient en mémoire. Non... Elle n'aurait quand même pas couché avec lui?! 

    "On peut dire que le jeu vient réellement de commencer maintenant que le premier bracelet a été pris, dit une voix juste derrière moi.

    Je me retourne pour me retrouver face à l'apprenti d'Ethan. Il me regarde avec un sourire bienveillant.

    -Anna, c'est bien ça? Tu n'as pas l'air dans ton assiette.

    C'est vrai que depuis ce que j'ai vu derrière les buissons, je suis un peu perturbée. 

    -Non, ça va. 

    -Où étais-tu? 

    Je le regarde un peu étrangement. En quoi cela le concerne-t-il? Thomas doit remarquer mon étonnement par rapport à sa question puisqu'il ajoute:

    -Ethan m'a demandé de garder un oeil sur toi. Il m'a dit que je devais surveiller un lapin. Seulement, j'ai eu quelques soucis à le trouver le lapin en question.

    Il me sourit toujours. J'ai en face de moi un futur joueur pourtant il a un comportement bien plus sympathique. Soit il est sincère et je ne sais pas ce qu'il fait parmi les apprentis, soit il est encore meilleur comédien que tous les autres. 

    -J'étais juste aller faire un tour dehors. 

    Il hoche la tête. 

    -Alors Léo est le premier a avoir un bracelet? 

    -Tu as entendu Robin, non? Léo vient d'éliminer un pion du jeu. Tu devrais être contente qu'il n'est pas jeté son dévolu sur toi ce soir.

    -Je ne lui aurais rien céder. Contrairement à Kim.

    -Ah ? C'est elle?"

    Il ne le sait pas? Enfin, moi non plus, je n'ai aucune certitude, après tout, que ce soit elle. Robin descend de la table et la fête reprend. L'apprenti de Léo se fond dans la masse de danseurs costumés.  

    Thomas me propose de danser un peu avec lui. Je suis, peut-être trop gentille, d'accepter. En même temps, je me vois mal refuser alors qu'il l'a demandé gentiment. Ce serait de l'impolitesse, non? 

    Alors que je danse sur une musique entraînante et dynamique avec Thomas, une main se pose sur mon épaule me faisant sursauter. Le frère de Nathan arrête de danser, son visage affichant un air à la fois gêné et embarrassé. Je me retourne en balayant la main sur mon épaule. Léo nous regarde l'un et l'autre de travers. 

    "Thomas, tu te trompes d'années. Tu danseras avec les pions quand tu seras joueur.

    -Je ne pensais à rien en particulier. On était là et il y avait la musique. On allait pas rester planté debout comme des poteaux, si ?  Et puis, contrairement à ton cousin, je n'ai rien fait de mal.

    -Oh que si. Robin a prit soin de ne pas s'approcher d'un de mes pions. Va trémousser tes petites fesses avec une gamines de ton âge plus loin.

    -Léo! Arrête de lui parler comme s'il était un chien. Pourquoi le grondes-tu? Thomas a raison. Il n'a rien fait de mal alors fiche lui la paix. Au lieu de le réprimander inutilement, retourne donc te taper Kim qu'on ne voit plus vos immondes faces à tous les deux! "

    Je mets mes mains devant ma bouche. Qu'est-ce qui m'a pris? Je ne parle sur ce ton... Jamais. A personne. Apparemment, je ne suis pas la seule surprise par mon comportement. Léo me regarde comme s'il avait affaire à une autre personne. Mathilda, qui passait par là, a entendu et vu ma petite "rébellion". Elle applaudit en me félicitant. Selon elle, je fais des progrès. 

    "Tu paieras ton effronterie, Anna. Je te le promet. Tu le regretteras un jour", me dit Léo de manière si basse afin que je sois la seule à l'entendre.  

    Je fais un pas en arrière pour m'éloigner de lui. Je veux sortir de son champ de vision et de son regard assassin. Il ne m'a pas répondu, il ne s'est pas défendu publiquement par rapport à ce que je viens d'avoir l'audace de dire. Cependant, je prend sa menace très au sérieux. Et vu le regard qu'il braque sur moi, je sais que je m'en mordrais les doigts à un moment ou un autre. 

    Thomas s'est éclipsé en toute discrétion pour ne pas subir la colère de Léo. Ce dernier tourne les talons tandis que Mathilda, elle, vient tout prêt de moi. 

    "Qu'est-ce qu'il t'a dit? Tu es toute pâle.

    -Rien d'important.... Où es Ethan? Je veux rentrer."

    Mathilda me répond qu'elle ne sait pas. Nous nous mettons donc  à la recherche de mon ami d'enfance. C'est Mathilda qui le retrouve totalement bourré. Dans cet état, il ne prendra pas le volant. C'est bien trop dangereux. Mon amie le repousse alors qu'il essaye de la prendre dans ces bras. 

    "Dégage! T'es lourd et tu pues l'alcool à trois kilomètres à la ronde.

    -Mais je suis en manque d'affection! 

    -Et bien, prend un coussin."

    Elle attrape un de ceux qui se trouve sur un canapé qu'elle balance sur Ethan. Celui-ci serre et embrasse le coussin. Nous laissons donc Ethan et son coussin d'amour.

    "Vraiment stupide ce mec. 

    -En même temps, il n'est pas dans son état normal, fis-je pour le défendre un minimum.

    Elle me regarde en haussant un sourcil. Très bien, rien de ce que je pourrais dire ne la ferais changer d'avis. Mathilda me demande si je veux absolument rentrer chez moi. Je lui répond que je n'ai aucune envie de rester plus longtemps. Je frissonne alors en me remémorant le regarde glacial que Léo m'a jeté. 

     -Je pense que personne ne doit être en état de prendre le volant à l'heure qu'il est. Et puis, on était censé dormir ici, tu n'as qu'à rester avec moi."

    Je ne sais pas quelle heure il est exactement mais ce que je sais c'est que je suis en train de tomber de sommeil. Pa mal des invités ont trouvé un coin pour dormir tranquillement. Ce ce fait, avec Mathilda, nous ne trouvons aucune place. Pendant notre quête d'un coin pour dormir, nous croisons Carolina allongée sur un canapé avec un Byron assis à côté qui essaye désespérément de se mettre à côté d'elle. Seulement dès qu'il se met un peu trop près, celle-ci ouvre un oeil et le pousse avec son coude pour l'éloigner. 

    Celui qui nous sauve de dormir à même le sol contre le carrelage est Ethan. Ils nous donne à chacune une couverture, puis, il nous emmène dans la chambre d'amis que lui a laissé Léo.

    "Comme on est des joueurs, Léo nous laisse utilisé cette chambre. Faudra refaire le lit demain pour que les parents de Léo ne se doutent de rien car ils ne sont pas au courant qu'il a organisé une fête en leur absence.

    -Ils sont où d'ailleurs? je demande.

    -Parti fêter l'anniversaire d'une tante éloignée il me semble. Mais ce n'est pas le plus important. "

    Ethan regarde autour de lui. Il nous propose, à Mathilda et moi de prendre le lit tandis que lui dormira par terre. Mathilda s'empresse d'accepter avant qu'il ne change d'avis. 

    Point de vue de Léo:

    La fête est finie. Tous mes invités sont partis avant la fin de la matinée. Les autres joueurs, les apprentis et moi avont tout rangé pour, qu'à leur retour, mes parents ne se doutent de rien. Puis, ils sont partis. Je suis le seule à avoir obtenu un des bracelet pour le moment. Je considère ce fait comme une petite fierté personnel.

    Je m'attendais à ce que Kim me donne plus de fil à retordre mais il faut croire que cette fille voulait surtout faire parler d'elle. Aussitôt que j'ai pris son bracelet, je l'ai fait partir. Je n'avais plus aucune raison de rester avec elle. Cette fille m'avait craché à la figure que je n'étais qu'un monstre sans coeur. Pitié! Qu'elle ne parle pas de coeur! Kim n'est pas stupide. Elle savait ce que je voulais. Elle s'est juste dit qu'elle pourrait m'utiliser pour être encore plus populaire. Manque de chance, maintenant qu'elle n'a plus de bracelet, aucun des joueurs ne s'intéressera plus à elle et elle va passer pour une vraie fille facile devant tout le lycée. Les autres lycéens ont plus de respect avec les filles qui perdent à notre jeu une fois qu'une bonne partie de l'année scolaire s'est passée. Celles qui cèdent trop facilement, en revanche, ont tendance à être vue comme des sortes de traînées. 

    Je n'ai rien à me reprocher. Je ne l'ai pas forcé. Cependant, il y a bien quelque chose qui m'agace particulièrement. Il s'agit d'Anna. Gagner sa confiance n'était pas une chose simple à réaliser avant à cause de sa grande méfiance mais, à partir de maintenant, je ne vois pas comment elle pourrait me faire confiance. 

    Je vais devoir redoublé d'efforts... Je me demande tout à coup quelle mouche m'a piqué de la choisir comme pion. Anna n'est pas méchante et, franchement, avant ma fête, je la prenais pour une sorte de chaton sans défense. Je n'ai clairement pas apprécié le ton qu'elle a employé en me parlant. En plus, je ne m'y attendais pas. Je me rend alors compte que, cette année, mon principal problème avec mes pions ne concernent qu'Anna. 

    Mes parents rentrent et la maison est tout à fait rangé. Rien de traîne par terre, tout est propre. Plus aucune trace d'une soirée quelconque. Durant le rangement, j'ai cependant trouvé un bijou féminin sur le sol, un collier avec un trèfle à quatre feuilles en argent comme pendentif. Je ne sais pas à qui il est mais sa propriétaire fera sûrement parler d'elle pour le récupérer. En attendant, je le garderais avec moi. 

     Point de vue d'Anna:

    Je vais bientôt rentrée chez moi. J'ai enlevé mon costume de lapin et Mathilda, le sien, de sorcière. Malheureusement, je remarque qu'il me manque quelque chose. Je mets mes mains près de mon cou à la recherche de mon collier. Il a une grande valeur sentimentale pour moi. C'était un cadeau que mes parents m'avaient offert il y a quelques années maintenant. C'était un petit collier discret avec un pendentif en forme de trèfle à quatre feuilles. Franchement, je suis démoralisée de l'avoir perdue. Je le mettais tous les jours! 

    En me voyant chercher un peu partout dans sa chambre mon collier, Mathilda me demande ce qui se passe. Je lui explique, un peu paniquée et sous le coup de l'émotion, je me mets presque à pleurer. Mathilda me dit de ne pas paniquer et commence à m'aider à chercher. Nous ne trouvent rien. Mon amie émet l’hypothèse que je l'ai perdu lors de la fête. Je perds tout espoir de récupérer mon bien, imaginant que quelqu'un l'ai ramassé et l'ai gardé sans se demander si le bijou perdu ferait de la peine à quelqu'un. Étrangement, je ressens un grand vide, juste pour ce collier. Cela peut paraître un peu idiot et je me sens bête d'être autant affectée par la perte de cet objet. 

    Quelques jours plus tard, c'est déjà la fin des vacances. Mon collier n'est toujours pas réapparu. J'ai eu du mal à finir tous mes devoirs. En même temps, je m'y suis prise trop tard.

    Le jour de la rentrée, ce n'est pas étonnant qu'Ethan m’amène au lycée. Nous parlons de choses banales. Un peu de la fête, oui, mais pas tellement. Quand nous en parlons, j'ai le souvenir des deux garçons dans les buissons. Je chasse cette vision de ma tête.  Je ne suis pas homophobe mais c'était, quand même, très gênant comme situation.... Je n'en ai parlé à personne. Même pas à Mathilda. 

    Durant les cours de la matinée, je sens le regard noir de Léo sur moi. Il n'a pas dû entre digérer la manière dont je lui ai parlé. A bien y réfléchir, je ne vais pas regretter ce que je lui ai dis car je le pensais. J'évite le plus possible de regarder dans sa direction pour ne pas croiser son regard froid et perçant. Alors que nous avons une pause, l'apprenti de Nathan vient à notre classe. C'est Léo qui vient à sa rencontre en lui demandant ce qu'il veut. Avec Mathilda, nous sommes à l'autre bout de la classe. Nous ne les entendons pas parler. Cependant, je me sens visée par leur échange. J'ai peut-être tord. 

    "Anna! m'appelle Léo.

    Et bien non, je ne devais pas avoir tord.

    -Oui? 

    -Jake voudrait te parler."

    Il n'est pas agressif en me parlant et cela m'étonne un peu. Je regarde Jake en appréhendant un peu ce qu'il veut me dire. Jake me fait signe de le suivre hors de la salle de classe. Il ne tient pas à ce que tout le monde entende ce qu'il souhaite me dire apparemment. Et, je me mets à stresser. 


    votre commentaire
  • Point de vue d'Anna:

    Jake et moi, nous nous trouvons dans le couloir. Il est silencieux. Je l'observe sans parler moi non plus. C'est lui qui voulait me parler. J'attends donc, en me demandant, ce qu'il veut me dire. Je le fixe peut-être un peu trop car il me demande d'arrêter de le faire. Je m'excuse. Il s'assure que personne n'est assez près de nous pour entendre. 

    "Tu as peur de quelque chose? je lui demande.

    Il m'adresse un regard en remettant ses lunettes correctement sur son nez.

    -Pas spécialement. Mais, on m'a demandé de te faire passer un message en toute discrétion.

    Je fronce les sourcils. On? J'ai ma petite idée sur cette personne qu'il désigne par ce "on" mais je préfère me taire en attendant d'avoir la confirmation.

    -Quel message?

    Je vais bientôt reprendre les cours et je n'ai pas envie qu'il me mette en retard. Il n'y a personne autour de nous. Il peut parfaitement se mettre à parler maintenant. 

    -Nathan voudrait te parler en tête à tête. En toute discrétion. Il ne tient pas à ce que Léo ou un autre joueur apprenne qu'il t'invite à boire un verre dans un café. Prends ça comme un rendez-vous.

    Je fronce les sourcils. 

    -Très bien."

    Jake semble un peu étonné par ma réaction parfaitement calme. Il devait sûrement s'attendre à ce que je conteste. Je lui demande si Nathan lui en a dit plus sur la raison pour laquelle il souhaite me voir. Cette question accentue l'étonnement de Jake. Il me répond que je suis un pion donc, forcément, les joueurs tentent leur chance. Je hoche simplement la tête et je retourne en classe. A son regard, je comprend que Jake s'interroge sur le fait que Nathan tienne absolument à ce que personne ne sache qu'il souhaite me voir. 

    Lorsque je rentre dans la salle de classe, malgré le bazar encore présent car, le cours n'a pas recommencé et que les élèves se trouvent un peu partout, je sens aussitôt le regarde toujours assassin de Léo se braquer de nouveau sur moi. A-t-il un radar pour me détecter?! Je frissonne à cette idée et un instant, je regrette de lui avoir mal parler le soir de sa fête. Non! Je ne dois pas regretter. Il faut que j'arrête de me laisser marcher sur les pieds. J'ai moi aussi le droit de m'exprimer et je ne vais sûrement pas m'en priver sous prétexte qu'il me fait quand même un peu peur. 

    "T'en fait pas, il te fixe comme ça parce qu'il est rancunier mais comme tu peux le voir, il ne mord pas, me rassure Mathilda. 

    -Je suis sûre qu'il prépare quelque chose. Je n'ai pas confiance en lui. 

    -Encore heureux que tu ne lui fasses pas confiance! Il ne manquerait plus que ça et ce serait la cerise sur le gâteau.

    Nous rions.Je continue de penser que Mathilda est une personne vraiment formidable. Elle a toujours les mots qu'il faut, au bon moment, pour rassurer .

    Point de vue de Jenny:

    Je m'ennuis en cours. Du coup, je joue avec mon stylo ou parle avec la fille qui est assise à côté de moi. J'apprécie les gens de ma classe mais je n'arrive pas à avoir avec l'un de mes camarades, la relation d'amitié que j'ai développé avec Mathilda, avant Kim, et maintenant Anna. 

    Je me remets à penser à Kim.... Je n'étais pas à la soirée de Léo car il ne m'avait pas invité. Et franchement, je ne sais pas si je devais être contente ou déçue. Finalement, pendant que mes amies s'amusaient, enfin Mathilda du moins car Anna ne me semble pas très branchée soirée, j'avais passé ma soirée à lire. J'avais plusieurs fois imaginé mon frère en train d'embrasser une fille. Je suis toujours peinée quand j'y pense car, pour moi, Byron n'est pas un mec bien pour une fille. Et pourtant, c'est mon frère jumeau. Je déteste son comportement mais, je ne peux pas m'empêcher de le défendre de temps. Je sais que c'est un mec bien. C'est ce jeu qui lui est monté à la tête et qui l'a transformé. 

    En pensant à mon frère, je finis par penser au jeu et je reviens sur Kim... Elle est venue me voir ce matin pour tenter de se faire pardonner. Léo a eu ce qu'il voulait et ses nouvelles "amies" lui ont tourné le dos. Kim l'a cherchée ce qu'il lui arrive. Elle s'est moquée de nous, en pensant que ça lui apporterait de la "gloire". Elle a voulu faire la grande fille populaire et forte alors qu'elle n'était qu'un minuscule poisson face à des requins. Je ne peux pas lui pardonner car je me suis rendue compte que son amitié n'était pas sincère. A la moindre opportunité qui lui semble avantageuse pour elle, elle me laissera tomber. Ce n'est pas cela que j'appelle une amie. J'appelle plutôt cela une profiteuse. Qu'elle aille pleurnicher ailleurs. C'est cruelle comme façon de la voir mais si je me laisse attendrir par Kim, je suis à peu près certaine qu'elle  fera, à Mathilda, Anna et moi, un autre coup dans le dos.

    Je pense que le pire, c'est la justification qu'elle a donné de son comportement. Elle voyait en Anna un danger. Depuis qu'elle est arrivée, selon elle, nous nous sommes éloignées. J'avais presque eu envie de rire à ce moment. C'est Kim qui nous a laissé du jour au lendemain. Elle s'est permise de nous mépriser et donne comme justification qu'elle était jalouse? Cela n'a pas de sens ! Cette fille entière n'a pas de sens! C'est une blague à elle toute seule. 

    Il faut que je me calme. Je ne dois m'énerver à cause d'elle. C'est stupide de ma part. Je soupire et jette un coup d'oeil vers le tableau, qui , pendant ma réflexion, s'est bien rempli. Je dégluties en voyant tout ce que je dois marqué sur la feuille encore blanche devant moi.

     A midi, j'attends Mahtilda et Anna devant leur salle. Quand elles sortent, nous allons manger. Je leur raconte ma petite discussion avec Kim et, je constate que Mathilda partage mon avis. Anna, elle, évite de trop se prononcer, comme si cela la gênait de dire qu'elle pensait, elle aussi, que Kim s'était bien foutue de nous. Car, j'en suis certaine, Anna partage mon avis mais elle est trop réservée pour l'exprimer avec des mots bien trop concrets. Alors, elle préfère donner un avis plutôt mitigé. Je lui souris et j'espère qu'une fille comme elle ne se laissera pas embobiner par les joueurs. Jusqu'à présent, elle est resté éloigner d'eux, sauf d'Ethan, mais il me semble qu'il n'y a aucun danger de ce côté là. Si les joueurs ne sont pas empressés de la séduire c'est parce que, justement, c'est pas une fille qui a le profil d'un "bon" pion. Elle les a évité en les fuyant pour le moment mais, il faudra bien que cela arrive, l'un d'eux se rapprochera forcément d'elle. Après, je lui souhaite juste d'avoir la force de le repousser et de ne pas lui céder. Quant à Mathilda, je m'en fais moins pour elle. Elle sait ce qu'elle veut et ce qu'elle ne veut pas et elle l'assume entièrement. Si elle perd son bracelet, elle l'assumera et je sais qu'elle fera vivre un calvaire au joueur qui le lui aura pris si il ose la traiter, comme une sorte de déchet, comme c'est l'habitude, par la suite. 

    Je me demande parfois comment ce jeu a-t-il était créé? Qui ont été les premiers garçons à le faire et à l'instaurer? Il y a beaucoup de rumeurs et elles se contredisent toutes. Quand je suis entrée en seconde, le jeu existait déjà depuis plusieurs années à ce que j'avais compris. Au départ, je pense que je n'avais pas réellement saisi à quel point faire cela était machiste et horrible. C'était jouer avec des sentiments, prendre les filles pour des vulgaires objets de conquête. Mais ça, vous ne le comprenait pas forcément immédiatement. Quand les gens, autour de vous, s'enthousiasment car cela leur fait un  bonne animation à suivre tout au long de l'année, vous ne voyez pas le mal que cette chose peut représenter au premier coup d’œil. C'est surtout quand vous êtes au cœur de ce jeu qu'il vous apparaît sous son vrai visage. 

    Je n'étais ni contre ni pour les virginity games jusqu'à ce que j'en fasse partie. Là, j'ai compris  le pétrin dans lequel j'étais. Et puis, j'aurais pu être comme toutes les autres filles choisies, mais non! Il a fallu qu'en plus, mon propre frère jumeau soit un joueur. Il y avait quand même un avantage, cela me faisait un dragueur de moins qui avait voulu courir après mon bracelet.  Les virginity games ne me rappellent aucun bon souvenir. Je me suis éloignée de mon frère, on m'a prise totalement pour une idiote et, cette histoire m'a apportée des ennemies. Si je le pouvais, j'effacerais tous les souvenirs concernant les virginity games de ma mémoire. 

    Le soir, après les cours, lorsque je rentre, je constate que mon frère n'est pas seul. Léo est à la maison avec lui et ils jouent à un jeu vidéo. Léo passe bien trop de temps ici en ce moment. J'ai l'impression qu'il fait parti de ma famille ou plutôt qu'il s'y incruste. 

    "Salut", dis-je par politesse.

    Les deux garçons me répondent la même parole et je les laisse. Je m'isole. Loin d'eux. C'est difficile pour moi d'accepter le fait que mon propre frère jumeau considère l'un de ses potes plus comme son frère que moi. Il m'arrive de vouloir exprimer ce manque d'affection à mon frère. Mais je ne vais jamais le lui dire. Il y a un blocage. Et c'est blessant quand je constate que nous n'avons plus de communication alors que nous étions proches avant. Byron est comme une moitié de moi-même. C'est une partie de mon identité et une partie de moi. Une partie qui me manque aujourd'hui et je ne sais pas comment faire pour changer les choses. 

    Point de vue d'Anna:

    A la fin de ma journée de cours, alors que je sors à peine de la salle de classe, Jake attend devant la porte. Mathilda le regarde un peu de travers sans pour autant que ce regard soit gênant ou puisse être mal perçu.

    "Bon, je te laisse, Anna... Si tu as un problème, dit-elle en lançant un autre regard vers l'apprenti. Appelle-moi."

    Je lui souris en lui répondant qu'elle n'a aucune raison de s'en faire et que je peux parfaitement me débrouiller seule si on me parle mal à présent. Depuis la fête d'Halloween, j'ai l'impression d'avoir gagné en confiance en moi et c'est loin de me déplaire. 

    Jake ne m'adresse pas vraiment la parole. Il sort un bout de papier de sa veste et me le tend en m'expliquant simplement que ce mot vient de Nathan et qu'il indique l'endroit où je dois le rejoindre. Il m'assure ensuite qu'il n'en sait pas plus et il part. Je déplie le mot. Nathan a juste noté l'adresse d'un café qui est assez près du lycée.

    Je ne mets pas longtemps pour rejoindre l'endroit indiqué sur le papier. Dans un premier temps, je ne vois pas Nathan. Puis, je me rends compte qu'il n'est pas à l'extérieur mais à l'intérieur du café. Je le rejoints et il me fait la bise. Autre détail à souligner, il n'est pas seul. Je salue la personne qui l'accompagne, un garçon de taille moyenne, au visage fin avec de multiples tâches de rousseur, les yeux marrons et les cheveux roux. La couleur de ses cheveux me fait penser à la couleur des feuilles en automne avant qu'elles ne tombent des arbres. Il a pas mal de charme, et puis, l'avantage, c'est que les gens doivent le repérer de loin avec une tel couleur de cheveux. Difficile de le perdre dans une foule. 

    Assise en face d'eux, je regarde Nathan en attendant qu'il prenne la parole. Mais il ne le fait pas. Un silence pesant est installé depuis plusieurs secondes jusqu'à ce qu'un serveur le brise en nous demandant notre commande. Je décide alors, à toute vitesse, de commander un diabolo fraise, c'est ce que je prends en général de toute façon. Le serveur repart et le silence n'est toujours pas levé. Finalement, c'est le mec roux qui prend la parole le premier.

    "Anna, c'est bien ça?

    J’acquiesce. Il m'accorde un sourire bienveillant avant de se présenter lui-même.

    -Je m'appelle Ross. 

    Puis, Nathan se décide enfin à ouvrir la bouche.

    -Je suppose que tu sais pourquoi on voulait te voir.

    -Il me semble, oui.

    La scène derrière les buissons lors de la fête de Léo me revient en mémoire. Il faudra un jour qu'on m'explique pourquoi les images les plus embarrassantes sont aussi celles que notre chère mémoire retient le mieux? 

    -Tu en as parlé à quelqu'un ? s'inquiète le joueur.

    Je lui répond aussitôt que non. Je comprend qu'il n'ait pas très envie que tout le monde sache qu'il a une relation avec un autre garçon. Ce n'est pas quelque chose que notre société actuelle accepte toujours avec tolérance. Ils me remercient de n'avoir rien dit. 

    Le serveur revient avec nos commandes et les déposent sur la table avec l'addition avant de repartir. 

    -Je ne comprend pas ce que tu fais parmi les joueurs, par contre. 

    Je sirote mon diabolo en attendant une réponse de la part de Nathan.

    -C'est un peu délicat de refuser de devenir joueur quand on te choisit. En fait, tu n'as pas le choix, c'est une obligation qu'on te donne. 

    Je n'arrive pas bien à cerner ce qu'il me dit. Nathan soupire. 

    -Au départ, j'ai joué le jeu, et puis, je me suis rendue compte que, les filles, c'était pas spécialement ce qui m'attirait et j'ai rencontré Ross.

    Ce dernier lève un peu la main fièrement pour rappeler qu'on parle bien de lui. Je leur demande depuis combien de temps ils se fréquentent et Ross m'informe qu'il sort en cachette avec Nathan depuis les vacances d'été. 

    -Pourquoi tu ne quittes pas le jeu maintenant? C'est gênant pour toi, non? Les autres joueurs ne devraient pas voir d'inconvénients à ce que tu les quittes. Et toi, Ross, ça ne te dérange pas?

    Le garçon hausse les épaules.

    -Je sais qu'il ne tentera rien avec l'un des .. euh.. pions, je crois que vous les appelez comme ça. 

    -Je fais mine de jouer, Anna, mais en réalité, je m'en fiche complètement du jeu cette année. L'an dernier, encore, j'étais à fond au début mais c'est passé. Si je décide de quitter les joueurs, on va me demander des explications et je crains la réaction de certains. Et par "certains", je ne fais pas allusion uniquement aux autres joueurs mais aux personnes du lycée en général. 

    Je hoche la tête, comprenant un peu mieux la situation qui pousse Nathan à faire semblant de continuer à se comporter comme un joueur. 

    -Désolé de t'avoir un peu choquée, s'excuse Ross. 

    -C'est pas grave. Peut-être même que vous avez de la chance que se soit moi et pas quelqu'un d'autre qui vous ai surpris. 

    Ross sourit et Nathan approuve vivement. 

    -Merci de garder ça pour toi, Anna. 

    -Y a pas de quoi. C'est votre couple et ça ne regarde que vous si vous voulez que les gens le savent ou non. 

    Nathan m'adresse un sourire chargé en remerciement. Je pense qu'il est touché par le fait que je respecte entièrement son choix. 

    -Je pensais pas que tu étais une personne aussi sympa. Si un jour, tu as un soucis, fais-moi signe, j'essayerais de t'aider."


    votre commentaire
  •  Point de vue d'Anna:

    Depuis que je connais le secret de Ross et de Nathan, je me suis rapprochée de ce dernier. Au départ, il venait souvent me voir pour s'assurer que je n'avais parlé à personne de son couple avec Ross. Et puis, au final, on avait commencé à discuter de temps en temps, et puis, de plus en plus souvent à propos de sujets très divers. Je pense que l'on peut nous qualifier d'amis. Ou du moins, nous nous en rapprochons. Ce rapprochement soudain n'a, cependant, pas l'air de plaire à tout le monde. Ethan se méfie de Nathan. Quand il me ramène chez moi, le soir, après les cours, il me répète sans arrêt de rester quand même loin de lui. Ethan ne sait pas pour l'autre joueur et Ross. D'ailleurs, en parlant de ce dernier, il n'est pas dans notre lycée. Et puisque Nathan ne veut parler de lui à personne, et bien, il semblerait que je sois devenue sa nouvelle confidente en ce qui concerne Ross. C'est , en tout cas, ce que je constate.

    Je crois que je peux dire que je me suis acclimatée à mon nouveau lycée. Je ne ressens plus cette peur au ventre, le matin en y venant. Je ne crains plus tellement les joueurs. Nathan et Ethan ne cherchent pas à prendre mon bracelet. Byron semble avoir oublié que je suis un pion et, quant à Léo, il m'ignore ces derniers temps. Il reporte son attention sur Amandine. Et je ne risque pas de m'en plaindre. Oui, je crois que je peux même dire que je suis heureuse en ce moment. Tout roule. Et j'espère que les choses ne vont pas changer de si tôt. 

    Alors que je commence à somnoler en cours d'histoire, le professeur hausse la voix.

    "Je vais vous donner un devoir à me rendre le mois prochain, déclare-t-il.Vous devrez me faire un exposé sur la guerre d'Algérie et plus précisément sur les mémoires et le rôle que l'historien a eu suite à cette guerre. Vous serez par groupes de deux. 

    Des murmures s'élèvent parmi les élèves. Ils souhaitent constituer les binômes le plus tôt possible afin d'être sûrs de travailler avec un copain ou une copine. Le professeur réclame le silence.

    -Oh non, mes petits. Vous avez cru que je vais vous laisser me faire un travail bâclé, sous prétexte que vous serez avec le bon ou la bonne copine? Vous vous mettez le doigt dans l’œil, mes loulous.  J'ai déjà fait les binômes. Et inutile de protester, je ne reviendrais pas sur ma décision."

    Quand il nous annonce cela, je crois qu'il prend un malin plaisir à regarder nos têtes déçues. Il annonce par la suite les binômes. Je pense que peu importe avec qui je suis, cela me conviendra. Mais, finalement, j'ai bien vite déchanté. Je vais devoir faire cet exposé avec Léo. Déjà que l'approcher ne me plait pas comme idée alors, si en plus, je dois travailler avec lui... Cela risque d'être un peu compliqué. 

    "T'en fais pas. S'il se montre désagréable, je me chargerais de lui remettre les pendules à l'heure, tente de me rassurer Mathilda. 

    -Je ne pense pas que ça soit nécessaire", je lui réponds en souriant. 

    Si le destin existe, il doit m'en vouloir pour une raison que j'ignore. Tout allait bien. Il faut croire que la sérénité a toujours un temps limité. Quand elle est là et que tout est pour le mieux dans votre vie, mais il suffit d'un instant pour qu'elle parte. Cependant, elle revient toujours après, avant de s'en aller de nouveau. La sérénité me semble comparable à des montagnes russes. 

    Plus j'y pense, plus je me dis que Léo non plus ne doit pas être bien ravi de devoir travailler avec moi. Je suis à peu près certaine que s'il avait pu, il aurait choisi quelqu'un d'autre. J'ai beau être un pion, et même son pion, je mène une vie bien plus calme et plus discrète que les autres jusqu'à présent. Et je continue de croire que c'est de la chance. 

    Après le cours d'histoire, Léo vient me voir avant que je n'ai terminé de ranger toutes mes affaires dans mon sac.

    "Je sais que tu es aussi contente que moi qu'on doive bosser ensemble.

    Oh? Monsieur fait dans l'ironie? Je ne devrais pas penser de cette façon. Il va peut-être dire quelque chose de bien par la suite... Même si je trouve que "Léo" et "bien" dans une même phrase, cela a un côté assez dérangeant et irréel. 

     -Du coup, autant qu'on s'en débarrasse le plus vite possible.

    -On est d'accord sur ce point.

    -Dans ce cas, viens chez moi samedi après-midi."

    Il part. Léo ne se demande même pas si j'ai quelque chose de prévu ce week-end! Bon... la réponse est non, mais quand même! Et puis, pourquoi j'irais chez lui ? Il pourrait venir. Je crois que je me suis faite avoir. Je soupire. Du coup, je suppose que je n'ai pas vraiment le choix. Mon samedi après-midi, je vais aller chez Léo... Quelle joie.. J'espère qu'il va travailler et qu'il ne compte pas me laisser faire tout le travail.

    Point de vue de Byron:

    Je suis profondément agacé. Cette année, je veux gagner. Oui, je veux gagner les virginity games. L'an dernier, Ethan a obtenu le plus de bracelets tandis que Léo et moi, nous étions à égalité, et Nathan était celui qui en avait le moins. 

    Il faut que je rattrape Léo. Nathan ne semble pas encore bien lancé dans la chasse aux bracelets. Ethan, lui, rame autant que moi. Je sais qu'il faut que j'arrête de me concentrer uniquement sur Carolina. J'ai fini par le comprendre, son petit manège.  Je fais tous les efforts possibles pour elle, pour tenter de la convaincre que je suis un mec bien et qu'elle doit me faire confiance. Et elle a bien saisi, la maline, que je lui obéis à la lettre dès qu'elle me demande quelque chose. Elle me mène par le bout du nez et elle le sait parfaitement. Je n'obtiendrais rien d'elle en continuant de la sorte. Il me faut changer de méthode, même si je ne sais pas encore comment faire pour reprendre le contrôle sur la relation que j'entretiens avec elle.

    Les virginity games, il faut les voir comme un jeu du chat et de la souris. C'est, en gros, un assez simple résumé. Et, pour le moment, avec Carolina, je suis la souris et elle, le chat. Le coeur de mon problème se trouve justement là. Le chat, cela devrait être moi et non elle. Je déteste trop réfléchir. Par conséquent, cette situation ne me convient pas du tout. Je dois inverser nos rôles tout en lui laissant le sentiment que c'est elle qui mène encore la danse. Sinon, je crains qu'elle ne se braque sur elle-même et que je doive, de ce fait, recommencer tout à zéro avec elle, si un autre joueur n'en a pas profité avant. 

    Mon premier but est de montrer à Léo que je suis encore dans la course et que je suis un concurrent sérieux. Il ne faut pas qu'il prenne trop vite la grosse tête. Même s'il y a peu de chance sur ce point ci. Léo est un mec raisonné sous ses airs d'imbécile. Et puis, je sais qu'il a d'autres problèmes que simplement les virginity games, dans la tête. 

     Il me reste encore mes deux pions. Pour l'instant, je préfère oublier Carolina car je stagne trop avec elle. Je tourne en rond. Il reste donc Beverley. Je n'ai pas trop tenté de l'approcher jusqu'à présent. Pourquoi? Et bien, je ne sais pas trop. Elle me plait moins que Carolina, c'est sûr, et son caractère n'est pas connu pour être le plus doux. Après, je peux très bien tenter ma chance auprès des pions des autres joueurs. Mais là encore, je suis un peu limité. Pour le moment, je ne veux pas essayer de draguer ni Mathilda ni Anna car ce sont les potes de Jenny. 

    Jenny... Notre relation s'est bien dégradée en très peu de temps. En fait, c'est à partir de la seconde, quand j'ai été nommé apprenti que nous avons commencé à nous prendre la tête pour un peu tout et n'importe quoi. Elle était contre le fait que je devienne un joueur. Et, je la comprend un peu. J'essaye de me mettre à sa place. Si j'avais un frère jumeau, est-ce que, étant une fille, j'accepterais qu'il participe à une sorte de concours pour savoir lequel des participants couchent avec le plus grand nombre de filles? Il me semble que je l'aurais très mal pris et que j'aurais réagi comme Jenny. Cependant, c'est  aussi cette réaction de sa part qui m'a poussé encore plus vers ce jeu. Depuis qu'on est gosse, on nous compare l'un à l'autre comme si nous étions deux côtés d'une même pièce. J'en avais assez qu'on me dise sans arrêt que je me laissais marcher sur les pieds par ma soeur, qu'on se ressemblait comme deux gouttes d'eaux, qu'elle et moi, nous étions complémentaires. Ce sont plein de petits détails de la sorte, récoltés et non oubliés depuis des années, qui m'ont également, poussé à accepter la place d'apprenti puis de joueur. Ce jeu, c'est une façon pour moi de montrer que je suis pas comme ma soeur, que nous sommes différents et que je peux très bien me gérer et exister sans elle. Et j'ai réussi. Plus personne ne nous associe sauf peut-être sur certains traits de caractères physiques mais c'est tout  à fait normal. J'existe par moi-même, maintenant, mais le prix a été lourd à payer. Jenny et moi sommes devenus des étrangers l'un pour l'autre. Et le fait qu'elle ait été choisi comme pion l'année dernière n'avait rien arrangé. Un fossé s'est creusé entre nous. Et, même si j'en souffre, car il faut bien l'avouer, elle me manque, je ne regrette pas. La seule chose que je ne veux pas, c'est dégrader encore plus le peu de lien qu'il nous reste. Si je veux éviter de la perdre définitivement, je dois sans doute éviter de prendre les bracelets de ses copines. 

    Par conséquent, je porte mon choix vers Beverley. C'est un de mes pions. Je l'ai choisi, autant que ce soit moi qui arrive à lui prendre son bracelet. Je lui envois un message pour lui proposer un rendez-vous.

    Point de vue d'Anna:

    Nous sommes samedi. Je suis devant chez Léo, ma mère vient de me déposer. Je suis sortie de la voiture à reculons et cela fait plusieurs minutes que je contemple la sonnette en face de moi, devant le portail sans oser appuyer. Je pourrait parfaitement partir. J'y songe plus que fortement. Seulement, je sais que c'est une mauvaise idée car il y aurait des représailles de la part de Léo, j'en ai malheureusement ou heureusement bien conscience. 

    Décidément, je me sens piégée. A cause de cet exposé, nous allons devoir passer plusieurs heures ensemble et nous parler, ce que je redoute plus que tout. Et puis, je ne me fais pas d'illusion, nous n'aurons jamais tout terminé d'ici la fin de l'après-midi. Cela signifie que nous devrons encore nous revoir, ou du moins, nous répartir le reste du travail mais dans tous les cas, nous devrons communiquer. 

    Soudain, j'entends le bruit d'une fenêtre qui s'ouvre alors que je n'ai toujours pas sonné. Léo apparaît à la fenêtre tandis que je lève la tête.

    "Tu te décides à entrer oui ou non? L'exposé ne va pas se faire tout seul. Et puis, tu me fais pitié à rester plantée comme ça. Allez! Dépêche-toi un peu! C'est ouvert.

    -C'est bon, ne me cris pas dessus, j'arrive."

    Il émet un grognement en refermant sa fenêtre. Je pousse le portail pour entrer. Le temps que j'arrive à la porte d'entrée, il vient m'ouvrir. Nous ne nous saluons pas. Par politesse, je veux saluer ses parents mais Léo m'apprend que ceux-ci ne sont pas là pour le moment. 

     Nous nous rendons dans sa chambre que je pensais en désordre. Étonnamment, sa chambre est très bien rangée. Il me montre son bureau et va me chercher une chaise pour que je puisse m'asseoir à côté de lui. Je le remercie et nous commençons. 

    De quoi avais-je vraiment peur en venant chez lui? Il a un comportement tout à fait normal. Sauf que ce comportement paraît anormal chez lui. J'ai un peu honte d'avoir pensé qu'il me laisserait faire tout le travail seule car, ce n'est pas du tout le cas. 

    Nous parlons uniquement de l'exposé. Je pensais qu'il essaierait de se rapprocher de moi, comme il a déjà voulu le faire par le passé. Il faut croire que mon bracelet n'est plus l'une de ses priorités. Il doit se sentir un peu en sécurité, puisqu'il a une longueur d'avance sur les autres joueurs. C'est affreux ce que je pense et je m'en veux aussitôt. Je commence à vraiment considérer ce jeu comme une compétition dont les pions sont justes des objets. Ce jeu est horrible par le fait que, doucement, il arrive à transformer votre vision des choses. 

    Alors que nous avançons plutôt bien dans notre exposé, j'entends le bruit d'une porte qu'on ferme dans la maison puis des voix. Les parents de Léo sont rentrés. 

    "Je devrais peut-être aller leur dire bonjour, c'est la moindre des choses, dis-je en me levant.

    Léo lève les yeux vers moi et s'interpose entre moi et la porte de sortie de sa chambre.

    -Mauvaise idée. On va perdre du temps. Retourne t'asseoir."

    Je fronce les sourcils. Il ne m'a pas parlée de manière désagréable mais le ton, qu'il a employait, était assez autoritaire. Je me demande alors si quelque chose ne tourne pas rond chez lui. Je retourne travailler même si je considère impoli le fait de ne pas aller, au moins, signaler ma présence à ses parents. D'ailleurs, je suis un peu surprise qu'il n'aille pas, lui-même, les voir. 

    Nous travaillons dans le silence, se parlant que lorsque nécessaire. Je ne suis pas en compagnie du joueur, pour la première fois, mais je suis réellement en compagnie de Léo. Je me faisais l'idée un garçon flemmard. J'ai sans doute dû me tromper et je regrette un peu de l'avoir jugé trop vite. En revanche, je pense toujours que c'est une ordure, lui et les autres joueurs. 

    En fin d'après-midi, mon père vient me chercher. Il devrait arriver dans peu de temps. Même si nous n'avons pas terminé, nous avons bien avancé au niveau de notre exposé.

    "Tu m'as ralenti, se plaint-il.

    -On aurait jamais pu tout finir en si peu de temps de toute manière.

    Il s'affale sur son lit en grognant. Je suppose qu'il ne pensait pas que ce travail prendrait autant de temps. 

    -On devra se revoir pour terminer tout ça, soupire-t-il. Tu sais que je t'en veux toujours pour le comportement que tu as eu envers moi à ma fête. 

    Il m'adresse un regard sévère. Et, tout à coup, alors que je devrais pas, je me sens coupable. Je balbutie de minables excuses alors que je ne le devrais pas. En un instant, j'ai ruiné le peu de courage que j'ai eu dans ma vie. Léo affiche un sourire carnassier car il a obtenu ce qu'il voulait: des excuses de ma part. Pour lui, c'est une marque qu'il m'intimide, ce qui est vrai, et surtout, il me montre qu'il peut arriver à me faire culpabiliser de quelque chose que je ne devrais pas. Il méritait grandement ce que je lui ai dit ce soir-là. Je n'aurais pas dû m'excuser. Mais, c'est mon tempérament. Je regrette trop facilement et, il est simple de me faire culpabiliser. 

    -Je te prouverais, d'une manière ou d'une autre, que je ne suis aussi monstrueux que tu le crois.

    -Je me demande comment tu vas t'y prendre.

    -Tu verras", me lance-t-il sur ton malicieux avec un petit clin d’œil.

    J'ai envie de soupirer. L'instant où il était tout simplement Léo est passé et il vient de redevenir le joueur dragueur. 

    Alors que je reçois un message de mon père qui vient de se garer dans la rue et qui m'attend, nous entendons des cris provenant d'une dispute. Je jette un regard à Léo qui semble sans réaction. Ses parents ont l'air de se fâcher l'un contre l'autre de manière assez forte, pourtant, il n'exprime rien sur son visage impassible.

    "Ton père t'attend. Tu devrais partir tout de suite."

    Il ouvre la porte de sa chambre et le volume sonore de la dispute s'intensifie. Je suis assez gênée. En nous dirigeant vers la porte d'entrée, nous passons devant les parents de Léo. Ils ne nous remarquent même pas. Je suis gênée d'assister, même de façon brève, à cela. Je jette un autre coup d’œil à Léo, qui a toujours cette expression impassible sur le visage. S'il se comporte de cette manière, j'en conclus que ce genre de scènes se passent assez souvent chez lui. J'ai dû ralentir le pas car il me pousse un peu pour me forcer à marcher plus vite. 

    Léo m'a presque chassée de chez lui. Dès que j'ai mis un pas dehors, il a refermé la porte. Je rejoints mon père en repensant à ce que je viens de voir. Mon père me demande, sur le chemin du retour, si nous avons bien travaillé. Je lui répond de manière assez distante. J'ai l'esprit ailleurs. Je suis assez touchée par l'atmosphère que j'ai pu sentir chez Léo, juste avant que je quitte sa maison. Je l'ai vraiment vu comme quelqu'un d'humain. C'est assez dur à expliquer mais, dans son impassibilité, il y avait une sorte de détresse. C'était comme s'il voulait ignorer, oublier ce qui se passait pourtant sous ses yeux. Je pense que c'est pour cette raison qu'il m'a pressée de partir. Il n'était pas à l'aise non plus mais il ne voulait ni le monter, ni l'avouer. Léo ne voulait pas que je salue ses parents quand ceux-ci sont rentrés, peut-être parce que, justement, il craignait que je n'assiste à une dispute entre eux. Je me demande alors quel genre de relation Léo a-t-il avec ses parents. Lui comme moi, nous ne sommes pas encore des adultes même si nous nous en rapprochons. Je sais que si mes parents se comportaient comme cela, j'en souffrirais énormément. Est-ce que Léo en souffre? Probablement. 

    Je cesse de le voir uniquement comme un joueur pathétique qui n'a rien trouvé de mieux que les virginity games pour s'occuper. Derrière Léo, le joueur, il doit forcément exister un Léo plus sensible, plus humain. Et ce Léo-ci , je l'ai découvert un peu aujourd'hui. Il se cache derrière un apparence qui n'est pas réellement la sienne. Pourquoi ferait-il cela? Je n'en sais rien, je ne le connais pas assez pour faire une hypothèse. Cependant, j'aimerais bien savoir à quoi ressemble cette autre facette de lui, celle où il ne joue aucun rôle. 


    votre commentaire
  • Point de vue d'Ethan:

    Quand je regarde mon portable, j'ai l'impression que quelque chose ne tourne vraiment pas rond dans ma vie. Je relis le nom des contacts avec lesquels j'envois le plus de message. Et, quand  je remarque que la personne avec qui je communique le plus, en ce moment, est Mathilda, je commence sérieusement à mes poser des questions. Bien sûr, il ne faut s'imaginer, que ce qu'on se dit dans ces messages, sont de tendres paroles. Non, généralement, on s'insulte pas mal. 

    Elle est mon dernier pion et, même si c'est devenue une amie d'Anna, je ne vais sûrement pas me gêner pour essayer de lui prendre, à un moment ou un autre, son bracelet. Étrangement, je sais que Mathilda, malgré tout ce qu'elle pourra dire, ne me déteste pas. Elle affirmera le contraire mais j'ai l'intuition que ses paroles sonnent faux.Bon après, je me fais peut-être des idées. Elle est contre le fait et me déteste en tant que joueur, mais je suis à peu près certain qu'en tant que personne, je ne lui suis pas insupportable. 

    Quand j'étais un peu plus jeune, les filles, c'était pas ma priorité. Quand j'avais une copine, je m'en plaignait pas, bien sûr, mais ne pas en avoir ne me dérangeait pas. Puis, j'ai été désigné comme apprenti. Je n'avais pas compris, au début. Les joueurs, je n'en connaissais aucun. Je ne connaissais rien au principe des virginity games. Et puis, en tant qu'apprenti, j'ai dû surveiller les pions des anciens joueurs. Je me suis familiarisé avec ce jeu à tel point qu'il est entré dans mon quotidien et, qu'à présent, il me paraît banal. Qu'on me reproche ce que je fais ne m’atteint même plus. 

    Comme tous les matins, j'attends Anna pour l'emmener au lycée. Elle me casse les pieds en ce moment. J'ai beau lui dire de se méfier de Nathan, car lui, je vois bien qu'il vient mine de rien, lui faire la conversation et qu'il la fait rire. Et c'est déjà un bon début pour flirter par la suite avec elle. Je lui dis, tous les jours, qu'il n'est pas clair, que comme les autres joueurs, son but est les bracelets, j'ai l'impression qu'elle n'en a rien à faire.  La Anna que j'ai toujours connu se serait inquiétée et aurait pris ses distances... Il y a un élément qui a dû m'échapper. Je n'ai pas envie que ce blondinet  à lunettes lui fasse du mal. 

    Et puis, j'ai un autre soucis en ce qui concerne Anna. Je sais que je me suis refusé de me l'avouer durant longtemps. Trop longtemps même. Si elle me voit comme un ami, et je me suis efforcé de l'être durant des années, je sais que ce n'est pas ce que j'aimerais. Anna me plait. Et être juste un ami pour elle m'insupporte de plus en plus. Surtout quand je vois Nathan ou Léo lui rôder autour comme des vautours. Je suis jaloux et ce n'est pas bon du tout. En tant que joueur, je n'ai pas le droit d'avoir un sentiment amoureux envers un pion. Cependant, au-delà de cette règle, si je veux être avec Anna depuis un moment, ce n'est pas son cas. Je ne suis pas idiot. Je vois bien qu'en tant que copain, je ne l'intéresse pas. 

    Je me suis réellement rendu compte qu'elle me plaisait quand elle est venue chez moi un après-midi. On était dans mon jardin, on parlait et riait. Je l'avais trouvé vraiment belle en train de rire et j'avais eu envie de la prendre dans mes bras, et même, clairement, de l'embrasser. A la place, je lui ai dit que son sourire était magnifique. Elle s'est totalement braquée sur elle-même. Et c'est aussi à ce moment, que j'ai compris que, pour le moment en tout cas, je n'ai aucune chance avec elle. 

    La vie est étrange des fois. Il n'y jamais eu d’ambiguïté entre nous. On a toujours été amis et cela nous a toujours convenu. Jusqu'à récemment, je n'avais pas pris conscience d'à quel point je pouvais la trouver attirante. Je me demande si je ne l'ai pas toujours aimé mais que je refusais d'en prendre conscience parce que je savais que cela compliquerait grandement ma relation avec elle.   

    Elle sort de chez elle et monte dans ma voiture, souriante.

    "Salut, me dit-elle d'un ton joyeux.

    -T'es bien contente d'aller en cours.

    Elle hausse les épaules.

    -Autant être de bonne humeur plutôt que de faire la gueule, non?

    -Voir la vie du bon côté plutôt que du mauvais?" je lui demande en souriant.

    Elle hoche la tête pendant que je démarre. 

    Point de vue d'Anna:

    Encore une fois, alors que je descends de sa voiture, Ethan me recommande de ne pas accorder ma confiance à Nathan. Je lui souris en lui répondant qu'il n'a pas à s'en faire pour moi. Il me fatigue un peu avec Nathan. J'ai l'impression que cette mise en garde est devenu une obsession pour lui. Qu'est-ce qui l'inquiète tant que cela? Bon, d'accord, il ne sait pas que Nathan est en réalité gay, mais il cherche plus à m'éloigner de Nathan que de Léo. Sûrement car Ethan a dû remarquer que je m'entendais bien avec le joueur blond contrairement à Léo.

    D'ailleurs... quand on parle du loup... le voilà qui arrive. 

    "Anna! Anna! Oh! Anna, je te cause!

    Faire semblant de ne pas l'avoir entendu ne marche pas. Note à moi-même, éviter de l'ignorer la prochaine fois car, à voir son visage, il a remarqué que je voulais l'éviter et cela ne lui a pas plu apparemment. 

    -Oui? fis-je sur un ton innocent comme si de rien n'était.

    -Je voulais te parler de l'exposé. Au lieu qu'on se revoit une deuxième fois, on a qu'à se répartir le travail comme ça, on bosse chacun de notre côté.

    Cette idée me semble brillante et je me désole de pas l'avoir eu avant. J'approuve donc. Nous nous partagerons le travail qu'il nous reste à faire plus tard. Si Léo est un gars affreux avec les filles, il n'en reste pas moins sérieux quand il s'agit de ses études. C'est assez étrange car les garçons comme lui, j'aurais plutôt tendance à les considérer comme bons à rien, et ne pensant pas du tout aux études. 

    Il reste encore du temps avant le début des cours, je cherche Jenny et Mathilda. Je croise alors Kim qui est en train de se disputer avec Amandine. Je préfère rester loin d'elles. Ces filles n'apportent que des problèmes. 

    "T'as couché avec Léo et tu crois qu'on va rester pote? Tu te mets le doigt dans l'oeil. 

    La voix d'Amandine est calme. Elle regarde Kim avec un tel mépris que j'en ai des frissons. 

    -C'est pas comme si tu l'aimais. Qu'est-ce que ça peut te faire de toute façon? réplique Kim. 

    -C'est un manque de respect. Tu as marché sur mes plates-bandes. "

    Je n'entends pas la suite de leur conversation houleuse car je me suis déjà éloignée. Mes oreilles ont l'impression d'halluciner. En entendant parler Amandine, j'ai l'impression qu'elle parle d'un terrain de chasse, d'une propriété. Je me rend compte que les joueurs ne sont pas les seuls à prendre les autres pour des objets. Certains pions considèrent aussi les joueurs comme des tremplins vers une certaine notoriété. Plus les jours passent, plus j'éprouve du dégoût pour les virginity games. Ce jeu est pourri jusqu'à la moelle. Les joueurs ne valent pas grand choses mais certains pions ne valent pas mieux qu'eux. 

    En pleine réflexion, je ne vois ni Mathilda ni Jenny qui sont pourtant en face de moi. Je ne les remarque que lorsque la soeur de Byron m'appelle. 

    "Et bien, j'ai cru que tu n'allais pas t'arrêter, me charrie Jenny. 

    -J'étais perdue dans mes pensées, dis-je en lui faisant la bise. 

    -Et lesquelles? Sans vouloir être indiscrète, me demande Mathilda. 

    -Un peu tout et rien à la fois."

    Maintenant que je commence à bien les connaître, j'ai pu constater le côté très curieux de Mathilda. Elle adore être la première au courant de tout. Le midi, elle nous raconte tous les derniers potins qui circulent dans le lycée. Pas besoin d'un journal quand vous avez une Mathilda à vos côtés. 

    Alors que nous sommes en cours, Mathilda m'explique qu'Ethan veut lui donner un rendez-vous.

    "Il n'a aucune respect pour toi en essayant de me draguer. Il m'énerve."

    Je ne sais pas quoi lui répondre alors je lui adresse juste un pauvre sourire désolé en haussant les épaules. Qu'est-ce que je peux y faire? Certes, je peux peut-être un peu influencer Ethan mais je ne peux l'empêcher de tout. Je serais mal placée pour lui interdire quelque chose. 

    Le midi, je vois Kim déjeuner toute seule. Je ressens de la peine de la voir ainsi rejeter. J'ai du mal à croire que Mathilda et Jenny soient insensibles à ce qui lui arrive. Après tout, elles la connaissent depuis plus longtemps que moi, elles devraient forcément ressentir quelque chose en la voyant ainsi. 

    "Vous ne voulez pas qu'on lui propose de venir avec nous? je suggère.

    -Non", me répond Jenny.

    Elle n'emploie pas un ton méchant mais il ne laisse place à aucune discussion. Mathilda regarde Kim et, je vois bien, à travers ses yeux, qu'elle a l'impression que c'est un peu de sa faute si Kim se retrouve seule aujourd'hui. 

    Une évidence me frappe au beau milieu de la journée. Qu'est-ce que cela signifie vraiment pour moi de gagner les virginity games? Pour moi ou pour un autre pion d'ailleurs. On reste vierge, d'accord, ça c'est un point quand même important puisque c'est l'un des critère d'admission pour les pions par les joueurs lors de leur choix. Si un pion sort victorieux, il n'a pas gâché sa première fois avec un mec qui se sert des filles dans le but de gagner une compétition. Surtout que la première règle de ce jeu banni les sentiments amoureux. Et puis après? Les joueurs arrivent quand même à en embobiner certaines, à la fin, l'un d'eux est déclaré vainqueur. Même si on gagne, on perd quand même. Ce jeu ne s'arrêtera pas sous prétexte qu'un pion ne s'est pas fait prendre son bracelet. C'est une spirale infernale. J'aurais la conscience d'avoir résister à ses malotrus mais j'aurais aussi la tristesse de savoir que, l'an prochain, le même schéma se répétera avec de nouveaux joueurs. 

    En sortant de cours et en me rendant sur le parking, je fais un petit bout de chemin avec Nathan qui vient, lui aussi, de sortir de classe. 

    "Nathan, je peux te poser une question? 

    -C'est déjà fait. Mais, vas-y, pose m'en une autre.

    -Qu'est-ce que cela signifie réellement de gagner ce jeu?

    Il semble un peu étonné par ma question et fronce les sourcils.

    -Tu parles pour un joueur ou pour un pion? 

    -Les deux.

    Il regarde devant lui et réfléchit quelques instants à la réponse qu'il va me donner. 

    -En ce qui concerne un joueur, c'est une satisfaction assez machiste. Il se sait le plus fort d'un certain point de vue. Quant à un pion, honnêtement, je ne sais pas. Tu penses que tu garderas ton bracelet?

    Lorsqu’il me le demande, je me rend soudainement compte que, jusqu'alors, j'ai eu peur que l'un des joueurs ne me prennent ce fameux bracelet. Alors, qu'en réalité, tout dépend de moi. De moi et uniquement de moi. Ce n'est pas des joueurs que je devrais m'inquiéter mais de moi-même. Ils n'ont pas le droit de nous forcer, dans ce cas, je dois être consentante. Et si, le joueur a tout mis en oeuvre pour que je le sois, c'est ma décision finale d'accepter ou non. 

    -Je ne sais pas.

    Ma réponse me perturbe encore plus. Elle est sortie de ma bouche, comme cela, par réflexe. Je suppose que j'ai un très gros doute sur l'avenir. 

    -Que je perde ou que je gagne, cela ne leur prouvera rien. Ils ne changeront pas de comportement pour autant. Que je gagne ou que je perde, je veux juste ne pas douter de mon choix et être capable de l'assumer. 

    -J'avais jamais entendu quelqu'un raisonner de cette façon. C'est intéressant", me sourit-il.

    Nous nous quittons et je rejoints la voiture d'Ethan. Ce dernier arrive quelques minutes plus tard. D'ordinaire, il est là avant moi.

    "Ton prof vous a laissé sortir en retard?

    -Ah non. Je planifiais un rendez-vous avec ton dragon de copine.

    -Mathilda?

    -En chair et en os. A chacune de mes propositions, elle me disait qu'elle avait un truc de prévu.

    Il grince des dents en regardant le feu rouge qu'il trouve très lent à passer au vert. 

    -Tu n'es pas le centre de sa vie. Déçu?

    -Totalement, ironise-t-il. M'enfin, j'ai quand même eu ce que je voulais. Elle est pas la seule à être coriace. "

    Parfois, je me demande comment l'Ethan de mon enfance a pu dériver pour avoir cette manière de penser. Je voudrais bien savoir comment il a pu changer. Je reconnais encore en lui des traces du Ethan que j'ai toujours côtoyé mais une partie de lui est différente. 

    Je sais qu'en grandissant, les personnes changent. Je suppose que rien n'est fixé pour l'éternité. On est amené à évoluer que ce soit dans un sens positif ou négatif. Ce serait égoïste de ma part de vouloir l'empêcher d'être ce qu'il est même si, cette personne qu'il est devenu, m'attriste un peu. Comment pourrais-je lui demander de redevenir le garçon doux comme un agneaux et soucieux des autres alors que moi-même, j'ai changé. Je le sais. J'ai pu constater que j'avais plus en confiance en moi-même, que je pouvais à présent me défendre seule sans forcément avoir besoin qu'on m'épaule comme avant. Je ne suis pas une personne forte. Et je ne le serais probablement jamais. Cependant, je cherche à prendre mon envol et je commence à y arriver. Est-ce qu'Ethan reconnait en moi l'Anna qu'il a toujours connu, j'en doute fortement. 

    "Ethan? Est-ce que tu reconnais en moi l'Anna que j'étais avant cette année?

    Je pense qu'il est un peu surpris par ma question. Décidément, aujourd'hui, je les enchaîne, les réflexions étranges ainsi que les questions qui les accompagnent. 

    -Non. Tu as un comportement plus naturelle avec tout le monde. Tu t'affirmes de plus en plus. Je suis heureux pour toi. Sincèrement. J'espère que tu vas continuer d'avancer comme tu le fais. Tu n'es plus la petite fille fragile qui se caché derrière moi dès qu'elle avait des soucis. Je savais qu'un jour, tu pourrais être enfin toi-même, chaque jour, sans t'effacer. Et je crois que ce jour est arrivé. T'as encore besoin qu'on te pousse vers l'avant. Je serais toujours là pour toi, Anna."

    Je suis émue par ce qu'il me dit. Ethan est la personne qui me connait le mieux. Il en sait plus sur moi que jamais ne pourra en savoir Mathilda ou Jenny. Ce qu'il  me dit m'encourage encore plus  à aller de l'avant. Je compte bien continuer de progresser. Ce n'est d'abord pas aux autres que je veux montrer que je peux exister par mes propres choix. C'est à moi-même que je veux le prouver. 


    votre commentaire
  • Point de vue d'Anna:

    Je réfléchis de plus au plus au sens de gagner ou de perdre les virginity games. Pour autant, je ne trouve pas vraiment de réponse très claire. Il faut que j'arrête, de toujours, autant réfléchir. En faisant mes devoirs, je porte ma main à mon cou à la recherche de mon collier. J'ai l'habitude de le triturer souvent. J'ai un mouvement de panique en remarquant qu'il n'est pas là. Puis, je me rappelle que je l'ai perdu. Je soupire. 

    C'est à ce moment que je reçois un message de Léo qui me dit qu'il a fini sa partie de l'exposé et qu'il serait bien qu'on se voit pour finaliser notre présentation. De mon côté, j'ai également terminé ma partie alors je lui répond qu'il n'y a pas de soucis. Plus tôt nous aurons fini, plus tôt je ne serais plus obligée de lui parler autant. 

    Le lendemain, lorsque j'arrive au lycée, je trouve une Jenny dans tous ses états.

    "Jenny? 

    -Oh! Anna!  Il s'est passé un truc hallucinant hier soir!"

    Hallucinant? Vraiment? En tout cas, je ne suis au courant de rien. Mais je suppose qu'elle va m'en faire le récit. D'ailleurs, c'est ce qu'elle fait immédiatement. 

    "Tu la connais, Carolina? C'est un des pions de mon frère.

    -Oui. Elle est plutôt sympathique. Pourquoi? 

    Byron lui aurait-il pris son bracelet? J'en serais à moitié surprise car il mettait tout en oeuvre pour la séduire. Cependant, elle n'avait pas l'air de tomber sous le charme du frère de Jenny. 

    -Elle habite près d'un bois, en dehors de la ville. Et bien, figure-toi que dans son jardin, une famille de sangliers a élu domicile.

    Jenny hésite à rire. C'est vrai que la situation relève un peu du surnaturelle. Je pense même a une blague, au début, mais je ne vois pas l'intérêt de Jenny de faire cela. Cette dernière reprend:

    -C'était trop dangereux pour elle et sa famille de rester chez eux. Ses parents sont à l'hôtel , et mon frère, quand il a appris qu'elle ne pouvait pas rester chez elle, lui a proposé de venir à la maison. Nos parents ont accepté. Elle va rester quelques jours chez nous. 

    -Tu en as l'air bien heureuse.

    -Je l'aime bien, moi. Et puis, si je peux m'allier avec elle pour énerver mon frère, je ne vais pas m'en priver."

    Jenny se frotte les mains. Je ne doute pas qu'elle a pleins d'idées pour embêter le plus possible son frère. J'imagine quelle surprise Carolina et sa famille ont pu avoir quand ils ont découvert des sangliers dans leur jardin. Ce n'est pas commun. Jenny raconte aussi cette petite histoire à Mathilda. Et la réaction de celle-ci est aussi surprenante que le récit de Jenny.

    "Oh, tu sais, plus grand chose ne m'étonne. Des sangliers dans un jardin? Pourquoi pas. En vacances chez mes grands-parents, dans un village paumé, j'ai bien croisé un loup en pensant que c'était un chien."

    Et bien... après les sangliers, voici les loups. Les bêtes sauvages ont du succès aujourd'hui. Mathilda nous explique plus en détails ce qu'il lui est arrivé. Elle était partie faire un footing tôt le matin, quand elle était tombée nez à nez avec un gros chiens errant. Celui-ci avait montré ses crocs comme pour la mordre. Elle était restée calme  et elle avait pris son temps pour le contourner lentement sans jamais lui tourner le dos. La bête ne l'avait pas poursuivi. Ce n'était que deux jours plus tard qu'elle avait appris, en lisant le journal local , que ce chien était en fait un loup. Je n'ai jamais vécu d'histoire comparable et j'en suis ravie. A la place de Mathila, je n'aurais pas eu le bon comportement. Je suis certaine que je me serais mise à courir, chose qu'il ne fallait surtout pas faire dans cette situation. 

    Point de vue de Sam:

    Si Nathan m'a choisie pour être un de ces pions c'est que je dois lui plaire un minimum, non? Pourtant, j'ai l'impression de ne pas vraiment exister pour lui. Il est distant. En tant que joueur, je l'imaginais plus dragueur et plus à la recherche de la compagnie de ses pions. Nathan a un comportement étrange. 

    Et puis, j'ai un gros problème. Je m'attache très vite aux autres, ou plutôt, j'ai besoin de m'attacher vite. Ce n'est pas vraiment de l'amour. Cependant, je n'arrive pas à concevoir ma vie sans être attirée, quelque soit le moment, par quelqu'un. Cela a toujours été ainsi depuis que je suis petite. Je pense que cette obsession de m'accrocher à quelqu'un vient du fait que j'ai toujours été une rêveuse. Malgré cela, il ne faut pas croire que je suis une allumeuse. Au contraire, j'ai pas eu beaucoup de copains et, franchement, je ne vais pas m'en plaindre. Être ou couple ou non sont deux choses très différentes et j'affectionne autant l'une que l'autre.  

    Malheureusement pour moi, je crois que mon esprit trop chimérique a jeté son dévolu sur Nathan. Même si c'est un joueur, je me dis qu'il peut très bien être un garçon tout à fait adorable. Cependant, il y a toujours comme une gêne quand je lui parle. Je ne saurais pas dire ce qui cloche exactement mais je le sens. Je sens qu'il n'est pas vraiment sincère quand il me parle, qu'il cache quelque chose. Je m'en fais peut-être pour rien. Mais on est jamais trop prudent. Surtout que j'ai beaucoup d'intuition. Par conséquent, il est possible que je mène ma petite enquête. S'il s'avère qu'il cache bien quelque chose, je vais découvrir ce que c'est. Dans le cas contraire, mon enquête m'aura bien occupée. 

    "Bon, Sam, tu avances?"

    La voix de Jake me parvient aux oreilles et j'avance car je suis au beau milieu du passage. Il m'arrive, quand je me mets à penser, de ne plus faire attention à ce que je fais. Je suis très tête en l'air. Jake et Valentin sont deux apprentis. Et manque de chance, ils sont tous les deux dans ma classe. Enfin, manque de chance pour moi car Jake, en tant qu'apprenti de Nathan, voit sa tâche se simplifier pour me surveiller. Il sait pratiquement tout le temps où me trouver. Je m'en fiche de lui tant qu'il ne me gêne pas. Et vu qu'il ne m'adresse la parole que très rarement, je ne vais pas me plaindre de lui car, je sais que Valentin, l'apprenti de Byron, suit Beverley non stop en dehors des cours. Je grimace car je n'aimerais pas me sentir ainsi suivi en permanence. 

    "Si tu tiens tant à passer, tu me contournes."

    Le problème avec les apprentis, c'est qu'ils se croient supérieurs. Il faut parfois leur rappeler qu'ils n'ont pas tous les droits. 

     Point de vue d'Anna:

    Un de nos professeur est absent. Par conséquent, nous nous retrouvons avec Léo pour mettre en commun ce que chacun a fait de son côté. Nous rassemblons notre exposé qui, à la fin, nous semble tout à fait satisfaisant. 

    "Et bien, je crois que nous avons terminé.

    -On a terminé, Anna, me sourit-il. 

    Alors que je range les feuilles de notes pour la prise de parole de l'exposé, Léo me dit qu'il a un cadeau pour moi. Je lève la tête en fronçant les sourcils.

    -Un cadeau?

    -Ouais. J'ai pas été super sympa avec toi depuis un moment et j'ai réfléchi par rapport à ce que tu m'as dit le soir de ma fête. Je voulais me faire un peu pardonner. 

    Est-ce que mes oreilles entendent bien? Ce n'est pas une illusion? Les paroles que vient de dire Léo me paraissent totalement sorties d'une autre dimension. Depuis quand est-il capable de regretter des actes et des mots? Je ne vais pas m'en plaindre, bien sûr mais, venant de lui, cela me surprend énormément. 

    -Et qu'est-ce que c'est? 

    Il a attisé ma curiosité. Je me demande si cette histoire de cadeau n'est pas une mauvaise blague ou quelque chose dans le genre. C'est quand même peu probable car il n'aurait aucun intérêt à se montrer encore plus désagréable envers moi qu'il n'a pu l'être. 

    Léo cherche longuement quelque chose dans sa poche de pantalon. Quand il ressort sa main, il tient quelque chose dedans. Je fixe sa main en me demandant ce qu'il cache dedans.

    -Je te l'ai achetée en me disant qu'il t'irait bien.

    Il ouvrit alors sa main pour laisser apparaître un collier. Fier de lui, il s'approche de moi pour me le mettre. Je regarde le bijou d'une façon assez septique. 

    -Où l'as-tu acheté? 

    Mon ton est assez sec, plus que je ne l'aurais voulue. Il s'arrête, surpris de ma réaction.

    -Et bien... en ville, dans une petite boutique. 

    -Le nom de cette boutique?

    -Une fille normale m'aurait remercié du cadeau que je lui fais au lieu de me parler mal comme tu es en train de le faire.

    Je commence à bouillir intérieurement. Léo est clairement en train de se moquer de moi. 

    -Un mec normal ne ment pas sur la provenance d'un cadeau qu'il offre et il ne donne pas à une autre ce qui appartient déjà à quelqu'un.

    Léo fronce les sourcils et regarde le collier. Puis, une lumière d'intelligence passe dans son regard.

    -Tu veux dire que c'est le tient?...

    -Oui."

    Je lui prend le collier des mains et le met moi-même, d'un geste un peu énervé. Léo semble chercher quelque chose à dire pour se rattraper. Il a encore fait une erreur avec moi en m'offrant le collier que j'avais, moi-même, perdu chez lui. Le plus culotté, c'est qu'il ait tenté de me faire croire qu'il l'avait acheté. Mais je ne suis pas stupide. Je l'ai reconnu tout de suite. 

    "Je ne savais pas..., bredouille-t-il.

    -C'est dégueulasse ce que tu voulais faire. Tu as trouvé mon collier chez toi et je paris que tu ne savais pas à qui il appartenait. Alors, tu t'es dit que me l'offrir serait une bonne idée pour que je te vois de manière plus positive. 

    -C'était mon but, en effet. 

    Au moins, il ne nie pas. Et bien, au lieu d'avoir l'effet voulu, Léo obtient surtout l'inverse. 

    -Tu ne t'es pas demandé si ce collier comptait pour la personne qui l'avait perdu?

    -Honnêtement, non. Pourquoi? Tu y tiens?

    -Beaucoup. J'ai eu énormément de peine de l'avoir perdu. Je ne pensais pas que je le retrouverais. 

    Il se gratte l'arrière de la tête, un peu gêné de sa maladresse. 

    -C'est quand même un peu grâce à moi que tu l'as de nouveau en ta possession."

    Je lui lance un regard noir. Enfin, quelque chose que s'en  rapproche car je suis sûre que colérique, je ne suis pas très crédible. Léo ne sait pas comment se rattraper. Il sait qu'il a commis encore une faute qui le fait baisser dans mon estime. 

    Point de vue de Léo:

    Moi qui pensais me rajeter sans débourser un centime.... Il y a même pas une heure encore, je me disais que ce collier ferait son petit effet. Je l'avais trouvé chez moi et vu que je ne savais pas à qui il appartenait, j'en ai conclu que je pouvais parfaitement le garder et l'offrir à l'un de mes pions. Et puisque qu'Amandine est déjà en bonne voie avec moi, il me semblait logique de l'offrir à Anna. J'aurais mieux fait de le donner à Amandine. Comment aurais-je pu prédire que ce collier était celui d'Anna? Je me prend trop la tête cette année par rapport à l'année passée. Non seulement je me prend la tête mais je me plante royalement en plus. Quand je pense marquer des points, je me fais recaler en beauté. Je regrette de plus en plus d'avoir choisi Anna comme pion. Si j'avais su que cette fille m'agacerait autant, je ne l'aurais sûrement pas choisi. 

    "Tu peux quand même me remercier d'avoir retrouver ton collier chez moi.

    -Sûrement pas. Tu as voulu me faire croire que tu l'avais payé de ta poche. Dragueur à la noix, je savais, menteur, ça me paraissait logique mais à ce point, ça me dégoûte. Comment une fille peut-elle te croire sincère avec tout ce que tu fais?

    -Les filles savent que je ne suis pas sincère. Elles s'en font juste l'illusion que je le suis car admettre la vérité est trop dure pour elles. Alors, elles préfèrent se laisser amadouer par des belles paroles."

    Autant que j'arrête de mentir avec elle. Si elle ne croit pas à mes belles paroles, je vais être sincère, peu importe son opinion de moi. De toute façon, je touche le fond avec elle alors qu'elle me déteste un peu plus ou un peu moins, je ne vois pas ce que cela change au final. 

    Anna semble choquée par ce que je viens de lui dire. Elle ne devait pas s'attendre à ce que je lui réponde cela. Cependant, c'est à son tour de me surprendre avec sa question.

    "Qu'est-ce qui ne tourne pas rond chez toi? 

    Je la regarde un moment avant de lui répondre. Je réfléchis à ce que je pourrais bien lui répondre. Je n'ai pas envie de lui sortir une excuse bidon. Je n'ai pas envie de faire des efforts avec elle. Qu'est-ce qui cloche chez moi? Je sais que je ne suis pas un gentil garçon plein de qualités. Il n'y a qu'à voir le nombre de filles que j'ai fait pleurer pour s'en rendre compte. 

    -Tout."


    votre commentaire
  • Point de vue d'Ethan:

    Je joue tranquillement aux cartes avec des gens de ma classe car j'ai un prof absent. On est censé travailler dans ce cas là mais, franchement, quand on a prof absent, on a absolument pas envie de travailler! C'est drôlement mieux quand même de se marrer devant un bon jeu de cartes. 

    Il est 17 heures et pas mal de classe ont fini. Personnellement, je suis assez dégoûtée de les voir partir en sachant que j'ai encore cours dans une heure. Rester pendant une heure de plus pour ensuite avoir cours. C'est de l'arnaque. 

    Soudain, je vois un Léo, sortant de nul part, et semblant plutôt énervé venir vers nous. Je sais que c'est pour moi. Je souris car je ne vois pas vraiment ce que je pourrais faire d'autre. En fait, je suis amusé par la situation. Je fais mine de ne pas savoir ce qu'il me veut. 

    "Un soucis, Léo?

    -Enlève ce sale sourire de ton visage, Ethan! Tu sais parfaitement le problème!

    Ou là... Il est vraiment furax. Je ne devrais peut-être pas faire trop le malin. 

    -Arrête un peu. 

    -Tu parles du collier? je lui demande sur un ton innocent. 

    -Oui!"

    Il grince des dents et je souris. Voilà où cela l'a mené d'écouter mes conseils. Il y a quelques jours, Léo m'a montré le collier qu'il avait trouvé chez lui. Je l'ai reconnu aussitôt. Il ne me faisait aucun doute qu'il appartenait à Anna. D'autant plus que je savais qu'elle avait perdu le sien. Il ne m'avait fallu que quelques secondes pour imaginer un plan qui ferait encore plus baisser Léo dans l'estime d'Anna. C'est moi qui lui ai conseillé d'offrir ce collier à l'un de ses pions en ajoutant de manière subtile qu'il était plus judicieux qu'il l'offre à Anna plutôt qu'à Amandine. Et cet idiot m'a écouté. S'il n'avait pas l'air aussi en colère contre moi, je pense que je me serais bien amusé à le narguer. Cependant, ce n'est pas dans mon intérêt de le faire pour le moment.... Je me moquerais plus amplement de lui quand il sera peut-être un peu plus calme. 

    "Vu la façon dont tu me parles, elle n'a pas aimé. 

    -Tu le savais ! Sale rat d'égout! Tu le savais que c'était le sien.

    -Hum... Peut-être."

    Je recule un peu car je sens qu'il n'est pas loin d'être près à me sauter dessus. Et je n'ai pas spécialement envie d'avoir un œil au beurre noir. 

    Je me félicite tout de même sur ce coup là. Je ne pensais pas que Léo serait autant en colère. 

    "Allons, allons, calme toi. De toute façon, Anna ne t'intéresse pas du tout. Alors peu importe ce qu'elle pense de toi.

    -Mais je veux quand même son bracelet et tu viens de me mettre des bâtons dans les roues! 

    Je hausse un sourcil. Il ne pensait tout de même pas que j'allais l'aider pour qu'Anna lui tombe comme une idiote dans les bras? Si c'est ce qu'il pensait, Léo me déçoit. Je le croyais plus malin. 

    -De toute façon, tu n'as pas besoin de moi pour qu'elle te déteste. Tu te débrouilles très bien pour cela tout seul. J'ai juste rajouté un peu plus d'huile sur le feu. Franchement, qu'est-ce que cela change pour toi? Absolument rien.

    -Attends qu'elle sache que c'était ton idée et on verra si tu souriras toujours autant. Tu l'apprécies mais si elle se met à te faire la tête, tu seras bien moins content de son petit coup.

    -Elle me pardonnera.

    Léo affiche alors un rictus moqueur sur son visage. 

    -Et tu crois qu'elle va te pardonner combien de temps encore toutes tes erreurs? Moi, elle ne peut peut-être pas m'encadrer mais toi, tu la déçois, Ethan. De plus en plus. Et un jour, il y aura une erreur de trop et tu la perdras.

    Je sens de la colère monter en moi. De quel droit me dit-il cela? Il pense qu'Anna me laissera tomber un jour? Jamais. Je sais que même si je fais des erreurs et que je ne corresponds plus à l'image qu'elle se faisait de moi, je serais toujours important pour elle. Elle ne me renieras pas. Simplement, est-ce que j'en suis bien sûr? Est-ce que la colère que je ressens n'est pas dû au fait que je sais, au fond, qu'il a raison? Il est possible qu'un jour, Anna en ait assez de mes erreurs et qu'elle ne me pardonne plus. Je me rend compte que l'amitié qui nous lie , en réalité, vacillante depuis qu'elle est dans le même lycée que moi. 

    Je ne vois Anna que le lendemain matin, pour l'emmener au lycée. Enfin, c'est ce que je pensais. Elle a pris le bus. Il est évident que Léo a mis sa menace à exécution, il s'est débrouillé pour qu'Anna sache que l'histoire du collier était mon idée. Lorsque, enfin, j'ai l'occasion de la voir, il est hors de question que je la laisse filer. Je regarde vers son cou pour apercevoir le collier. Elle l'a remis. 

    "J'ai trouvé un mot dans mon casier hier, Ethan. Est-ce que c'est vrai que tu as dit à Léo de m'offrir mon collier?

    Elle est en colère, je l'entends au son de sa voix.

    - Qu'est-ce que cela peut faire?

    Je tente d'esquiver de répondre à sa question car je suis inquiet de sa réaction. 

    -Tu savais qu'il m’appartenait.

    -J'ai fait cela pour te montrer que ce mec est une ordure.

    Elle garde le silence plusieurs secondes et me regarde d'une façon à ce que je culpabilise de mon acte. Effectivement, je regrette. J'ai un peu plus fissuré notre amitié. Combien de temps encore allons-nous nous considérer comme des amis? 

    -En le manipulant de la sorte tu ne vaux pas mieux que lui. Si tu le vois comme une ordure... Je te rassure, tu en es une aussi sur ce coup là."

    Anna aurait voulu me blesser, elle n'aurait pas pu mieux faire. Ses paroles me font l'effet d'une claque. Je suis une ordure à ses yeux... Je regrette vraiment ce que j'ai fait. Si je pouvais retourner en arrière, je gommerais cette erreur ainsi que toutes celles que j'ai pu faire avec elle. Cependant, j'ai encore l'intuition qu'elle me pardonnera pour cette fois-ci.

    Point de vue de Carolina:

    Vivre chez les Soltine n'est pas quelque chose de tout repos. Leurs parents ont accepté que je vienne chez eux tant que les sanglier n'ont pas été chassé de mon jardin. Afin que leurs parents acceptent, Byron m'a fait passer pour une amie de sa soeur. Jenny Soltine est une personne que je considérais comme calme. Il faut croire qu'elle l'est mais pas avec son frère. Je n'avais jamais vu avant hier soir, deux personnes autant se crier dessus pour n'importe quel prétexte. C'est deux-là m'ont épuisée. 

    Je savais Byron assez collant mais je n'aurais pas pu dire à quel point jusqu'à ce que je vienne chez lui. Il ne voulait pas me lâcher ne serait-ce qu'une seconde. J'ai bien cru qu'il allait me suivre dans la salle de bain que je voulais prendre une douche. Heureusement que sa sœur était là. Jenny a passé son temps à lui lancer des pics. Dès qu'elle le faisait, je m'éclipsais en douce pour profiter d'un peu de solitude.

    Combien de temps je vais rester chez eux? Très peu j'espère car je ne tiendrais pas bien longtemps avec les jumeaux. Ce sont deux bombes à retardement quand ils sont dans la même pièce. Ils n'ont presque aucune communication entre eux. Je pense que c'est ce qui cause le fait qu'ils s'entendent aussi mal.

    Alors que je suis seule, avec Jenny, celle-ci me demande de l'aider à jouer un sale tour à son frère. Je la regarde, un peu surprise. 

    "Je croyais que tu voulais mieux t'entendre avec lui.

    -C'est le cas. Mais je n'arrive pas à être gentille avec Byron. 

    Je soupire.

    -Et tu crois qu'en lui faisant des farces, les choses vont s'arranger? 

    J'apprécie Jenny. C'est une fille bien. Elle ne se prend pas la tête. Mais elle se comporte n'importe comment avec son frère. J'ai bien vu qu'elle voulait renouer leur lien mais, pour le moment, c'est impossible. Dès que Byron lui parle, elle se ferme et utilise, pour lui répondre, un ton un peu agressif. 

    -Laisse-moi te donner un conseil: parle mieux à Byron. Ce sera déjà un bon début. 

    Je pense qu'elle ne s'attendait pas à ce que je lui réponde cela. Elle baisse le regard. Je suppose qu'elle est consciente de son comportement avec Byron mais qu'elle n'arrive, tout simplement, pas à le changer. 

    -Au lieu de vouloir le mettre encore plus en colère, tu devrais essayer d'avoir une conversation normal avec lui."

    Jenny est pleine de bonnes intentions. Je ne sais pas exactement ce qu'il s'est passé entre eux. Mais ce que j'ai pu observer, c'est que Jenny s'y prend mal pour renouer les liens. Elle me sourit en me promettant qu'elle essaierait. 

    Étrangement, la soirée se passe mieux que la précédente. Jenny fait des efforts pour mieux parler à Byron. Il faut croire que ce que je lui ai dit l'a décidé à bouger. 

    "Ronron, on regarde quoi ce soir  à la télé? demande Jenny.

    Ronron? Je ne tarde pas à comprendre que le fameux Ronron est Byron. Celui-ci semble un peu embarrassé par l’appellation que sa sœur a utilisé. 

    -Ne m'appelle pas comme ça! C'était quand on été des gamins. 

    Il soupire. Je suppose qu'il ne comprend pas pourquoi elle utilise ce surnom, plutôt affectueux, envers lui. 

    -Tu veux me mettre la honte devant mon pion? Trouve donc mieux.

    Aïe... Il n'a pas comprit ce que sa soeur venait de tenter de faire. Il enchaîne:

    -Et puis, je ne regarde pas la télé avec vous, Léo vient, ce soir."

    Il part s'isoler dans sa chambre en attendant que son pote arrive. Je fronce les sourcils. Que vient faire Léo à une telle heure chez eux? Devant mon air interrogatif, Jenny m'explique un peu la situation dans laquelle se trouve Léo. Je suis un peu étonnée. Je pensais que ce joueur était un mec pourri gâté qui faisait ce jeu juste par caprice. 

    Alors que nous sommes toutes les deux dans la chambre de Jenny, je remarque qu'elle n'a pas l'air bien. Je suppose que c'est à cause du fait que Byron ait mal pris qu'elle l'appelle "Ronron". 

    "Au moins, tu as essayé...

    -Tu parles. Il l'a mal pris. Il est stupide de ne pas comprendre! "

    Je la regarde d'une manière compatissante. J'aurais vraiment aimé que Byron comprenne l'effort qu'elle a voulu faire pour lui. Renouer un lien fissuré par le temps n'est pas une chose aisée. Les efforts fournis sont loin d'être tous récompensés. Byron est stupide de ne pas voir plus loin que son bout de nez. 

    C'est pour cette raison que je propose à Jenny d'aller parler à son frère. Je vois l'espoir dans son regard lorsque je lui propose cela. Bien évidemment, elle ne refuse pas mon aide. Je la laisse donc et je vais toquer à la porte de la chambre de son frère.

    "Dégage, Jenny! me répondent en coeur les voix de Léo et Byron. 

    -C'est Carolina, abrutis. 

    Plusieurs secondes s'écoulent avant que Byron ne vienne m'ouvrir. 

    -Désolé, on croyait que...

    Je le coupe:

    -Que  c'était Jenny, oui, j'ai entendu. Je peux te parler?

    -Oui. 

    Je jette un coup d’œil en direction de Léo avant d'ajouter:

    -En privé."

    Byron regarde l'autre joueur que hoche la tête et sort de la chambre en disant qu'il va se chercher des chips. Je me retrouve donc seule avec Byron qui ferme la porte derrière moi. Il ne doit pas s'attendre à ce que je lui parle de Jenny. 

    Il s'assoit sur son lit et me fait signe d'en faire autant. Je fais donc de même. Léo dort dans sa chambre ce soir. Il y a un matelas avec un sac de couchage par terre. 

    "Tu sais que tu fais du mal à Jenny?

    Il écarquille les yeux. 

    -Et... alors? En quoi cela te regarde?

    -En pas grand chose. On est... pote? Et ça me fait un peu de peine de voir à quel point toi et Jenny êtes malheureux.

    -Qu'est-ce que tu sais d'elle et moi?! 

    Il me semble assez énervé. Jenny n'est pas un sujet simple à aborder avec lui. Et j'en suis pleinement consciente. Je dois faire attention à chaque mot que j'emplois. 

    -Pas grand chose. Mais écoute-moi, Byron, Jenny souffre tellement.

    -C'est elle qui t’envoie? 

    -Non. J'ai pris moi-même la décision de venir t'en parler puisque tu ne l'écoutes pas. Quand elle t'a appelé par ton vieux surnom tout à l'heure, ce n'était pas pour te ridiculiser. Elle voulait juste te montrer un peu d'affection."

    Il ne répond pas. Son regard est dans le vide. Je suppose qu'il réfléchit. Est-ce que mes mots l'ont atteint? Je me lève. Je n'ai rien d'autre à lui dire. Cependant, Byron me retient par en m'attrapant le bras. Il se lève à son tour et m'enlace sans prononcer un mot. Je ne saisis pas bien d'où lui vient cet élan d'affection mais ce n'est qu'un enlacement... Alors, en sentant qu'il en a besoin, je l'enlace moi aussi. 

    Nous restons ainsi plusieurs secondes jusqu'à ce que Léo frappe à la porte pour nous demander si nous avons terminé de parler. Byron cesse de m'enlacer pour lui dire qu'il peut entrer. Je les laisse alors tous les deux et je retourne voir Jenny. Celle-ci s'empresse de m'interroger et je lui raconte exactement ce que j'ai dit à son frère jumeau. Elle me parait se détendre et être, peut-être, un peu plus optimiste. 

    Afin ne de pas remuer le couteau dans la plaie, elle me demande ce que j'ai prévu pour les vacances d'hiver. 

    "Juste de voir de la famille, et toi?

    -Manger, dormir, manger, et éviter de trop grossir avec tous les repas de fêtes."

    Elle a retrouvé le sourire. C'est le principal. 

    Point de vue d'Anna:

    Jenny est chaque jour de plus en plus joyeuse. Elle arrive enfin à avoir de vraies conversations avec son frère et cela semble la remplir de bonheur. Tant mieux pour elle. Je suis sincèrement ravie qu'elle s'entende mieux avec Byron. Et quelque chose me dit que le fait que Carolina ait cohabité avec eux y est pour quelque chose. D'ailleurs, elle ne vit plus chez eux. Les sangliers ont été chassé de son jardin et elle a pu retourner vivre chez elle. Jenny et elle sont devenues de bonnes copines. 

    Je n'aimerais pas être à la place de Byron. Carolina est toujours l'un de ses pions. Il est dans une situation délicate. D'un côté, il a sa place de joueur. Carolina est sa cible et il est évident qu'il continuera à vouloir gagner les virginity games. Et de l'autre côté, il y a Jenny. Il vient tout juste de renouer des liens avec sa soeur. S'il venait à continuer de vouloir prendre le bracelet de Carolina, il pourrait de nouveau perdre Jenny. Je ne sais pas s'il s'en rend compte.

    Les jours, les semaines s'écoulent bien vite. Et les vacances arrivent à grands pas. Je continue de parler à Ethan, malgré l'histoire du collier. Si Jenny et Byron sont de plus en plus proches, Ethan et moi, nous nous éloignons. J'ai du mal à accepter le fait qu'il ait manipulé Léo pour qu'il baisse dans mon estime. Je connais assez mal le côté fourbe d'Ethan et je trouve cela assez inquiétant. Quant à Léo, nous nous parlons simplement comme des camarades de classe. C'est-à-dire que nous nous saluons simplement de temps en temps. 


    votre commentaire
  • Point de vue d'Anna:

    C'est déjà les vacances d'hiver, la période des fêtes. Comme chaque année, je pars avec mes parents en montagne durant une semaine. Mathilda, Jenny et moi, nous nous sommes promis de nous envoyer des messages pendant les vacances. 

    Et puis, le 31, pour la nouvelle année, nous nous retrouvons car Ethan organise une fête. Mais ce n'est pas une grosse fête comme celles que j'ai déjà vu chez Nathan et Léo. Celle-ci est plus privée, selon les dire d'Ethan. Il ne m'a pas vraiment dit qui serait invité mais je sais que mes amies et moi nous faisons parties de sa liste. C'est lui-même qui me l'a dit. 

    Je vérifie une dernière fois que mes bagages sont prêtes avant que mon père ne les charge dans le coffre. Nous partons skier depuis des années pendant la semaine de Noël. C'est devenu une sorte de tradition. D'habitude, je pars uniquement avec mes parents mais cette année, je vais passer mes vacances avec ma cousine, Emma, mon oncle et ma tante. Je les vois assez peu souvent alors je suis plutôt contente de passer Noël avec eux malgré le fait que je ne m'entends pas très bien avec ma cousine. Enfin, cela dépend des occasions. Emma est une fille très sûre d'elle qui sous ses airs adorables, se débrouille toujours pour obtenir ce qu'elle souhaite.

    Le trajet passe assez vite. En même temps, j'ai dormi la plupart du temps. Puis, j'avais regardé un film. Nous sommes à présent en train de monter vers la station, dans la montagne. La route est entourée de neige mais les flocons ne tombent pas du ciel. Nous avons de la chance, je suppose qu'il ne sera peut-être pas la peine de sortir les chaînes. La route n'est pas non plus verglacée. Il a même l'air de faire plutôt doux dehors. 

    Je pense que les paysages qu'offrent les montagnes sont les plus beaux. Ils ont un charme qu'on ne peut pas retrouver ailleurs. C'est dépaysant. 

    Nous arrivons enfin à la station. La neige vient tout juste de commencer à tomber. De petits flocons tombent doucement. Il faut maintenant décharger les bagages. Cette année, comme nous sommes assez nombreux, mes parents, mon oncle et ma tante ont loué un chalet qui se trouve dans le coeur de la station, dans une sorte de petit village de chalets. 

    Ma cousine et ses parents sont déjà là. Je vais partager ma chambre avec Emma. Cette idée me ravit assez peu. Mon oncle et ma tante me font la bise et elle aussi. Elle met aussitôt ses écouteurs sur ses oreilles et nous ignorent. Emma a deux ans de moins que moi. Elle est assez grande, des cheveux d'un blond éclatant qui lui arrivent aux épaules et des yeux d'un marron très clair cernés par une paire de lunette. 

     Je ressors du chalet pour aller défaire le reste des bagages restées dans la voiture. La neige tombe un peu plus fort. Et, alors que je retourne vers le chalet, je vois une personne qui me semble familière au loin. Je n'ai pas le temps de l'interpeller pour m'en assurer et puis, je ne suis pas sûre de moi. Cependant, il me semble bien avoir vu Ross et sa chevelure rousse flamboyante. Je me suis probablement trompée. Il y a peu de chance qu'il soit ici. Ce serait vraiment une drôle de coïncidence.

    Lorsque je vais dans la chambre que je partage avec Emma, celle-ci a déjà étalé ses affaires un peu partout. Je me demande bien où je vais pouvoir mettre les miennes. Elle sait pourtant que cette chambre, nous sommes censées la partager. Je ne sais pas où elle est. Je me permets de pousser quelque unes de ses affaires afin de pouvoir loger les miennes. Je prend un peu de temps pour m'installer. 

    Puis, mes parents m'appellent pour aller faire un petit tour des installations de la station. Il faut bien se dégourdir un peu les jambes après avoir passée autant de temps en voiture. Mon oncle et ma tante viennent aussi avec nous. 

    Au coeur de la station, il y a une sorte de grande salle par laquelle on peut atteindre l’office de tourisme. Dans la salle, il y a de nombreux bancs sur lesquels s'asseoir ainsi que des panneaux présentant les activités possibles lors des séjours. Et c'est surtout à cet endroit que nous retrouvons Emma. Elle est assise sur un banc. Cet endroit est aussi le seul point d'accès à la wifi de la station. Elle est donc sur son portable.

    "Pourquoi ne vas-tu pas la rejoindre? me demande ma mère. 

    -Je ne savais pas qu'elle était ici."

    Bien que le fait d'aller la voir ne m'intéresse pas du tout. Elle risque de m'ignorer de toute façon mais devant le regard que me lance ma mère, je décide de faire l'effort de rejoindre Emma. Entre temps, nos parents sont déjà partis plus loin. Probablement pour finir leur tour à pieds. 

    Evidemment, comme je m'y attendais, Emma ne me calcule absolument pas. 

    "Salut... Emma.

    Elle enlève un écouteur de son oreille. 

    -Tu me parles?

    -J'ai tenté en tout cas.

    Elle hausse les épaules. Tout chez elle respire le mépris. Il faudra qu'un jour je me penche sur la question car je ne sais pas d'où vient le fait qu'elle ne me supporte pas. C'est sûrement un comportement naturel chez elle. De ce fait, je suis ravie de ne pas être obligée de la côtoyer tous les jours. 

    -Comme toujours, on a rien à se dire, alors va voir les parents et laisse-moi."

    Tant de douceur en ma cousine.... J'aurais été ravie de partir mais je ne sais pas où sont parents et mon portable est resté dans ma chambre. 

    Tout à coup, quelqu'un derrière moi m'appelle par mon prénom.

    "Anna?

    Je me retourne pour faire face à une tête rousse. Enfin, non, pas une mais deux. Deux garçons qui se ressemblent pas mal. Dont l'un est Ross. Je n'avais pas rêvé. C'était bien lui que j'avais vu en déchargeant la voiture. 

    -Pour une surprise, c'est une surprise, me sourit-il.

    -Effectivement.

    Je lui rend son sourire. Emma a relevé la tête. Elle semble intéressée par le fait que je discute avec deux garçons qu'elle ne connait pas. J'ai envie de soupirer. Elle est exaspérante. 

    -Vous vous connaissez ? demande le garçon roux à côté de Ross.

    -Oui. Anna est une connaissance. Elle habite dans la même ville que nous. Anna, voici... mon grand frère, Ron.

    Ron me sourit et son regard s'arrête sur mon poignet et plus précisément sur mon bracelet. 

    -Enchanté, finit-il par dire. 

    Je ne sais pas exactement pourquoi mais je sais comme une atmosphère de gêne qui vient de s'installer. Ross ne semble pas du tout à l'aise et son frère me paraît étrangement joyeux. C'est Emma qui casse toute cette drôle d'ambiance.

    -Tu ne me présentes même pas, Anna? ronronne-t-elle. 

    -Oh... si, si.... Voici Ross et Ron. Euh.. ma cousine, Emma."

    Emma leur fait les yeux doux. J'ai du mal à la reconnaître. Est-ce vraiment la cousine qui est si désagréable avec moi?  Le plus comique, c'est qu'elle dévore Ross des yeux. Si elle savait... 

    Du coup, Ross et Ron restent avec nous. Ils sont là pour la semaine, exactement comme nous. C'est tout de même un bien étrange hasard que je croise Ross dans un endroit aussi loin de notre ville. Mais, je suis contente. C'est assez cool de savoir qu'il sera là toute la semaine. 

    J'apprend que Ron est aussi en terminal mais dans le même lycée que son frère, ce qui est assez logique en soi. Il est incroyablement souriant. C'est fou comme les deux frères respirent la joie de vivre. Ron nous propose de skier tous les quatre durant la semaine. Je n'ai ni le temps d'accepter ou de refuser, qu'Emma s'empresse d'accepter pour nous. Elle en profite d'ailleurs pour prendre le numéro des deux garçons. Ils nous laissent ensuite car leurs parents les appellent pour qu'ils viennent manger. Nous rentrons nous aussi, du coup. 

    Le soir, alors que je retrouve mon portable que j'avais posé sur mon lit, je remarque que j'ai un message de Ross. Je ne me souviens pas avoir pris son numéro. Peut-être l'a-t-il demandé à Nathan? J'ouvre donc son message. Dedans, Ross me dit de ne pas trop me fier à Ron. Je fronce les sourcils, ne comprenant pas exactement où il veut en venir avec cette mise en garde. Je lui demanderais plus tard. 

    J'ai également un second message dont l'émetteur est plus surprenant. Il s'agit de Léo. Je suis étonnée pour le coup. Depuis l'histoire de mon collier, que je porte d'ailleurs autour du cou, nous ne nous sommes pas vraiment parler. Principalement car je me débrouillais pour éviter toute discussion avec lui. J'ai plus tendance à fuir tous les problèmes que de les affronter. La simplicité est un chemin moins cabossée. 

    "Si tu pardonnes Ethan, tu peux bien aussi le faire pour moi."

    Je regarde quelques secondes le message, hésitant à lui répondre. Finalement, je me décide à lui répondre que je verrais. Je reçois presque aussitôt une réponse de sa part. Il me dit, dans son message, qu'il compte bien me prouver qu'il peut être autre chose qu'un menteur lors de la fête du nouvelle an. Ainsi, il fait parti des invités d'Ethan. Je ne suis pas tellement étonnée. C'était tout à fait prévisible.

    Le lendemain, je suis réveillée par une Emma assez en colère que je me permette de faire la grasse matinée. Elle me reproche de ne pas être prête pour aller skier avec les deux frères roux. Selon elle, ils sont déjà sur les pistes.

    "Comment le sais-tu?" je lui demande.

    Elle me montre juste son portable en me criant dessus afin que je me dépêche un peu plus. Je lui rétorque qu'elle n'avait qu'à y aller sans moi. Emma soupira. Elle me dit que c'est impossible car c'est moi qui connait Ross alors  si jamais elle y allée seule, cela ferait trop la fille intéressée. 

    "Emma, je crois que..."

    Elle ne me laisse pas finir ma phrase et m'ordonne de m'habiller le plus vite possible. Je voulais simplement la prévenir que Ross n'était pas attiré par les filles et qu'il avait déjà quelqu'un dans son coeur. Mais si elle ne veut pas me laisser parler, tant pis. Elle s'en rendra bien compte par elle-même.

    Assez peu de temps après, nous voici sur les pistes. Je sais que ma cousine n'est pas une grande skieuse. Elle n'a pas l'habitude de dévaler les pistes. Mon cas est différent. Je pars chaque année à la montagne, le ski, c'est un peu comme le vélo, une fois qu'on sait en faire, cela revient de manière mécanique même après longtemps. Emma ne cesse pas de pianoter des messages pour savoir où se trouvent exactement Ross et Ron.

    Nous finissons tout naturellement par les rejoindre. Je ne sais pas si Emma sera capable de les suivre. Moi, je pense que je pourrais me débrouiller mais pas elle. 

    "On se fait une petite bleue? propose Ron avec enthousiasme.

    Ross semble d'accord avec son grand frère et je ne vois aucun inconvénient. Les pistes bleues sont un peu plus dures et plus longues, en générale, que les vertes. Puis, après les bleues, il y a les rouges. J'en ai fait quelques fois mais, n'étant pas amatrice de sensation, je n'en suis pas une fan. Et enfin, il y a les pistes noires. Celles-ci, je ne me risquerais pas à y aller. 

    Cependant, je ne suis pas sûre qu'Emma puisse nous suivre vu son niveau. Cependant, il semble qu'elle ait pensé à tout, apparemment.

    -Je ne suis qu'une débutante, vous savez... Si tu veux faire cette piste, Ron, tu n'as qu'à y aller avec Anna, Ron, dit-elle avec un grand sourire. Ross n'a qu'à rester avec moi et me montrer comment mieux skier."

    Ron hausse les épaules. Il s'en fiche un peu. Ross, lui, n'ose pas refuser. J'en veux à Emma. Elle se sert de moi et de Ron pour tenter de passer un peu de temps seule avec Ross. Et, lui, trop gentil, ne le lui refuse pas. Je pense que si Nathan était là, il fusillerait ma cousine du regard. Ross me lance un regard désespéré mais je n'ai aucune idée pour le sortir du petit jeu d'Emma. 

    Au final, je me retrouve à skier seul avec Ron que je ne connais pas. Cela n'a pas l'air de le déranger. Il me pose pleins de questions pendant que nous sommes dans le télésiège. Il est vraiment sympathique. Tout autant de son frère. 

    "Ta cousine a des vues sur mon frère, non? 

    -C'est... probable, oui.

    Je ne parle pas du fait que Ross soit homosexuel. Je ne sais pas s'il l'a dit ou non à son frère et je ne veux pas créer d'histoires.  Ron me sourit.

    -Vu ton air gêné, je suppose que tu sais que mon frère n'est pas intéressé par les filles, contrairement à moi. En revanche, ta cousine ne le sait pas.

    -J'ai essayé de lui dire, mais elle ne m'en a pas laisser le temps."

    Ron me rassure. Si elle tente de l'embrasser et d'être un peu trop proche, il me dit que Ross n'hésitera pas à mettre de la distance entre eux. Ron me demande ensuite si je connais son copain. 

    "Nathan? Euh.. oui, il est dans mon lycée. 

    Il plisse un peu les yeux. 

    -Greylick?"

    Je hoche la tête. Ainsi, il ne savait avec qui sortait son frère et il semble connaître Nathan. Cependant, à l'expression de son visage, je vois que quelque chose ne va pas. Il me parait surpris. 

    Plus tard, nous retrouvons Emma et ce pauvre Ross qui voit en nous ses sauveurs. Il nous remercie du regard. Je ne peux pas m'empêcher d'avoir un sourire amusée en voyant sa réaction. Emma semble enchantée du moment qu'elle a passé. 

    Le schéma de ce jour se répète de manière assez répétitif les jours suivants. Emma, dès qu'elle le peut, se met à coller Ross qui semble ne vouloir qu'une chose: la fuir. Du coup, je me retrouve à passer pas mal de temps avec Ron. C'est un garçon bien. Il est drôle, gentil, encourageant... Je découvre une nouvelle qualité chez lui dès que je lui parle. 

    Afin de fêter le soir du réveillon de manière conviviale, la station organise un bal populaire. Mes parents, mon oncle, ma tante, Emma et moi, nous y allons de même que la famille de Ross et Ron. Je vois Emma se préparait pendant un long moment. 

    "Qu'est-ce qui pourrait plaire à Ross? Tu le sais, Anna?

    -Je pense surtout que tu te prends trop la tête, je soupire.

    Elle se met à râler.

    -Ce n'est pas comme ça que tu vas réussir à séduire un jour un mec, cousine! Faut faire des efforts parfois. Regarde-moi. J'en ai fait toute la semaine et ce soir, je compte bien danser avec Ross et l'embrasser."

    Elle affiche un sourire stupide sur son visage de poupée. Si elle crois que Ross va l'embrasser.... Mon portable sonne à ce moment-là, me signalant un message. Il est de la part de Ross, justement. 

    "J'ai pas envie qu'il t'arrive des soucis et que tu sois triste. Et Nathan non plus. Ne prends pas toutes les paroles de mon frère pour argent comptant. Tu es loin de bien le connaître."

    Je me demande à quoi rime ce message. Je lui répond en l'interrogeant sur son drôle de message. Il ne me répond pas, ce qui m'inquiète un peu. Ross me demande de me méfier de son frère. Le problème, c'est que je vois pas vraiment pas de quoi je dois me méfier. Mais je suppose que Ross ne me dit pas cela juste pour rire. C'est vrai que maintenant que j'y repense, Ross était plutôt distant avec son frère. Il y a anguille sous roche et je n'aime pas du tout cela. 

    Plus tard dans la soirée, nous arrivons dans la salle où se tient le bal populaire. Il y a déjà un peu de monde mais Emma n'a aucun mal à repérer les frères. Elle m'entraîne vers eux sans me laisser le choix. Aussitôt, ma cousine se met à coller Ross. 

    Des musiques de diverses époques musicales passent afin de satisfaire tout le monde. Je dois bien avouer que je m'amuse quand même. L'ambiance est conviviale. Et puis, il n'y a pas cette même pression omniprésente que lors de fêtes où étaient les joueurs. 

    Et puis, à un moment, à la fin de la soirée, les musiques endiablés et rythmées laisse place à un slow. Emma s'empresse de chercher Ross qui a réussi à lui échapper au cours de la soirée. Ron me regarde. 

    "On danse?"

    Je rougis un peu et j'accepte. J'ai beau cherché, je ne trouve, pour le moment, aucun défaut digne de ce nom chez Ron. Il a vraiment tout pour plaire à n'importe qui. Et j'ai du mal à croire qu'il danse avec moi. J'ai mes mains autour de sa nuque et, lui, les siennes, autour de ma taille. Nous tournons lentement sur nous-même pendant toute la musique. A la fin, alors que je m'écarte de lui, Ron continue de me tenir, approchant sa tête de la mienne. Un instant, je crois qu'il va m'embrasser et mon coeur fait des bons dans ma poitrine mais je ne le saurais jamais. Ross tapote sur l'épaule de son frère, le coupant dans son geste.

    "Je t'interrompt? demande-t-il sur un ton innocent. 

    -Qu'est-ce que tu veux? 

    -Les parents viennent de rentrer, je voulais juste te prévenir."

    Le temps de ces paroles, Ron et moi, nous nous sommes éloignés. Il ne revient pas vers moi le reste de la soirée. Ross me prend à part avant que je ne rentre avec Emma.

    "Anna, tu n'as pas lu mon message?

    -Si. Mais je n'ai pas compris. Ron est tellement gentil... 

    Il soupire. 

    -Il t'aurait sûrement embrasser si je n'étais pas intervenu. 

    Je me met de nouveau à rougir.

    -Anna, écoute-moi bien, n'avale pas aveuglément les paroles de mon frère. Il y a tellement de choses que tu ne sais pas sur lui...

    -Tu me mets en garde sans me donner d'explications! Soit plus précis dans ce cas! 

    Ross prend ma main et désigne le bracelet de Léo.

    -Il a bien vu que tu faisais parti des pions de ton lycée. Ron connaît Léo, Nathan, Byron et Ethan et il ne les supporte pas. 

    -Je ne vois pas où tu veux en venir.

    -Dans mon lycée aussi, il y a des virginity games. Et Ron est un des joueurs."


    votre commentaire
  • Point de vue d'Anna:

    Je suis revenue depuis plusieurs jours de mes vacances à la montagne. Les paroles de Ross m'ont fait un choc. Je me suis sentie prise pour une idiote. Il a bien vu mon bracelet. Quand il était sympathique avec moi, était-ce vraiment sincère? Ou était-il exactement comme Léo, un  manipulateur? J'aurais aimé que Ross me prévienne plus tôt. Malgré le fait que je me doute que Ron n'était pas du tout sincère, je ne peux pas m'empêcher de l'espérer. 

    Point de vue d'Ethan:

    Depuis qu'Anna était revenue de son séjour à la montagne, j'avais pu la voir. Et je la trouve un peu étrange. Elle m'a raconté ses vacances mais j'ai l'impression qu'elle ne m'a pas tout dit. Enfin, bon, si elle ne veut pas m'en parler, elle doit avoir ses raisons. 

    Ce soir, nous fêtons le nouvel an. Du coup, je suis en train de préparer la maison. Tous les objets de valeurs et fragiles, je les place en hauteur. S'il y a des débordements, je ne veux pas prendre le risque que quelque chose soit cassé. Anna a proposé de m'aider. Elle fait des cookies tandis que je vérifie que tout marche niveau musique. On sera moins qu'à la fête de Nathan mais on sera quand même nombreux. Je ne sais pas ce qui a pris à Anna de vouloir faire des cookies.  

    Je regarde la liste des personnes que j'ai invité. Bien sûr, il y les autres joueurs, les pions et les apprentis. Puis,il y aussi d'autres personnes  qu'on apprécie en général. J'ai aussi invité les joueurs d'un autre lycée. Et oui, nous ne sommes pas les seuls à jouer à ce jeu. Bien entendu, j'ai aussi dû inviter leurs pions... Disons que je les ai invité plus par politesse que par sincère amitié. Les relations sont assez tendus entre eux et nous car il y a eu quelques vols de pions l'an dernier. Un des pions de Byron s'était lamentablement laissée séduite par un joueur de ce lycée, Ron. Je crois que dans le lot, c'est lui que je peux le moins supporter. Il est encore plus sournois que n'importe lequel d'entre nous avec les filles. 

    "Tu t'en sors, Anna? je lui demande. 

    -Oui, oui! me répond-t-elle de la cuisine. J'ai même terminé."

    Elle vient me rejoindre dans le salon pour m'aider à ranger tous les objets fragiles. Une fois que nous avons fini, Anna rentre chez elle pour aller se préparer. Je la regarde partir en souriant. Il me semble qu'elle est plutôt contente de venir ce soir. Je pensais que cela la bloquerait de savoir que les joueurs seraient là. 

    Anna revient un peu plus tard, nous ne sommes encore que tous les deux. Je la regarde. Elle est vraiment mignonne. Dans sa petite robe bordeaux,  elle me fait penser à une petite cerise. Je la fixe quelques instants.

    "Tu es ravissante, Anna. 

    -Merci", me sourit-elle.

    Je lui rend son sourire en voyant que mon compliment lui fait sincèrement plaisir. 

    Puis, le premier invité arrive. Enfin, il s'agit d'une invitée, Mathilda. Elle serre Anna dans ses bras et les deux ont l'air tout à fait ravies de se revoir.

    "Et moi? Je n'ai pas le droit à un câlin ? 

    -Toi? Non, me grogne dessus mon pion.

    -Tu pourrais, pour te faire pardonner du lapin que tu m'as posé."

    Elle me rit au nez. En effet, il y a un petit moment, j'avais donné un rendez-vous à Mathilda. Je l'avais attendu une bonne heure et elle n'est jamais venue. J'ai totalement perdu mon temps. Nous sommes encore plus en froid depuis. Je l'entend soupirer.

    "Ethan, tu es encore bloqué là-dessus?

    -Je t'ai attendu une heure dans le froid! T'aurais au moins pu m'envoyer un message.

    Elle sourit d'un air fier, ce qui me fait grincer des dents. Anna nous regarde en silence. Elle n'a ni l'air au courant et n'a ni l'envie de se mêler à la conversation, je suppose.  

    -C'était plus amusant de te savoir attendre bêtement."

    Franchement, cette fille a le don de me mettre hors de moi. Et j'aurais pu vraiment m'énerver contre elle si la sonnette n'avait pas retentit. Je vais accueillir les nouveaux invités arrivés. La maison se remplit vite et je perds bien vite de mon champ de vison Anna et Mathilda. 

    Point de vue d'Anna: 

    Je me rend compte que Ethan a invité pas mal de monde. Je pensais qu'on serait moins et pourtant il m'avait montré la liste des invités. Je ne m'en rendais juste pas compte. J'aperçois Carolina et Jenny un instant. Elles discutent ensemble. Elles s'entendent vraiment bien depuis que Carolina est venue chez les jumeaux. 

    Alors que je suis restée avec Mathilda, Léo arrive devant moi.

    "Salut.. Anna, je peux te parler?

    Je suis vraiment étonnée pour le coup. Je regarde Mathilda qui hausse discrètement les épaules avant de me faire signe d'accepter. Ce que je fais juste après. Dans mon dos, je sens le regard de Mathilda braqué sur nous tandis que nous nous éloignons. Léo et moi, nous nous rendons dans le garage d'Ethan. Il veut que nous soyons totalement seuls? Je me rend alors compte que si j'avais été dans cette même situation vers le début du jeu, j'aurais été angoissé de me trouver seule avec lui. Cependant, ce n'est plus le cas. Même si je reste méfiante, à présent, je n'ai plus autant peur de lui.

    -Qu'est-ce que tu voulais me dire?

    -Juste m'excuser pour cette histoire de collier.

    Il regarde d'ailleurs en direction de mon cou car je le porte. En remarquant que je garde le silence, il continue:

    -Cela te semble dégueulasse ce que j'ai fait? Peut-être. J'ai réfléchi, et... Je me suis rendu compte que cela avait été assez stupide de ma part de suivre les conseils d'Ethan."

    Ah oui... C'est vrai que celui qui avait donné cette "brillante" idée à Léo était Ethan... Ce détail m'avais presque échappé. Je regarde Léo. Il attend une réponse de ma part. Je ne sais pas quoi vraiment lui dire. Je suis encore blessée par cette manipulation qu'il a voulu exercée sur moi mais d'un autre côté, il a l'air vraiment sincère en s'excusant. J'ai déjà pu voir qu'il pu voir, rarement, qu'il était capable d'être comme tout le monde et qu'il n'avait pas un coeur de pierre comme je le pensais tout au début. Etant un être humain, il doit pouvoir ressentir du regret. 

    "N'essaye plus jamais de me prendre pour une idiote."

    Il sourit, comprenant que je le pardonne même si ce n'est pas dit clairement. Il me promet de ne plus le faire avec un sourire éclatant et aussi charmeur qu'il le peut. Cependant, je reste dubitative. Me méfier est la meilleure défense que j'ai contre lui ou les autres joueurs. Qu'est-ce que vaut véritablement une promesse sortie de la bouche d'un garçon aux intentions aussi malsaines que lui? Il devait probablement avoir l'habitude de faire des promesses sans les tenir. Les paroles ne sont qu'un instrument lui permettant d'arriver à ses fins. C'est peut-être un peu cruel de le résumer à une sorte de machine avec un fonctionnement mécanique bien rodé et surtout sournois. 

    Il n'avait rien d'autres à me dire alors, nous sortons du garage pour nous mêler à nouveau à la foule d'invités déjà en train de boire et de danser. Pour une fois, il est plutôt assez simple de se déplacer. Je suis à la recherche d'un visage familier. Mathilda? Ethan? Nathan? Sam? Je ne trouve personne à cause de la lumière tamisée qu'Ethan s'est débrouillé pour mettre. Et puis, enfin, je vois quelqu'un que je connais.

    "Ravi de te revoir, Anna. Comment vas-tu? sourit le garçon roux qui me fait fasse avec un verre de bière à la main.

    Je souris à mon tour.

    -Très bien, Ron, et toi?"

    Il me répond de manière affirmative. J'ai dû mal à croire qu'il est réellement tel que me l'a dépeint Ross, à la fin des vacances en montagne. Ron est tout le contraire de la personne qu'il m'a décrite. Je n'arrive pas à faire le lien entre celui que je connais depuis peu de temps et celui qu'il serait selon son frère. Et c'est assez perturbant, je dois bien l'admettre. 

    Il ne me quitte plus. Ron me parle de tous les sujets qui lui passent par la tête. Et le pire, c'est que je fais de même. Quand un sujet perd de son intérêt, l'un de nous deux enchaîne avec un autre. C'est assez rare que j'arrive à autant parler avec une personne que je connais si peu. D'habitude, il me faut du temps, beaucoup de temps pour arriver à tenir une conversation de manière naturelle sans réfléchir à chacun de mes mots. Parler avec Ron est différent. Il a cette façon d'être qui fait que vous êtes tout de suite à l'aise en sa présence. Il me fait rire à plusieurs reprise. Il finit son verre et le pose avant de me sourire.

    "Tu veux danser?"

    Vu que je ne danse pas très bien, et que je suis à peu près certaine que je bouge aussi bien qu'un balai, je refuse poliment. Si c'était Mathilda et Jenny qui m'avait posé la question, j'aurais accepté sans réfléchir, car me ridiculiser devant elles ne me gênaient pas plus que cela. Cependant... l'idée que Ron se moque de moi ne m'intéresse pas du tout. Ron n'a pas l'air déçu, au contraire, il continue de me sourire. La musique étant forte, il se penche depuis le début vers moi pour me parler. 

    "Dans ce cas, si on allait dans un coin plus calme pour continuer à parler? On évitera de se casser les cordes vocales.

    -Pourquoi pas", je lui répond en souriant. 

    Je lui propose d'aller dans le garage d'Ethan, la musique ne s'entend presque pas, il ne fait pas froid et c'est calme. Ron accepte aussitôt. Peut-être un peu trop vite d'ailleurs pour que cela soit tout à fait normal. Cependant, je ne remarque pas ce détail. C'est bien dommage. D'ailleurs, je ne vois pas non plus la silhouette qui nous observe se diriger vers le garage. 

    Ron referme la porte derrière nous. Il n'y a pas de clef, n'importe qui pourrait venir.

    "Tu as raison, on est vachement mieux ici.

    -Je connais la maison d'Ethan comme ma poche. 

    Il hausse un sourcil de surprise, se demandant probablement comment je pouvais connaître la maison d'Ethan par coeur. 

    -On est amis d'enfance. 

    Sa surprise fait place à une nouvelle expression. Moqueuse?

    -Un ami? demande-t-il. 

    Je hoche la tête. Il continue:

    -Un mec qui te laisse participer à ce jeu, je n'appelle pas cela un ami. Ethan n'est pas ton ami, sinon, il aurait dissuadé...

    Ron s'arrête quelques secondes de parler et il regarde le bracelet autour de mon poignet. Puis, il reprend la parole:

    -Léo, n'est-ce pas? Il aurait dissuadé Léo de te choisir."

    Je regarde à mon tour le bracelet autour de mon poignet. Est-ce qu'il n'essaye pas de me faire douter d'Ethan? Je regarde Ron. Quelque chose de différent émane de lui. Une facette de lui que je ne connaissais semble se révéler à moi. Et je sens que cette facette ne va pas me plaire du tout. 

    "Ne le juge pas.

    Même si je ne cautionne pas forcément tous les comportement d'Ethan, je n'aime pas qu'on le critique. Ron m'offre un grand sourire. 

    -Tu es loin de tout savoir sur lui, je sais certaines choses qui te sont caché car je me suis renseigné.

    Là, en revanche, il pique ma curiosité. Que pourrait-il savoir encore que je ne sais pas?

    -T'es bien pote avec la jumelle de Byron, non  ? sourit-il. 

    Avec un peu d’inquiétude, je répond que oui. Que vient faire Jenny dans cette histoire? Puis, avant qu'il ne parle, une lumière s'allume dans ma tête. Je crois que j'ai compris et j'espère sincèrement me tromper. 

    -Tu es sans doute au courant qu'elle faisait partie des pions et qu'elle a perdu? Devine quel joueur s'est amusé à lui briser le coeur?"

    C'était ce que je ne voulais pas entendre. Je traite d'ailleurs Ron de menteur. Il rit avant de me demander quel intérêt aurait-il donc à mentir? Ni Jenny ni Ethan ne me l'avait dit... Cette annonce me fait mal. Ethan a joué avec Jenny. Il lui a pris son bracelet. Il l'a séduite... et lui a sans doute fait du mal. J'aurais préféré qu'il me dise que celui qui avait pris le bracelet de Jenny était Léo. 

    "Tu vois, tu es loin de tout savoir sur Ethan. 

    J'ai l'envie immédiate d'aller trouver Ethan, ou Jenny, pour m'assurer que ceci est un mensonge.... même si moi-même, je n'y crois pas. 

    En me voyant me diriger vers la porte du garage pour regagner la maison, Ron me bloque le passage. 

    "Qu'est-ce que tu fais? je lui demande.

    Il sourit. 

    -Je veux ma récompense. 

    je le regarde en fronçant les sourcils. Que veut-il dire? 

    -Allons, tu ne crois tout de même pas que j'ai été tel que tu voulais que je sois avec toi pour que tu t'en aille maintenant? Sans que je n'ai rien obtenu? 

    -Qu'est-ce que tu veux dire?

    Je m'inquiète de plus en plus. 

    -Embrasse-moi. 

    Je recule d'un pas. Voyant mon refus évident, Ron semble agacé. Il attrape mes poignet et me plaque contre un mur.

    -J'ai été tout ce que tu attendais de moi, non? 

    -Tu me fais peur.. Lâche-moi!

    J'essaye de me défaire de son emprise mais plus je me débat, plus il serre ses poings et plus j'ai mal. 

    -Pourquoi tu fais ça?! je demande.

    Il rit. Différemment de tout à l'heure. Son rire à quelque chose d'ironique, de moqueur. 

    -Mon frère te l'a dit, non? Je suis un joueur. Si tu flirt un peu trop avec moi, tu seras viré des pions et les joueurs suivront les règles faisant de ta vie un petit enfer.

    -Je ne t'ai rien fait! Pourquoi?.... Pourquoi ferais-tu ça? 

    Je n'imaginais pas Ron comme cela. Toute l'image que je me faisais de lui s'est brisée en éclat. Je me rappelle des mises en gardes de Ross. J'aurais sérieusement dû l'écouter. 

    -Ce n'est pas personnellement pas contre toi. Mais volé un pion à Léo ou n'importe lequel des autres joueurs est vraiment tentant. Cependant, tu es agaçante. Je pensais t'embrasser à la montagne, mon frère m'a interrompu, je pensais ce soir, mais tu sembles trop coincée. Il ne me reste plus qu'à voler ce que je veux obtenir."

    Je suis vraiment mal à l'aise. Je le vois se rapprocher pour m'embrasser, alors que je ne veux pas du tout. Je ne veux pas! Je ne veux pas qu'il m'embrasse! Je ferme les yeux et j'entend la porte du garage s'ouvrir.

    Je n'ai pas le temps de voir exactement ce qu'il se passe. Tout se déroule très vite. Ron me lâche et s'écarte de moi en un bond, juste avant de finir au sol avec Léo. Les deux roulent en se frappant. 

     


    votre commentaire
  • Point de vue de Léo:

    Alors que je dansais tranquillement avec Amandine, j'ai été interrompu par Nathan. Je l'ai maudit intérieurement. Il l'a fait exprès, ce n'est pas possible autrement. 

    Ce soir, même si j'ai fait l'effort d'aller vers Anna, ma cible est Amandine. Je comptais bien prendre son bracelet ce soir. J'avais commencé à instauré un microclimat de jeu de séduction entre nous quand cet abruti a débarqué en me tirant pas le bras. Il avait intérêt à avoir une bonne excuse. Je croise les bras en le regardant sévèrement. Je n'ai même pas besoin de jouer la colère puisque je le suis vraiment. 

     "Qu'est-ce que tu veux, Nathan? T'as pas vu que tu me dérangeais là? je grogne.

    -Monsieur le tombeur pourra faire son joli cœur plus tard, me répond-t-il sur le même ton. 

    Je grince des dents. Toutes les conditions étaient réunies pour que je fasse craquer Amandine et que je m'empare de son bracelet ce soir, me faisant gagner un point de plus. 

    -Bon, accouche, qu'est-ce que tu veux?

    -Ton autre pion est parti s'isoler dans le garage d'Ethan avec Ron."

    Si j'étais déjà énervé, là, je le suis encore plus. C'est une blague? Je regarde Nathan qui est tout à fait sérieux. Anna est seule avec Ron?! Vraiment! Connaissant le personnage, je suis sûr qu'il a une idée malsaine derrière la tête. Ron est sûrement encore plus tordu que moi avec les filles. Il va, à tous les coups, tenter de me voler Anna, en l'embrassant, voir même plus, la rendant ainsi hors compétition. Les règles de notre jeu sont strictes là-dessus. Un pion n'a pas le droit de flirter avec un mec qui ne fait pas parti des joueurs. Techniquement, Ron est un joueur mais d'un autre lycée, alors cette règle ne s'applique pas à lui. Et cet enfoiré le sait pertinemment. Si Anna embrasse Ethan ou Nathan, par exemple, elle en a tout à fait le droit mais Ron, c'est un rapprochement qu'il lui est interdit. 

    Je pousse Nathan de mon chemin et me dirige vers le garage. Je ressens, étrangement, un peu de compassion pour elle. Et d'abord, d'où connait-elle Ron? A ma connaissance, il est improbable qu'elle l'ait déjà rencontré avant ce soir. Si elle se laisse séduire par un inconnu, franchement, j'aurais une estime très basse pour elle alors qu'elle refuse que je l'approche. Franchement, je le prendrais très mal si elle se laissait séduire bêtement pas Ron. Elle n'a aucune idée de la personne qu'il est. 

    Nathan me suit comme il peut en évitant de percuter les invités. J'atteints la porte du garage et l'ouvre aussitôt. Je n'allais quand même pas frapper? Si Ron et Anna font quelque chose dans ce garage, au moins, j'aurais la preuve en image. 

    Ma première vision se trouve être une Anna contre un mur avec un Ron un peu trop proche pour que ce soit amicale. Ce con était sur le point de l'embrasser. 

    En le voyant faire un bond en arrière, je ne peux pas m'empêcher de ressentir de la satisfaction. Je suis extrêmement ravi de lui avoir gâché son plan, quel qu’il soit! 

    Il n'empêche que je suis dans une fureur noire contre lui. De ce fait, je me suis jeté sur lui sans réfléchir. 

    Point de vue d'Anna:

    Léo et Ron se roulent sur le sol en se donnant des coups. J'ai malheureusement peur que cela finisse mal pour l'un d'eux. Cependant, je reste contre le mur car je suis incapable de les séparer. Je me dirige alors vers la sortie du garage afin d'appeler quelqu'un pour les séparer avant que cela ne dégénère encore plus. 

    Je n'ai même pas besoin d'aller chercher quelqu'un au final car je me retrouve nez à nez avec Nathan qui avait suivi Léo. Il m'écarte de son chemin et se précipite vers les deux garçons qui sont encore en train d'user de leurs forces. Nathan, avec un peu de mal tout de même, réussit finalement à éloigner Léo de Ron. Les deux continuant maintenant leur combat par une joute verbale, faisant voler des noms d'oiseaux grossiers. 

    "Dégage, Ron, dit froidement  Nathan. 

    Ce dernier s'essuie la bouche d'où se trouve une petite plait causée par Léo. Il regarde les deux joueurs en face de lui d'un air glacial avant de sourire. 

    -Je suis loin d'en avoir fini avec vous. 

    Il me regarde alors. Je sens de la haine dans ce regard qu'il me jette et j'en frissonne. Je n'ai vraiment plus la même image de lui qu'avant cette soirée. Je pensais sincèrement qu'il était quelqu'un de bien.

    -Je ne le répéterais pas une troisième fois, dégage."

    Sans un mot, Ron sort du garage.  Nathan lâche finalement Léo qui semble s'être un peu calmé. Il est un peu amoché tout de même. Nul doute qu'il aura quelques bleus en guise de souvenir. Je crois que je me suis remise du choque émotionnel vécu ces dernières minutes. 

     Nathan grogne.

    "Si j'avais su que tu réagirais de cette façon, j'aurais fermé ma bouche, moi. 

    -Non, tu as bien fait, lui rétorque sur un ton peu aimable Léo. 

    Il stoppe sa parole quelques instants avant de continuer:

    -J'aimerais quelques explications, Anna", m'ordonne-t-il en croisant les bras.

    Nathan se sent de trop et, voir même, indésirable, aux yeux de Léo. Il ne perd pas de temps pour s'échapper du garage en me lançant un regard désolé. De toute manière, s'il était resté, je suis certaine que Léo lui aurait fait la remarque de quitter la pièce. 

    Je n'ai pas spécialement envie de parler à Léo. J'aimerais juste être seule, ou, vérifier si les dires de Ron étaient vrais sur Jenny et Ethan.

    Je regarde en direction du sol en me triturant les doigts. Il me semble que Léo attend que je parle. Mais qu'est-ce que je pourrais bien lui dire? Je ne sais pas ce qu'il veut savoir exactement. Je fais déjà bien assez de gaffes sans en rajouter encore plus par mégarde. Je devrais, d'abord, sans doute, le remercier. Ron m'aurait très probablement embrasser sans l'intervention de Léo.

    "Merci. 

    Léo ne ignore totalement ce que je viens de dire. 

    -Qu'est-ce que tu faisais avec lui? grogne-t-il.

    -On parlait.

    Il rit amèrement. 

    -Ce n'est pas vraiment l'impression que vous donniez quand je suis entré. Je répète, Anna, que faisiez-vous?

    -Et moi, je te le répète, on parlait... jusqu'à ce qu'il décide de vouloir m'embrasser de force.

    Je grince des dents et parle presque en murmurant. En voyant la tête de Léo, je suppose immédiatement que ma réponse ne lui convient pas vraiment. Pourtant, c'est la vérité et je ne vais sûrement pas la changer pour faire plaisir à monsieur...

    -Et il l'a fait? s'empresse-t-il de me demander.

    -Non, je répond du tac au tac. 

    -Comment le connais-tu? 

    J'ai l'impression de subir un interrogatoire. 

    -Je l'ai rencontré pendant les vacances. Pourquoi toutes ces questions, Léo? Tu n'en as rien à faire, pas vrai?"

    Il n'est pas le seul à avoir le droit de poser des questions. Je sens encore mes jambes trembler un peu. Ron m'a vraiment fait peur. Ce n'est pas juste une histoire pour un baiser ou non qui m'a fait peur chez lui, c'est surtout la manière violente dont il a voulu user. Léo me regarde un long moment, ne répondant pas mais ne parlant pas non plus. Le silence qui s'installe commence à me gêner et je n'ai bientôt plus qu'une envie: celle de partir. Léo se décide cependant à rompre ce silence.

    "Je me demandais si une fille comme toi était réellement tombée dans les filets de ce crétin. Et puisque tu es mon pion, cela me concerne. Ton élimination causerait la perte d'un bracelet potentiel.

    -Une fille comme moi? 

    Je rougis un peu de honte car j'ai volontiers cru aux belles paroles et aux attentions que me portaient Ron sans vraiment penser qu'il avait des intentions bien plus sombres derrière sa gentillesse à mon égard. Effectivement, j'étais sous le charme de Ron et s'il ne s'était pas dévoilé tel qu'il est vraiment ce soir, je serais sûrement encore plus attirée par lui. Léo ramène encore tout au jeu. Je me sens prise pour un objet quand je l'entends parler et cela, en plus de m'agacer, me provoque une certaine peine. Il ne me voit que comme une étape afin de remporter une compétition pourtant, je ne suis pas qu'un pion. Je suis une personne avec de vraies sentiments et émotions. 

    -Intelligente.

     Est-ce que j'ai bien entendu? Léo vient bien de dire que je suis intelligente. Je le regarde, étonnée. 

    -Quoi? On dirait que tu viens de voir un extraterrestre. 

    -Vraiment?

    -Ouais, tu fais peur.

    -Non. Vraiment, tu me trouves intelligente?

    -Je trouvais. Vu ton comportement, je pensais que tu ne tomberais dans les bras du premier venu avec de belles paroles. S'il ne te faut que cela, moi aussi, je peux parler comme Ron. 

    J'ai l'impression de me prendre une claque. Il a entièrement raison. Je n'ai pas voulu tenir compte des avertissements de Ross car Ron était tellement agréable avec moi que je voulais croire qu'il m'appréciait réellement sans arrière pensée. 

    -Dans tous les cas, il me semble que je suis arrivé au bon moment, n'est-ce pas? me dit-il en esquissant un sourire.

    Léo, habituellement, physiquement parlant, est ce qu'on pourrait appeler un beau goss. Cependant, il a perdu de son panache en se battant. 

    -Il semblerait, oui.

    -Tu m'en dois une belle, non? 

    Je hoche la tête avec réticence. Bien sûr que je me sens redevable envers lui, maintenant. 

    -T'as quand même bien ruiné mes plans pour ce soir, grogne-t-il. 

    -Quels plans? 

    Je ne suis pas sûre qu'il me réponde mais autant poser la question. Il doit être bien contrarié vu sa tête. 

    -J'avais prévu de prendre un bracelet.

    Pourquoi cette annonce ne m'étonne-t-elle pas plus que cela? Au moins, j'aurais évité à une des filles de se faire avoir, apparemment... 

    -T'es fatigante. Rien ne se passe comme je l'ai prévu.  

    Je n'ai rien à lui répondre. Il n'était pas obligé de venir m'aider. Il aurait pu rester avec cette fille. D'ailleurs, je me demande bien qui c'était. Amandine sûrement puisque c'est son autre pion. Léo me demande tout à coup si je reste dormir chez Ethan. Je pourrais très bien rentrée chez moi du fait que j'habite juste en face. Mais il était effectivement prévu que je reste dormir ici. Il me regarde un court instant, semble réfléchir et sourit de toutes ses dents.

    -Tu ne vois donc aucune objection à dormir avec moi, ce soir? Vu les coups que je me suis pris pour toi, je ne te laisse pas le choix de refuser. 

    -Je vais sans doute rentrer chez moi plutôt. Je dormirais mieux.

    Il hausse les épaules.

    -Pas de soucis. C'est pas loin non plus."

    Il compte me suivre si je rentre chez moi ? Comme pour confirmer ma pensée, Léo me signale qu'il ne compte pas me lâcher d'une semelle de toute la soirée, soi-disant, pour me faire payer le fait d'avoir ruiné ses projets. Je pense que ce n'est pas juste une impression mais il l'a très mal pris le fait que j'ai détruit son plan.

    "Tu n'étais pas obligé de venir m'aider. Tu aurais pu rester avec elle alors ne me reproche rien. 

    -J'avais encore moins envie que tu te fasses avoir, je suppose."

    C'est étrange mais il a l'air de réfléchir lui-même à son comportement. Rien ne poussé à venir pour chasser Ron de toute manière. Il a agi sur un coup de tête. Chose qu'il vient, apparemment, à peine de comprendre. 

    Cependant, Léo réitère le fait qu'il compte bien rester avec moi, pour me surveiller. Il ne me laisse pas le choix. De toute façon, même si je refuse, il me suivra, ce sont ses propres mots. 

    Il me propose alors de sortir du garage pour retourner à la soirée, la nouvelle année approchant. Je n'ai pas vraiment envie de faire la fête. Déjà parce que je me sens trahie par Ron et que c'est assez difficile à avaler et deuxièmement, car je pense à Jenny et Ethan. 


    votre commentaire


    Suivre le flux RSS des articles de cette rubrique
    Suivre le flux RSS des commentaires de cette rubrique